L’asexualité concernerait 1% de la population mondiale (selon une étude datant de 2004) et amène à tout un tas de questions.
J’ai demandé à des lecteurs et lectrices concerné·es de me contacter pour en apprendre un peu plus sur le sujet et pour casser ensemble les mythes et clichés qui entourent cette identité sexuelle.
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L’asexualité, c’est quoi ?
Avant toute chose, le point définition.
L’asexualité désigne très largement le fait de ne pas ressentir de désir sexuel ou d’attirance sexuelle pour quelqu’un.
Il serait maladroit de l’apparenter à l’abstinence, qui est un choix, un refus volontaire de l’acte sexuel.
L’asexualité n’est pas un choix : on naît comme ça, sans le savoir avant qu’on le comprenne. Certains n’ont par ailleurs pas de préférence sexuelle, mais pas tous, et ce n’est pas forcément une généralité.
L’asexualité comprend des nuances symbolisées par le terme gray-a (rien à voir avec les fans de Grey’s Anatomy, donc), pour la gray-asexuality.
Les gray-asexuals peuvent expérimenter, de manière irrégulière, une excitation sexuelle ou expérimentent une excitation sexuelle plus ou moins ténue. Dans les gray-asexuals, il y a aussi les demisexuals, qui peuvent être excité·es sexuellement s’ils ont développé des forts sentiments pour quelqu’un.
L’asexualité désigne simplement le fait de ne pas ou ne presque pas avoir envie de relations sexuelles avec autrui, de ne pas se sentir sexuellement attiré·e par autrui.
Mais est-ce qu’être asexuel·le empêche d’avoir une vie de couple ? Est-ce qu’être asexuel·le signifie ne pas avoir besoin de pratiquer le sexe, d’une façon ou d’une autre ?
Est-il facile d’être asexuel·le dans une société où le sexe est aussi présent et valorisé ? Ce sont grosso modo les questions auxquelles ont répondu quelques lectrices concernées.
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Comment savoir si on est asexuel·le ?
Quand on voit son entourage commencer à avoir les hormones qui font des sauts de cabri, sortir avec des membres du sexe désiré, embrasser l’autre jusqu’à en avoir des filets de bave qui caressent le sol et concrétiser l’acte sexuel, ça peut éventuellement éveiller quelque chose en nous.
Quand on n’est pas dans la même situation, il peut arriver d’envier ses copines qui passent à l’acte et qui plaisent aux gens qui leur plaisent. Une sorte de jalousie car on ne vit pas les mêmes choses.
M., elle, n’était absolument pas envieuse. Quand elle a échangé son premier baiser, elle n’a pas été transcendée.
Précisons tout de même que ne pas apprécier son premier baiser n’est pas une caractéristique réservée aux asexuel·les.
Le mien, je l’ai vécu comme une limace se baladant sur ma bouche et j’ai rompu juste après pour ne pas avoir à recommencer avec cette personne.Pour autant, je ne suis ni grey-a, ni asexuelle.
C’est un peu par hasard que M. a mis un mot sur ce qu’elle était. Elle était déjà tombée amoureuse d’une fille et savait reconnaître et apprécier la beauté d’une personne – ce qui empêchait, en quelque sorte, de comprendre qu’elle était asexuelle, d’autant qu’elle n’avait pas connaissance de l’existence du terme et de ce qu’il implique.
Être asexuel·le n’empêche pas du tout de trouver quelqu’un beau :
« Je ne comprenais pas les filles qui couchaient avec des mecs comme ça, directement le premier soir, et je me disais « non mais moi il me faudra du temps, beaucoup de temps ». Je ne réalisais pas vraiment que je n’éprouvais pas d’attraction physique pour les gens parce que j’étais sensible à leur beauté, que je pouvais porter des jugements esthétiques. […]
Bref, je me suis dit que non, je ne me voyais pas coucher avec quelqu’un, que même quand j’étais amoureuse d’une personne je pensais à un milliard d’activités qu’on pourrait partager mais que la partie « coucher ensemble » était pour moi littérale : dormir avec quelqu’un.
Rétrospectivement, je comprenais mieux pourquoi lorsque je rêvassais à telle personne, j’utilisais la technique du fondu au noir quand j’en venais à me dire « oui et là on coucherait ensemble ». Je ne pensais JAMAIS RÉELLEMENT à cette partie-là, et je voyais toujours ce moment comme une formalité. Le désir sexuel n’était pas là et n’avait jamais été là. »
Le déclic, qui lui a fait recouper tout ce qu’elle ressentait depuis plusieurs années, M. l’a eu en faisant un banal tour sur un forum à l’âge de 19 ans.
Le commentaire qui a tout changé, c’était quelqu’un qui parlait d’asexualité et disait en substance « Je suis heureuse pour les autres quand ils peuvent coucher avec les personnes qu’ils veulent mais moi je m’en fiche totalement » : M. a alors fait le rapprochement entre son absence de désir sexuel et le terme qui la désigne.
Comment j’ai compris que j’étais asexuelle
D., quant à elle, notait un certain manque de désir dans son couple.
Elle explique qu’elle vivait pourtant une relation avec un mec adorable alors qu’elle avait eu un intérêt pour le sexe théorique et pour la masturbation.
Pourtant, une fois le moment de passer à l’acte venu, elle ressentait un manque d’intérêt notable. Et puis elle est tombée amoureuse d’une fille.
« J’ai associé les deux. J’ai pensé que je n’étais « que » lesbienne, j’ai rompu avec le garçon et j’ai classé l’affaire. Il s’est alors passé plusieurs années sans que je ne ressente le besoin d’être en couple réellement.
Ou plus exactement, les relations sexuelles ne me manquaient pas et j’avais un peu l’angoisse que ça soit un problème à nouveau si je me mettais en couple, même avec une fille. Je n’y ai plus trop pensé car le problème ne s’est pas posé. »
C’est pendant l’hiver 2012, en regardant un épisode de la série Sherlock, qu’elle a compris qu’elle était asexuelle : il n’est jamais dit clairement dans la série que le personnage principal l’est, mais, dans une scène, il est insinué qu’il n’a jamais eu de relation sexuelle. Après un bref tour sur Tumblr, elle est alors tombée sur le terme asexuel relié à Holmes :
« Je me suis dit « Asexuel ? C’est quoi, ça, déjà ? ». Il est assez rare que je ne connaisse pas un terme dans ce domaine, mais je n’avais effectivement jamais lu grand chose sur le sujet. Wikipédia (oui, bon…) étant mon ami, me voilà partie à lire la définition dans les détails.
Et ça a été une révélation. J’ai commencé à creuser. Plus je lisais, et plus je me reconnaissais dans ce qui était écrit. Depuis, j’en parle autour de moi, notamment à mes amis dans le milieu LGBT, afin de faire reconnaître l’existence des asexuels. »
Être asexuel·le et en couple ?
Dans ma petite tête, j’imaginais qu’un·e personne asexuel·le en couple avec un·e autre est la situation la plus avantageuse du monde, mais dites, faudrait voir à pas ranger tout le monde dans des cases.
Comment les choses se passent-elles quand un des membres du couple est asexuel·le et l’autre non ? Est-ce que ça peut être une cause de rupture ? Est-ce qu’un décalage se crée de manière inévitable ?
Moins certaine de son asexualité (elle m’explique être à 80% sûre de l’être), R. a eu deux relations assez longues : une de trois ans, une de deux.
Pour la première, ça n’a pas joué dans leur rupture, mais pour la seconde oui :
« Le deuxième était un coureur de jupons et il adore le sexe donc ça a été un élément important de notre rupture même si ce n’était pas tout ».
Mais alors, comment ça se passait ? Est-ce qu’on peut parler de notion d’effort pour avoir des relations sexuelles quand son ex le souhaitait ? Dans son cas, plutôt, oui, même s’il y a un moment où c’était loin d’être désagréable pour elle :
« Oui, je le faisais parce que je voulais faire plaisir et que c’est la norme. « 2-3 fois par semaine pour un couple heureux » : les chiffres mettent une pression dingue.
Au moins, mes deux ans de célibat ne sont pas du tout un calvaire ! Quand j’entends certaines filles ne pas supporter de ne pas coucher pendant un mois, cela me fait rire intérieurement.
C’est la même chose pour la masturbation, je me souviens que ça me plaît mais je dois me forcer pour commencer. Je dois me dire « Allez tu vas voir c’est cool ». Mais l’acte sexuel, quand c’est fini, je ne suis pas satisfaite. Je l’ai fait mais je ne ressens rien ni avant, ni après. Mais pendant, c’est vraiment bien.
Quand on lit ça on peut tout de suite penser « que je n’ai pas trouvé la bonne personne » ou « que j’ai peur de prendre du plaisir ».
Ce n’est pas faux mais ce n’est pas totalement vrai non plus. J’en ai parlé à une amie homosexuelle et elle avait été comme ça jusqu’à rencontrer sa copine actuelle. Alors peut-être que cela m’arrivera un jour.
La seule chose qui me gêne dans le fait d’être comme ça, c’est de savoir que je suis différente et que peu de monde pourrait comprendre cette absence.
C’est tout, après je suis heureuse comme ça et je peux aimer normalement, c’est seulement que le sexe ne prend pas 90% de ma vie ou de mon esprit.
Parfois je me plais à penser que je peux aimer davantage l’autre vu que ce n’est pas sa performance sexuelle mais plutôt la personne qu’elle est qui saura ou non me séduire. »
Une sexualité différente de « la norme »
On peut alors réaliser que notre société, plutôt très sexualisée, peut être en partie responsable de cette sensation de se sentir plus ou moins obligé·e d’avoir des relations sexuelles quand on n’en a pas envie.
Ok, il est arrivé à la jeune femme d’éprouver du plaisir, mais il n’empêche qu’elle parle de normes et qu’il est vrai que l’asexualité, si elle n’est pas complètement tabou, est un peu oubliée dans les débats et discussions sur la sexualité.
Ce qui est vraiment dommage : il suffirait d’en parler un peu plus pour que certaines personnes s’y reconnaissent.
D., elle, a eu une façon différente de gérer sa vie de couple, puisqu’elle est dans un autre cas de figure. Elle est asexuelle, mais explique avoir une vie sexuelle théorique très riche et avoir appris à connaître son corps à travers la masturbation. Parfois, c’était bien, parfois pas, qu’elle ait ressenti une petite pointe de désir ou pas :
« Dans les faits, j’ai d’abord constaté un manque d’intérêt évident pour le sexe alors que j’étais en couple avec un homme charmant.
Ça m’a paru bizarre, car j’ai toujours été intéressée par le sexe d’un point de vue théorique et même pratique (masturbation), bien avant d’avoir un âge « décent » pour pratiquer ce genre de choses.
Je suis très renseignée, je n’ai pas vraiment de tabou, j’ai une vie sexuelle théorique très riche. Mais en pratique jusque-là, ça n’avait jamais été l’extase : au moment de passer à l’acte, je n’étais pas très intéressée.
Ça ne se passait pas forcément mal, au contraire parfois, mais je n’avais pas tellement de désir. Ça ne m’avait pas inquiétée avant car je n’étais pas amoureuse quand j’étais en couple.
Mais là, j’étais vraiment bien dans mon couple et monsieur était très câlin. J’ai alors réalisé que je n’étais ni très tactile, ni très intéressée par l’acte.
Je n’étais pas vraiment à l’aise, je n’osais pas en parler car en dehors de cela, j’étais vraiment bien avec lui mais quelque part j’espérais qu’il n’ait pas envie trop souvent de faire l’amour. »
Plus loin, elle raconte après sa rupture avoir ressenti un certain soulagement :
« Ça n’était pas la seule cause mais j’ai ressenti un soulagement quand on a rompu aussi à cause de cela. C’était vraiment compliqué.
Je ne voyais pas mon copain très souvent mais je n’avais pas tellement envie de passer à l’acte. Parfois, je ressentais un peu de désir, mais cela restait très faible comparé à ce que je considère comme « normal » et c’était plus un besoin sexuel qu’une envie de faire l’amour avec lui.
Après, ça n’était pas forcément mal dans les faits, mais ça m’a amenée à me poser des questions. J’avais l’impression d’être une vieille dans un couple marié où il n’y a plus de désir, à ne pas comprendre pourquoi il n’y en avait pas chez moi alors que j’étais bien en dehors de cela. »
Dans un C’est quoi ton porn spécial asexuel·les, Le Tag Parfait met en exergue cette différence d’appréciation de la sexualité.
On peut y lire le témoignage de Paul, qui regarde parfois des pornos, a des relations avec sa copine, sans pour autant ressentir d’attirance sexuelle :
« Je peux trouver un corps beau ou élégant, mais il ne m’attire pas sexuellement. Je ne ressens pas à l’intérieur de moi le désir de jouir de ce corps et avec ce corps »
D., raconte elle aussi être parfois excitée par du porno. Quand je lui ai demandé si certaines vidéo l’émoustillaient (je ne suis pas née en 1957, promis), elle a répondu que tout dépendait des personnes asexuel·les et que c’était peut-être bien pour cette raison que l’asexualité était si compliquée à définir :
« C’est sans doute aussi pour cela que c’est compliqué à comprendre pour soi : comprendre qu’on a des besoins sexuels, des envies sexuelles, mais pas envie de faire du sexe, c’est contradictoire.
Je peux mater du porno et être excitée (et j’ai aucun problème à en parler, même entre potes, je suis assez open). J’ai des besoins sexuels (ça n’est pas le cas de tout le monde paraît) et je les comble moi-même (plus simple, pour moi ça reste mécanique tout cela).
La seule différence est que je ne vais pas me dire : « Ah, il ou elle me plaît, super, faisons l’amour ». Quelqu’un peut me plaire, m’attirer même physiquement, mais je n’ai pas envie d’aller plus loin.
Tout au plus, j’ai envie de le/la photographier, ça reste purement esthétique, comme quand je regarde un tableau, ce qui complexifie un poil les relations (avec un tableau, c’est plus facile). »
Une nouvelle preuve, donc, qu’asexualité ne rime pas forcément avec pas de sexe du tout : certain·es se masturbent, ont des relations sexuelles, s’imaginent en avoir, et d’autres non.
Ces nuances donnent l’illusion d’un concept plus compliqué à comprendre pour les autres alors qu’au final, c’est très simple : après tout, parmi les personnes sexuées, il y a également des nuances dans notre relation au cul !
S’intéresser aux autres d’une nouvelle façon
Plus tôt dans l’article, je citais M. qui expliquait qu’en tombant amoureuse de quelqu’un quand elle ne savait pas encore qu’elle était asexuelle, elle avait tendance à s’imaginer faire des milliers d’activités avec l’autre en « floutant » la partie sexe.
C’est d’ailleurs sur ce point que rebondit également Laci Green à la fin de sa vidéo sur l’asexualité. Dans une interview, David Jay, activiste asexuel, explique que les asexuel·les cherchent à reproduire émotionnellement ce que les gens font avec le sexe.
Ce à quoi la vlogueuse réagit :
« Je crois que, en se demandant comment construire une relation, David et la communauté asexuelle mettent le doigt sur un truc qui concerne tous les êtres humains.
J’imagine que la différence, c’est que les personnes sexuelles sont confrontées à ce problème moins frontalement que les asexuel·les. Peut-être parce que la question du sexe s’y substitue et en même temps nous détourne de cette autre question. »
M. est optimiste pour l’avenir sur le fait qu’être asexuelle ne l’empêchera pas de vivre une relation de couple épanouie et ne se sent pas vraiment peinée par son asexualité.
La clé ? La communication. Et elle a raison, parce qu’on ne le répètera jamais assez : parler dans le couple (ou le trouple, ou toute autre relation humaine d’ailleurs), c’est le meilleur moyen de régler les moindres soucis :
« Dans l’ensemble cette situation ne me peine pas vraiment, mais c’est étrange de vivre en n’étant pas dans la norme.
Je sais que la plupart des gens sont conscients que la société est hyper-sexualisée mais alors de mon point de vue d’asexuelle, il y a des moments où je sature de me voir rappeler tous les jours que je suis une minorité et c’est peut-être ça qui me gêne le plus.
Parce que vraiment, le couple tout ça… : je suis globalement confiante. Pas au point de me dire « l’amour réglera tout », mais j’estime qu’avec du dialogue, des compromis, ça peut marcher. »
Un point de vue que partage D. : forte de cette nouvelle connaissance d’elle-même (elle a compris son asexualité après sa dernière rupture), elle aborde son avenir sentimental avec davantage de sérénité :
« Je suis amoureuse de la même personne depuis des années et si je n’ai pas envie de sexe, j’ai suffisamment de recul sur notre non-relation-de-couple pour savoir que j’ai des envies affectives.
L’avantage est que maintenant je me connais mieux (on dit « asexuelle romantique », ouaiiis je suis dans une case !) et donc si je me mets en couple un jour avec quelqu’un, je le ferai avec cette connaissance de moi.
Du coup, l’angoisse n’est plus présente de la même façon, on pourra en parler et trouver nos codes à nous. »
Trouver des codes propres à chaque couple et s’inventer une sexualité qui est propre au couple : un conseil qu’on pourrait finalement appliquer à beaucoup de relations à deux ou plus, asexualité ou pas.
L’asexualité n’a rien d’ « anormal », donc : le terme concerne une toute petite minorité de personnes plus ou moins désintéressées de l’acte sexuel, selon le degré.
C’est ça qu’il faut comprendre : ce n’est pas parce qu’une majorité prédomine sur un point précis comme le sexe qu’elle est LA norme.
Elle est simplement plus représentée en terme de chiffres. Évidemment, il est difficile pour des personnes sexuées, au premier abord, de concevoir qu’on puisse ne pas éprouver de désir, ou très peu.
En fait, le concept de ne pas désirer autrui nous rappelle combien il est primordial d’écouter celui ou celle qui ne vit pas la sexualité de la même façon que nous, de lui donner la parole et de comprendre que nous ne sommes pas tous identiques.
Comme certaines aiment se prendre des fessées et d’autres non (par exemple), certains ressentent du désir pour autrui, d’autres pas. Et c’est aussi simple que ça.
Pour en savoir plus :
- Le Tumblr de la journée de l’asexualité qui recoupe informations et témoignages.
- L’association pour la visibilité de l’asexualité, qui cherche à rendre plus visible l’asexualité et à la faire reconnaître comme une orientation sexuelle (au même titre que, par exemple, l’homosexualité). Car qui dit « plus de visibilité » dit « moins de personnes concernées par l’asexualité mais paumées ».
- Le réseau Aven, pour pouvoir en apprendre davantage et discuter entre membres.
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