Autour du 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, madmoiZelle a voulu connaître vos héroïnes du quotidien ! Si toi aussi, tu veux participer…
Envoie à jaifaitca[at]madmoizelle.com une présentation de ton héroïne, avec une photo si possible. Mets #CEstNousLeFutur en objet de ton mail. Ton texte pourra être publié sur madmoiZelle.
Il y a quelques années, je traînais tous les matins la patte pour me rendre dans ma fac de banlieue. 1h30 aller, 1h30 retour.
Si tu vis dans la campagne d’Île-de-France, tu sais de quoi je parle, tu sens encore les corps serrés contre toi à 7h34 dans ce RER débordant de regards vides qui rêvent des prochaines vacances.
De pote de RER à pote de galère
C’est dans ce train que, de temps à autres, je croisais Arwa. Elle était aussi engagée dans une licence de langues qui n’avait pas d’autre but que d’ouvrir les portes d’un master un peu plus coté.
Nous avions des cours en commun dans les préfa glauques et humides. Assez rapidement, on s’est retrouvées potes de galère.
Ce qui m’a marqué les premières fois que je lui ai parlé, c’est son énergie. Arwa est une meuf assez grande, enthousiaste, curieuse, vive et elle rayonne d’une aura chaleureuse.
Très vite, on a commencé à parler de politique ensemble. Entre deux cours de linguistique et de phonétique, on aimait se challenger sur les actus du jour.
Tant et si bien qu’on a même passé une nuit blanche à célébrer la première élection d’Obama dans une salle des fêtes du 94 avec la Compagnie Créole !
Kamoulox
Arwa, mon amie malgré la distance
Entretenir des relations profondes pendant la vingtaine peut être un gros défi. Pendant cette période, on change parfois de fac, de ville (voire de pays), de boulot… et d’envies.
Bref, on grandit. Il arrive que les rapports se distendent, qu’on ne s’écrive pas pendant plusieurs mois, ce qui provoque chez moi un mélange de culpabilité et d’urgence à reconnecter.
Arwa fait pourtant partie de ces amies qui ne m’ont jamais vraiment quittées et que j’admire infiniment.
J’aime admirer mes amies
Quand nos chemins se sont séparés après la fac, elle est partie faire une école de journalisme. En tant que meuf non-blanche issue d’une famille traditionnelle habitant dans la grande couronne francilienne, ça n’a pas été une mince affaire.
Au fil des ans, je l’ai vue aller à l’encontre de ce qu’on attendait d’elle, de l’image de fille parfaite et sage qui ne devrait pas réfléchir ni trop l’ouvrir.
Je l’ai vue (et parfois aidée comme j’ai pu) lutter contre les a priori,
je l’ai regardée se surpasser et bosser sans compter parce qu’au fond, elle savait que pour y arriver, il faudrait qu’elle se donne deux fois plus.
Arwa, un modèle proche de la réalité
Aujourd’hui, elle exerce le métier que je rêvais de faire quand j’étais petite : elle est journaliste reporter d’images.
Après quelques mois au Canada et plusieurs collab dans des médias comme France24 ou Africa24, Arwa a posé ses valises au Sénégal, dans la branche Afrique de la BBC.
Depuis Dakar, elle continue à challenger mes représentations du monde.
Dans ses stories Instagram, elle m’a fait visiter l’île de Gorée, décrite par l’UNESCO comme le plus grand centre de commerce d’esclaves de la côte africaine.
Dans ses reportages, elle m’a présenté la seule Taxi woman de Dakar et Marie Dasylva, une entrepreneuse guinéenne qui combat le racisme et le sexisme au travail.
Plus récemment, elle est allée chercher pour Arte les témoignages des religieuses africaines qui ont ouvert la voix sur les violences sexuelles qu’elles ont subi au sein de l’Eglise.
Arwa n’est pas qu’une bonne amie. C’est aussi un superbe rôle modèle pour toutes les meufs qui rêvent de faire de leur passion leur métier.
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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