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Culture

Quatre artistes électro à (re)découvrir

Aujourd’hui, on s’attarde sur des artistes qui passent malheureusement trop peu sur les ondes, mais dont les productions méritent plus d’attention.

— Article initialement le 13 juin 2013

En premier lieu, le titre de cet article mérite une précision importante. La musique électronique semble être devenue une piscine municipale où tout le monde vient faire pipi trempette ou carrément faire une grosse bombe.

Il est aujourd’hui impossible de savoir qui ou quoi qualifier d’électro : on peut parler d’influences, mais surtout de ce qui ressort musicalement. Les artistes suivants, qu’ils soient DJs ou pas, nous apportent des productions bien trop complexes pour les ranger bien alignés dans ce genre musical.

C’est parti pour une série de (re)découvertes musicales !

DJ Mehdi, de 113 à Busy P

De son vrai nom Mehdi Favéris-Essadi, il rejoint le groupe de rap Ideal J (ou Ideal Junior), fondé par Kery James, dont il devient le compositeur en 1992 : il a alors 15 ans. Ils sortent deux albums, O’riginal MC’s et Le Combat Continue, sur lesquels DJ Mehdi fera évoluer les instru en ajoutant des beats orientaux.

Il produira plus tard pour Booba sur son opus Ouest Side, à la demande de ce dernier qui cherchait des beats différents de ceux que les autres producteurs avaient alors à lui proposer.

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Il devient par la suite le producteur du collectif Mafia K’1 Fry, sur lequel sort l’album Princes De La Ville du groupe 113. Une réussite unanime : deux Victoires de la musique lui sont attribuées pour la révélation de l’année et l’album rap de l’année en 2000.

En évoluant musicalement, il n’hésite pas à sampler des sons de pionniers de l’electro comme Kraftwerk pour produire des instru de rap pour 113 ou Kery James.

Mehdi glisse doucement vers l’électro dès la fin des années 90 en ayant comme manager Pedro Winter (a.k.a. Busy P, créateur du label Ed Banger Records et ancien manager des Daft Punk), lui même fan de hip-hop.

Il intègre son label en 2002, et sort deux albums: Lucky Boy et Lucky Boy At Night (contenant des remix inédits).

Sa musique est plus dansante, suit moins les codes du rap, on y trouve même un duo à tendance électro-pop avec le groupe canadien Chromeo.

Malgré des sons résolument plus électroniques, axés sur la French Touch de l’époque (on parle du même label qui a produit Justice), les influences orientales sont toujours là, notamment sur Saharian Break.

En tant que DJ, il se familiarise aussi avec les sets à faire en club, un travail bien différent de la production en studio, dans le sens où certains morceaux de producteur ne peuvent s’ancrer dans un set.

En 2010, il fonde le duo Carte Blanche avec le DJ britannique Riton. Ils sortiront trois EP : Black Billionaires, Black Billionaires — The Remixes EP, et White Man On The Moon. Ici, les sonorités sont un peu plus old school.

Malheureusement, DJ Mehdi décède à l’âge de 34 ans dans un tragique accident à son domicile le 13 septembre 2011, alors que Carte Blanche est en train d’évoluer et de conquérir un public de plus en plus large.

Cet évènement malheureux ne nous empêche cependant pas de continuer à profiter des productions de cet artiste qui apporta une symbiose particulière entre l’electro et le hip-hop.

Grimes, l’OVNI canadien

Claire Boucher grandit à Vancouver dans une famille catholique très stricte. Fascinée par le Moyen-Âge, elle aime prétendre être une sorcière pour effrayer sa mère, et se barre fissa fissa à Montréal dès qu’elle en a l’occasion.

Sa première passion est le dessin, et c’est à une soirée chez un ami, complètement sous acide, qu’elle découvrira la production musicale par ordinateur. Fascinée, elle s’y adonne toute la nuit et produit une dizaine de morceaux. Grimes est née.

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Elle a connu un succès planétaire en 2011 avec son albums Visions, dont elle a tiré le titre des hallucinations qu’elle avait traversées pendant sa conception. Son style est un peu indéfinissable : on se retrouve dans une sorte de transe, entre la new wave, l’electro, et la musique lyrique.

Pour ne rien gâcher, Claire Boucher est également très engagée contre le sexisme. Elle l’a notamment fait savoir dans un post sur son Tumblr personnel où elle explique :

« J’en ai marre des hommes qui ne sont pas professionnels, ni même musiciens accomplis qui proposent de « m’aider » (sans que je leur ai demandé), comme si j’avais fais ça par accident et que j’allais avoir des difficultés sans eux.

Ou comme si le fait d’être une femme me rendait incapable d’utiliser la technologie. Je n’ai jamais vu ce genre de chose arriver à mes collègues masculins. »

Elle devient également la nouvelle muse d’Hedi Slimane qui la photographie aussi bien pour Dazed & Confused que pour son travail personnel, et sort une série de t-shirts en édition limitée avec Saint Laurent Paris.

Sam Tiba, producteur paradoxal

À 27 ans, Sam Tiba est parfois plus connu comme membre de Club Cheval (où vous retrouvez également l’inénarrable Panteros666 a.k.a. Kamel Toe) que pour ses productions personnelles, ce qui est un peu dommage et réducteur. Originaire de Roubaix, il étudie les sciences politiques et l’histoire de l’art avant de se mettre aux platines, il y a quatre ans.

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Sam Tiba rejoint l’introduction de cet article, dans sa difficulté à être rangé dans un genre musical, et illustre parfaitement le fait que DJ ne veut pas forcément dire « musique électronique ». Ses influences sont nombreuses : pop coréenne (k-pop), rap japonais, musique classique, Baltimore Club (une house venue de Baltimore très influencée par le r’n’b, le rap et la musique des années 80)…

https://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F95840107

Il commence à construire ses propres sets à l’heure où la French Touch (Justice, Breakbot…) fait la loi en France, amenant des mixs déconcertant nourris d’une passion pour le r’n’b. De ce mélange sortent des productions déroutantes, un peu comme si James Blake avait rencontré le rap, une sorte de r’n’b mélancolique avec des influence dancehall.

En 2010, il sort son EP BLack Eyed Weed sur le label Marble, et Club Cheval est fondé la même année (avec Canblaster, Myd, et Panteros666). Le 17 juin prochain sortira son EP The Saddest Show In Town sur le label Pelican Fly.

Hyphen Hyphen, tribu survoltée

À première vue, on pourrait se demander si ces quatre niçois ne seraient pas encore un petit groupe de hipsters multicolores qui auraient décidé de faire de l’électro pop. À la première écoute, on sursaute et on s’en veut aussitôt d’avoir pensé ça.

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De gauche à droite et de haut en bas : Zak, Santa, Line, et Puss

Zak, Santa, Line et Puss nous livrent une décharge d’énergie musicale comme on n’en avait pas reçu depuis longtemps de la part d’artistes aussi jeunes. Ces quatres amis de lycée ont formé leur groupe courant 2008.

Après avoir commencé à les faire tourner, leur manager les inscrit au concours Les Inrocks Lab qui les fera connaître dans la scène parisienne. Depuis, ils enchaînent les festivals, les salles de concerts, en France ou à l’étranger.

Leur EP

Chewbacca I’m Your Mother nous livre un cocktail surpuissant de leurs influences allant des Klaxons à LCD Soundsystem en passant par Phoenix. Encore une fois, on est tenté d’appeler ça de l’electro-pop, mais c’est bien plus complexe.

Santa, la blonde, chanteuse et leadeuse du groupe, dispose de ce charisme et de cette énergie qui intègre le public dans une sorte de transe néo-tribale.

Leurs peintures de guerre, leurs tenues tendance aztèque à paillettes (qu’ils ont à présent décidé de confectionner eux-mêmes), leurs danses survoltées sur fond de batterie surexcitée font d’eux un véritable ouragan scénique.

Malgré le charisme de la chanteuse, les autres membres du groupe ne s’éclipsent pas et maintiennent un équilibre dans ce désordre sauvage, avec une basse mesurée et des chœurs entêtants.

Leur dernier EP, Wild Union, ne déçoit pas et conserve cette énergie entêtante, envoûtante, comme si on assistait à un rituel d’une jeune tribu possédée par la musique qu’elle à nous transmettre.

Alors, ça te plaît ? Il y a des artistes que tu aimerais faire découvrir à ceux et celles qui disent « Ah non, moi je ne supporte pas l’électro » ?

À lire aussi : Klischée, le quatuor électro-swing explosif — This is the voix


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

5
Avatar de Nekobulle
14 juin 2013 à 11h06
Nekobulle
Pour ma part comme vous avez déjà cité Grimes que j'aime beaucoup je dirais Sexy Sushi, bien sympa dans certaines soirées  (ou quand on veut faire écouter certains truc bien crus à des potes 8)) et Wankelmut (oublier sa version radio de One day d'Asaf Avidan et foncez sur la version longue!)

Voilà voilà 
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