Publié initialement le 20 février 2015
L’heure a sonné. Vous partez en voyage demain, et voilà une semaine que vous dormez sur votre canapé depuis qu’en toute insouciance, vous avez déposé votre valise vide sur votre lit dans le but (ô, naïve enfant !) de la remplir. L’immensité du vide qui la dévore encore vous apparaît toujours comme un regard noir accusateur perpétuellement fixé sur votre personne, mais vous ne pouvez plus fuir.
Vous devez faire votre valise.
Je sais, vous étiez mieux devant votre ordinateur en train de gratter le fond du pot de Nutella devant des vidéos de chats. Mais si demain vous partez à Trifouillis-les-oies avec deux chaussettes et votre mug de café, vous risquez de vous y retrouver fort démuni-e-s. Autant prendre la valise par les cornes.
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Se sortir les doigts du… s’activer
Vous commencez par émerger à huit dix treize heures tapantes, l’oeil vif et le cheveu gras fier, bien décidé-e à mettre un terme à cette situation. Aujourd’hui, vous allez vaincre le néant de votre valise à coup de t-shirts, chaussettes et autres vêtements parce que, non, vous ne pouvez pas passer vos journées en slip. Désolée.
On a dit non.
Par contre, autant bien faire les choses. Par exemple, pour choisir vos vêtements pour votre semaine de vacances à Pouët-ville, mieux vaut qu’ils soient tous propres ! D’accord, il n’y a qu’un bonnet et trois pulls en laine dans votre panière de linge sale, et les températures avoisinent les 40°C là-bas (ce n’est pas pour rien que Pouët-ville a été élue meilleure destination estivale en 2014)… Mais ça fait au moins deux jours qu’ils attendent que vous les laviez ! Hop, lessive.
Bien : cette valise, maintenant. Tiens, mais quand est-ce que vous avez changé vos draps pour la dernière fois ? Si vous vous y prenez une fois que tous vos vêtements seront éparpillés sur votre lit, ça risque d’être plus compliqué. Mieux vaut s’en occuper avant. Tant que vous y êtes, vous passez un coup d’aspirateur dans tout l’appart. (Mais comme vous avez oublié de faire la poussière avant, vous recommencez.)
Arrêtez.
Une bonne chose de faite ! Vous venez de finir par la même occasion d’installer des étagères, de re-passer l’aspirateur derrière, de repeindre la porte d’entrée, d’écrire un roman et de tricoter une écharpe pour le neveu du voisin. Il ne vous reste plus qu’à lessiver les murs et…
Bon, vous avez peut-être un problème.
Faire sa valise… et le tri dans son armoire
Rendez-vous à l’évidence : vous venez de repeindre tout votre appartement et de proposer à votre voisine de venir faire la même chose chez elle. Sa menace d’appeler la police devant votre manière d’agiter votre pinceau pour insister est bien la preuve que vous êtes arrivé-e à court de choses à faire au lieu de boucler votre valise.
Allez, décrochez-la du lustre et reposez-la sur vos draps propres : il est temps de décider de ce que vous allez emporter. Ça devrait être facile.
Là où vous allez, il fait chaud ? Vous avez juste besoin de quelques tenues légères, des shorts, des chaussures d’été… Vous pourriez prendre votre veste préférée, tiens, la mauve à étoiles oranges que tatie Josette vous avait offerte à Noël. Elle ira parfaitement avec votre pantacourt vert et…
Ah non, c’est vrai. Vous l’avez déchirée lors de votre dernier cours de twerk. Vous n’êtes vraiment pas doué-e. Qu’est-ce qui pourrait bien aller avec votre pantacourt vert, du coup ? Ce t-shirt violet à paillettes ? Trop petit. Il vous faudrait un petit pull blanc. Ah mais vous n’avez que des débardeurs noirs. Et pas sûr que votre t-shirt « chatons sur clair de lune avec halo Photoshop » fasse bien ressortir les licornes sur le pantacourt. D’autant que depuis qu’il a rétréci au lavage, ça vous fait des têtes de chatons écrasées sur les seins.
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Non mais dites ? Vous n’allez tout de même pas pleurer que vous n’avez rien à vous mettre ? C’est d’un cliché.
Fignoler les détails dans le calme et la sérénité
Bon, ça fait deux heures que vous faites la gueule sous votre couette, en regardant Ross et Rachel se tourner autour pendant vingt épisodes de Friends. Non seulement ça vous énerve encore plus, mais ce n’est pas très productif. Il n’y a toujours qu’une paire de chaussettes dépareillées pour mettre avec vos claquettes dans votre valise.
À présent que vous avez vidé tout le contenu de votre armoire sur votre lit, autant y aller à la barbare. Et puis il fait déjà nuit, et seule une poignée d’heures vous sépare du moment où vous devrez tendre votre billet d’avion à l’hôtesse. Attrapez quelques vêtements de façon tout à fait arbitraire, et fourrez le tout dans cette saloperie de valise qui se paie votre fiole depuis ce matin (vous en êtes certain-e).
Que manque-t-il ? Votre brosse à dents : check. Le dentifrice qui va avec : check. Une brosse à cheveux : arrêtez de vous gratter le dos avec. Du shampoing et du gel douche : check. Ah, si seulement vous aviez pu être aussi efficace dès le début, vous vous seriez épargné deux dépressions et un pot de Nutella.
Mais j’y songe : avez-vous pensé à vérifier le poids de votre bagage ? Vous n’avez probablement pas envie de payer un SMIC par kilo en trop. Nonon, mieux vaut peser le sac à chaque fois que vous y ajoutez quelque chose. Tenez, un livre et quelques magazines : on pèse. Une paire de chaussures supplémentaire : on pèse. Un paquet de mouchoirs : on p… Bon, vous en faites peut-être un peu trop, là.
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Victoire ! Joie, félicité et frétillement de fesses fatigué ! Votre valise est désormais pleine à vomir des chaussettes. Et ça tombe bien, parce que votre avion est dans un peu moins d’une heure. D’accord, vous venez de passer une nuit blanche, mais vous vous sentez si bien, si détendu-e, face au devoir accompli, que vous seriez capable de recommencer, là, tout de suite !
Ou peut-être pas. Vous avez pensé à prendre du Xanax ?
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