On s’interroge de plus en plus devant l’augmentation spectaculaire, en France et dans le monde, de la frénectomie. Effectuée sur le nouveau-né, elle permettrait ensuite un allaitement plus efficace, et indolore pour la mère.
Si cette opération annonce de belles promesses, elle est en fait souvent pratiquée sans cause valable et donc sans provoquer d’amélioration. Ce, alors qu’elle peut comporter des risques pour l’enfant.
Certains profitent de la fragilité des parents pendant le post-partum, pour promettre monts et merveilles. À l’instar de certains coachs du sommeil, ceux qui pratiquent la frénectomie sans raison valable jouent sur la fatigue des parents, les difficultés d’allaitement, etc.
La frénectomie, c’est quoi ?
Nous avons tous des freins dans la bouche. Il s’agit du petit tissu de peau entre la lèvre supérieure et la gencive (frein labial), ou de celui entre la langue et le plancher buccal (frein lingual). Même les bébés évidemment !
Ces dernières années, de plus en plus de bébés ont eu leur frein sectionné à l’aide de ciseaux ou au laser. Cet acte chirurgical est effectué par un ORL, un dentiste ou un orthodontiste.
Mais dans un article paru en janvier 2021 sur « la saga des freins buccaux restrictifs chez l’enfant allaité », la pédiatre Gisèle Gremmo-Féger explique que les cas de freins anormalement courts sont rares. Ils concernent entre 4 et 10% des enfants. Dans un article récent, nous détaillions les causes de la frénectomie et les nombreux abus.
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Des inquiétudes de l’Académie de médecine face à cette hausse spectaculaire
Dans l’Hexagone, mais aussi dans d’autres pays — plus de 420% en Australie en une dizaine d’années par exemple —, on pratique de plus en plus cet acte chirurgical qui n’est pas anodin. Parfois en raisons de difficultés d’allaitement, sans forcément avoir la preuve d’un lien et parfois même à titre préventif.
Face à cet explosion du nombre de frénectomies, l’Académie nationale de médecine s’associe à plusieurs sociétés savantes, médicales, chirurgicales, paramédicales, à des collèges professionnels et des associations, « pour émettre les plus grandes réserves quant à l’intérêt et l’innocuité de ce geste invasif à risque d’effets secondaires », et appeler à la plus grande vigilance, devant le manque de preuves scientifiques et de méthodologie rigoureuse.
Dans la plupart des cas, il faut donc ranger les ciseaux !
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Image en une : © Unsplash/Dragos Gontariu
Les Commentaires
Un stomatologue ou un chirurgien dentiste peut voir ça, il pourra ensuite orienter pour la rééducation (parce qu'il ne suffit pas juste de couper hélas !). Et ne pas hésiter à prendre plusieurs avis en cas de doutes !