Publié le 28 octobre 2018
*Le prénom a été changé.
Le semestre dernier je suis partie en Erasmus.
Depuis ma première année de licence, même plus tôt, je voulais le faire. Me voilà donc en dernière année, à faire toutes les démarches pour aller passer « l’année de ma vie ! » en Erasmus.
Après les démarches administratives, les imprévus mais toujours une certaine excitation, me voilà partie et j’atterris à Galway, une petite ville de l’Ouest Irlandais.
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Premiers jours d’Erasmus heureux
Les premières semaines, après la galère du logement, c’est la folie ! La folie des débuts !
J’enchaine les soirées, les rencontres, je vis et j’aime ça.
Je voyage, j’en prends plein les yeux et plein le cœur mais aussi je prends bien la pluie, ce n’est décidément pas un mythe !
Après ces quelques semaines de folie, le soufflé commence à retomber et le rythme des cours commence à s’intensifier.
J’ai toujours été une élève relativement studieuse qui a envie de réussir, ce qui fait que je décide de moins sortir (aussi parce que même si la pinte est moins chère je ne suis pas Crésus).
Et à ce moment je dois faire face aux regards des autres et à leur surprise :
« Mais qu’est-ce que tu fous ? C’est Erasmus, éclate-toi ! Le reste on s’en fout »
Mais moi je ne pouvais pas, je n’y arrivais pas, je ne le voulais pas.
Le moral qui plonge pendant l’Erasmus
Mon moral commence à baisser, baisser de plus en plus.
J’ai commencé à arrêter de sortir car je ne me sentais pas à ma place, j’ai commencé à ne voir des gens que pendant les cours et à rentrer rapidement et directement chez moi après.
J’ai vécu l’incompréhension de mes ami·es Erasmus qui ne comprenaient pas pourquoi je ne sortais plus, qui ne comprenaient pas mon changement d’attitude.
Changement que j’étais incapable d’expliquer. J’étais complètement dépassée par la situation, de plus je ressentais une certaine honte de vivre ça.
Je voulais tout arrêter, je voulais partir loin, je voulais être seule perdue dans la montagne.
J’ai eu la chance d’avoir les meilleures colocataires du monde qui m’ont soutenue et accompagnée tout ce temps.
Avec elles, j’ai passé de super soirées, elles qui m’ont fait rire jusqu’à en pleurer et qui m’aidaient à avoir de beaux moments.
J’ai eu la chance d’avoir mes parents qui, malgré la distance, étaient présents. Bien que parfois c’était dur pour eux de comprendre pourquoi leur fille les appelaient tous les matins en pleurs.
Le vase déborde
Puis je suis arrivée à un point où je ne pouvais plus, où c’était trop pour moi ! Même aller faire mes courses devenait une épreuve, tout était difficile.
Je ne tenais plus, j’étais constamment épuisée.
Tous les matins, j’étais assaillie par une angoisse très forte. Je redoutais mes réveils et donc mes nuits.
C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision d’arrêter cette expérience. Je voulais tout arrêter tout de suite !
Je souhaitais fuir ce supplice, je ne voyais pas d’autres solutions que de tout arrêter.
Un soir, mon père m’a appelée. Je lui explique ma décision et il me répond :
« Ok, tu peux arrêter ton année mais finis ton semestre. Peu importe tes résultats, fais ce que tu peux mais fais-le !
Et après tu rentreras fière de ce que tu auras accompli. »
C’était dur, très dur d’entendre ça.
Aujourd’hui je le remercie car grâce à lui je me suis bougée et j’ai réussi à valider ce semestre avec des notes qui m’étonnent encore.
La décision à la fin du semestre Erasmus
J’ai finalement pris la décision de m’arrêter à un semestre. Et cette décision a été l’une des plus dure que j’ai eu à prendre jusqu’à aujourd’hui.
J’avais l’impression d’échouer, de ne pas être comme les autres, j’avais honte.
C’est toujours un point sensible aujourd’hui car si je n’ai jamais douté ni regretté ma décision j’ai parfois l’impression d’avoir essuyé un échec.
Un jour où j’étais perdue et où je ne savais pas quel choix faire quelqu’un m’a dit :
« Qu’est-ce qui est le plus dur dans ta situation ? Rester pour être mal et ne pas profiter de ton année ? Ou rentrer et faire le choix d’arrêter quelque chose que tu as commencé ? »
J’ai fait ce choix en pesant le pour et le contre et aujourd’hui j’ai repris mes études en France, avec un rythme plus soutenu qu’en Erasmus.
Retour en France et soulagement après Erasmus
Depuis, petit à petit, je ressors faire la fête, j’essaie de reprendre le sport et je voudrais faire du théâtre.
Je suis une thérapie afin d’essayer de comprendre et de faire en sorte que cela ne se reproduise pas ou que je puisse y faire face autrement.
Pendant tout ce temps je me suis cachée, j’ai essayé de ne pas en parler à mes ami·es. Je ne voulais pas qu’ils sachent dans quel état j’étais.
J’avais honte.
Aujourd’hui encore je ne suis pas capable de leur dire, de leur expliquer car je ne connais pas les raisons de mon état mais ce que je retiens c’est que toutes et tous m’ont toujours soutenus.
Ils et elles ont toujours été là même sans savoir ce qui m’arrivait.
À lire aussi : J’ai plein de potes mais pas d’amis (et je le vis bien)
C’est grâce à eux et elles et peut-être aussi pour eux, pour les remercier, qu’aujourd’hui je me bats pour aller mieux.
Les moments de déprime sont toujours présents et je sais que j’ai la force de les surmonter. Je sais aussi désormais que je peux faire des choix et les assumer face aux personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas comprendre.
Ce n’est pas un chemin facile mais la vie est belle et chaque jour je m’efforce de profiter des bons moments.
À lire aussi : Ma déprime en Erasmus, et comment je m’en suis sortie
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Les Commentaires
Premièrement, mon année aux USA : au moment où tout le monde partait en Espagne (majoritairement) dans mes amis (qui n'étaient pas forcément dans mon université mais qui partaient avec des gens de leur fac à eux) moi je partais toute seule aux USA. J'avais 22 ans mais ça a été un gros choc étant donné que je vivais encore chez mes parents à ce moment là. Mais j'étais déter vu que j'avais toujours voulu faire ça. Je voulais le faire en anglais parce que j'étais bien meilleure qu'en Espagnol mais les 3 partenariats avec des facs Irlandaises ou Anglaises étaient déjà pris. Du coup on me déterre ce partenariat jamais utilisé par personne pour une fac américaine et après avoir soumis mon dossier, ils me prennent. C'est seulement dans l'avion qu'un énorme flippe s'installe, mais qu'est ce que je vais faire là bas toute seule pendant 9 putain de mois ??? Et le premier mois a été épuisant, stressant, j'avais le mal du pays, personne m'avait expliqué la différence entre les facs européennes et les facs américaines, les teen series/movies en VO c'était vraiment le début, en streaming, encore un peu galère à trouver, bref, 0 renseignement. On était que 2 françaises mais avec pas du tout les mêmes cours, il y avait quelques étudiants francophones (américains qui étudiaient le français depuis longtemps, des élèves de pays francophones type Maroc, Sénégal, un peu le Vietnam aussi pour certains...) mais c'était tout... Et finalement après un mois, c'était l'éclate totale.
J'en arrive donc au point de comparaison avec mes potes restés en Europe : si pdt 1 an en plus de la culture américaine (via ma coloc américaine dans notre chambre à 2 comme dans les séries, une famille local avec qui j'avais été appairée, type famille d'accueil américaine, mes profs...) je me suis aussi énormément ouverte à la culture d'autres pays avec les potes que je me suis fais sur place qui venaient de plein de pays différents, eux, ils étaient restés entre eux en Espagne. Coloc entre français, soirées entre français, weekend entre français... mais du coup, pourquoi t'es parti en fait ? Et cette injonction à faire la fête et à s'en foutre de tout pendant son année en Erasmus me fatigue profondément. Aussi loin, toute seule, je n'avais pas cette pression qui a pu fatiguer la madz de l'article et ajouter à son mal être parce qu'elle n'avait pas envie de faire pareil que "tout le monde" (et on va pas se mentir, ne pas rentrer dans le moule, c'est pas toujours simple).
Deuxième expérience, mes 3 ans en Irlande : je bossais pour une boîte au logo de pomme bien connu, pour leur service client francophone. Du coup, tous mes collègues étaient francophones et majoritairement français. Là où j'ai réussi à me trouver une coloc avec une irlandaise (et une autre française, mais en Erasmus qui a fait exactement la même chose que mes amis avaient fait en Espagne 4 ans plus tôt et n'a absolument pas progressé en anglais de l'année...) tous mes collègues étaient en coloc entre eux, entre français, sortaient entre eux,... Bref, j'avais vraiment cette impression de tout ce que j'ai toujours entendu sur Erasmus, mais avec un salaire d'adulte cette fois. Et franchement, ce côté "ségrégation" + "injonction à la sortie", ça m'a vraiment saoulée. Donc je comprends ce point pour la madz.
Bref désolée, ça part dans tous les sens tout ça pour dire que je la comprends, et que les "must do" Erasmus (et les "must do" tout court) bah ça correspond pas toujours à tout le monde et qu'on est souvent mieux en faisant ce qui nous correspond, donc en déviant de la route principale