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Vie quotidienne

Pourquoi j’ai eu tort de prendre la weed à la légère

Arrêter le cannabis, ce n’est pas si facile que ça peut en avoir l’air. Une jeune femme raconte sa relation à la weed, une drogue pas vraiment anodine…

Nous sommes le 20 avril, 4/20 selon la datation américaine. Et il se trouve que 420 est devenu outre-Atlantique le chiffre symbolisant la consommation de cannabis.

À cette occasion, voici donc le témoignage d’une jeune femme qui explore sa relation à la weed, de la découverte à l’arrêt en passant par une période pas très fun…

Hier, je suis tombée sur une vidéo du youtubeur Anthonin dans laquelle il raconte à cœur ouvert qu’il a eu des problèmes de dépendance avec le cannabis.

Je me suis retrouvée dans certains points de son histoire (bien que mon rapport à la fumette a été moins intense que le sien).

Entendre quelqu’un raconter un récit similaire au mien m’a fait du bien. Ça m’a rappelé une histoire qui est maintenant derrière moi et que je me sens prête à partager.

Peut-être que ça pourra t’éclairer d’une manière ou d’une autre !

Le cannabis et moi : ma petite histoire avec la weed

Depuis petite, mes parents m’ont ouvertement parlé de la weed (comme de l’alcool), tenant un discours que je pourrais résumer de la sorte :

On a testé, tu vas tester à ton tour, on ne peut pas t’en empêcher, et c’est pas grave, tant que tu fais attention à toi.

J’étais plutôt bien informée, le travail de pédagogie et de prévention de mes proches ou de l’école portait ses fruits : je ne diabolisais pas la fumette mais je savais qu’il était préférable de l’éviter, que des précautions étaient de mise.

La première fois que la prophétie de mes parents s’est réalisée (et donc que j’ai testé), c’était au lycée. J’étais pote avec des fumeurs, c’est donc assez naturellement que j’ai essayé en soirée.

Je n’ai pas su fumer, c’était un vieux bout de shit. Je n’ai pas aimé.

Selon l’OFDT, parmi les moins de 17 ans, 4 personnes sur 10 ont déjà fumé du cannabis en France en 2017, au cours de leur vie, (soit 39,1%).

L’enquête de l’OFDT menée sur l’année 2017 révèle aussi que « la consommation actuelle concerne surtout les plus jeunes et les hommes (28% des 18-25 ans, 35% des hommes et 21% des femmes de cette tranche d’âge). »

Il m’arrivait de fumer de temps en temps avec mes potes, mais ce n’était jamais agréable. Le lendemain, mon sommeil était toujours troublé et ma tête me faisait mal.

Ma consommation était donc très occasionnelle, et assez minime. À cette époque de ma vie, je n’avais jamais été vraiment stone (ni de manière plaisante, ni désagréable).

La weed californienne, ma vraie découverte du cannabis

Quelques années plus tard, âgée de 22 ans, j’ai déménagé pour 18 mois à San Francisco en Californie.

Ma vie était géniale, je me suis retrouvée en colocation dans une grosse maison avec plein de gens qui sont devenus mes amis.

J’adorais la ville, ses vibes, j’ai visité les musées, appris les expressions et le vocabulaire des habitants, j’ai exploré les rues biscornues, j’ai goûté les plats locaux…

C’est donc assez naturellement que j’ai testé une autre des spécialités californiennes : la weed.

Et elle n’avait rien à voir avec ce que j’avais pu tester avant.

La beuh, c’est une institution en Californie. Là-bas, elle est légale (sous certaines conditions) et surtout ELLE EST BONNE. Trèèès bonne.

Comme au lycée, je me suis retrouvée entourée de fumeurs. Et si à l’époque, on devait se cacher, à San Francisco, il n’y avait rien de tabou : la weed est plutôt encensée dans le berceau du mouvement hippie.

Pendant mes 18 mois sur place, j’ai fumé de temps en temps pendant les soirées (mais pas trop, sinon j’en perdais mon anglais). Quelquefois, je mangeais un petit bout de brownie magique (et gluten-free) avec ma coloc.

Ce que j’adorais avec ma weed californienne, c’était cette sensation d’exacerbation de ma créativité, de mes pensées, mes idées fulgurantes, la légèreté de mon corps…

Le point négatif que je lui trouvais, c’était ma tendance à faire de petits bad trips en cas de dosages trop importants. L’expérience devenait alors source de stress et d’angoisses absurdes, toujours plus improbables.

Le début de mes problèmes avec le cannabis

Les mois ont passé et la fin du voyage a sonné. J’ai dû quitter mes amis et cette belle petite vie californienne que je m’étais construite — San Francisco était devenue ma maison.

Je suis donc retournée en France à contrecoeur, en traînant les pieds autant que ma grosse valise remplie de souvenirs.

La réadaptation à mon pays, à ma ville, à mon appartement a été terrible. Ce furent les pires mois de ma vie.

Je ne voulais pas être ici, mes amis me manquaient, et de retour d’une ville progressiste comme San Francisco, je trouvais ma patrie affligeante de bêtise, emplie de mentalités obtuses.

Bref, le gros bad.

Surtout si tu rajoutes à ça que je ne savais plus où j’en étais dans ma vie. Je suis rentrée au bercail sans plans d’avenir et mon point de vue sur beaucoup de choses avait changé. J’étais perdue comme jamais.

Reprendre des études ? Partir vite et loin ? Trouver un job en attendant ? Faire de l’associatif ? Quitter ma ville ? Rentrer chez mes parents ?

Ma tête était pleine d’interrogations et mes journées étaient vides. J’étais si triste et très angoissée quant à mon avenir. Étant de nature optimiste, c’était la première fois que je n’arrivais pas à voir le positif d’une situation.

Rapidement après mon retour, j’ai retrouvé mes amis de toujours, dont un qui m’a vendu un peu de weed. C’était la première fois que j’achetais en France.

C’est là que les problèmes ont commencé.

J’ai commencé par fumer un joint tous les soirs, tranquille chez moi, devant une série, ou en peignant, en dansant… C’était un moment de bien-être et de créativité, que j’attendais avec hâte dans ma journée.

Mais comme tu peux t’en douter, j’en ai voulu plus, toujours plus

. Ça devenait de moins en moins léger.

Très peu de mes amis étaient au courant de cette consommation, qui était un truc personnel pour moi.

J’ai compris que le cannabis était mauvais pour moi

J’ai commencé à tiquer quand j’ai réalisé que j’attendais un peu trop le moment où j’allais fumer, que ce n’était plus occasionnel du tout.

Quand j’ai percuté qu’en plus de creuser mon budget, le cannabis me provoquait de l’anxiété et du stress, une mauvaise respiration, une gorge constamment irritée…

Mais le coup de grâce a été quand je me suis rendu compte que la weed grignotait mon cerveau et altérait ma mémoire.

C’était trop.

J’ai toujours eu une excellente mémoire depuis petite, je suis le genre de meuf capable de ressortir des tirades entières de films vus il y a des années. Que la beuh touche à une caractéristique qui m’a toujours définie, ça m’a fait peur.

C’est à ce moment-là que les désagréments de la weed ont vraiment pesé plus lourd que tous ses aspects « positifs » — ou en tout cas perçus comme tels.

J’ai décidé d’arrêter.

Je n’ai pas réussi tout de suite, il m’a fallu plusieurs essais, il a fallu que je casse le matériel me permettant de fumer : j’ai vu ça comme un signe d’encouragement, et j’ai pu arrêter pour de bon.

Je n’ai pas eu recours à une aide professionnelle mais si tu penses en avoir besoin, si tu n’arrives pas à arrêter seule, n’hésite pas !

Réussir à demander de l’aide à son entourage quand ça va mal, ce n’est pas forcément évident. C’est même parfois très difficile.

Quelle que soit ta situation, et surtout lorsqu’il s’agit d’un problème d’addiction, à une drogue ou autre, rappelle-toi qu’il est normal d’avoir besoin d’aide, qu’il est important de savoir en demander, et plus important encore de réussir à l’accepter.

Le mieux est d’en parler à une personne de confiance, que ce soit au sein de ta famille, parmi tes amis et amies proches, une connaissance en qui tu as confiance, ou quelqu’un d’extérieur : prof, infirmier, psychologue… Tu n’es pas seule.

Quelques numéros utiles :

  • Drogues info service : 0 800 23 13 13 Ouverte de 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe. Appel depuis un portable au coût d’une communication ordinaire : 01 70 23 13 13. Site internet par ici.
  • Ecoute cannabis : 0 980 980 940. Ouverte de 8h à 2h, 7 jours sur 7. De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe.
  • Fil santé jeunes : 0 800 235 236. Ouverte aux 12-25 ans, tous les jours de 9h à 23h. Appel gratuit et anonyme. Le site internet juste là.

Mon rapport au cannabis après mes problèmes avec la weed

Je ne veux pas effacer cette période, cette relation avec la weed, car au final ça fait partie de moi. Ça fait partie de celle que je suis aujourd’hui.

À mes yeux, sans le cannabis, je n’aurais pas eu certaines idées, exploré certaines sensations, certains recoins inconnus de mon cerveau, créé certaines œuvres.

Mais jamais je ne veux retomber dedans.

J’ai « fait mes expériences », comme on dit, et j’ai la chance d’avoir réagi assez vite avant que la situation devienne impossible à vivre. Car la weed m’a quand même apporté tellement de mauvaises choses.

Aujourd’hui je me rends compte que mon discours sur le sujet a complètement changé par rapport à une période plus insouciante de ma vie. Il y a des idées reçues que je ne peux pas ne pas réfuter.

L’idée reçue : « on ne peut pas être accro au cannabis »

Arrêter de fumer, ça a été dur pour moi.

On parle souvent de la weed en des termes bien flatteurs pour vanter ses mérites, en réaffirmant haut et fort qu’elle ne génère pas d’addiction.

Alors, certes, il n’y a pas de dépendance physique comme avec d’autres substances mais les dépendances mentales et émotionnelles sont bel et bien réelles, aussi réelles que difficiles à gérer.

Il se trouve qu’en plus d’Anthonin (dont je te parlais dans l’intro), Carologie, une youtubeuse que j’aime beaucoup, a lancé l’année dernière une série de vidéos qu’elle a intitulée STORIHUANA.

Elle y partage son expérience avec la consommation de cannabis, l’évolution de sa consommation, sa dépendance, son envie d’arrêter, ses rechutes…

Quand j’ai découvert ses vidéos l’année dernière, ma consommation de cannabis était déjà bien derrière moi, mais ça m’a fait un bien fou d’entendre un discours similaire au mien dans la bouche de quelqu’un d’autre.

On ne partage ni le même vécu ni le même niveau d’addiction (ma consommation n’a jamais été si lourde en comparaison), mais j’étais ravie d’entendre quelqu’un parler des phénomènes de dépendance mentale et émotionnelle liés à la weed.

Clarisse, une autre madmoiZelle, racontait d’ailleurs une expérience assez similaire dans ce témoignage sur son addiction au cannabis :

« Le cannabis est considéré comme une drogue douce. C’est sournois comme la clope, et c’est là le vrai piège.

Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j’étais accro, je l’ai vraiment compris seulement après avoir arrêté totalement. Je ne m’attendais pas du tout à tomber là-dedans. »

Arrêter le cannabis, c’est difficile et il faut le dire

Maintenant, le discours « on ne peut pas être accro au cannabis nani nana » m’énerve au plus haut point.

Si on ne peut pas se retrouver en situation de dépendance avec cette substance et ses effets, alors pourquoi est-ce que tout un tas de gens galèrent à arrêter d’en consommer ?

Arrêter la weed, c’est renoncer à des sensations cool. Mais des sensations cool qui ont un prix.

Fumer gaspillait mon énergie, favorisait ma léthargie, nourrissait mes angoisses, avait des répercussions déplorables sur mon état de physique, mettait ma santé en danger…

La fumette m’éloignait de mes proches non-fumeurs, qui n’auraient pas pu tout comprendre, et m’isolait.

En plus, bien sûr, d’être une consommation illégale, ce qui me mettait en danger vis-à-vis de la justice, en plus de plomber mon budget.

Le cannabis cache les problèmes mais ne les résout pas

Avec le recul, ma « période weed » était surtout un symptôme d’un moment down et chelou de ma vie. Alors si je pouvais parler à la moi du passé, je lui dirais :

« Pose ça et réfléchis deux secondes.

Fais attention, peut-être que « tu kiffes », peut-être que « tu gères », mais tu as des failles et la weed saura s’y immiscer si tu ne fais pas attention.

Questionne-toi. Pourquoi à ton avis, ta consommation change pile au moment où tu ne te sens plus bien dans ta vie ? Tu penses vraiment que c’est si sain que ça ?

Essaye de calculer plus tôt le ratio avantages/inconvénients de ta consommation ? Est-ce que ça te correspond vraiment, ce mode de vie ?

Est-ce que les choses positives que tu en tires, tu ne peux pas les retrouver autrement ? Sans substances ? »

Aujourd’hui, je suis épanouie, sans toucher à la weed, et je sais que j’ai de la chance d’y être arrivée. Alors si toi aussi tu galères, j’espère que cet article aura pu t’aider !

À lire aussi : J’étais accro au cannabis, voici comment je m’en suis sortie

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Les Commentaires

13
Avatar de Narscica
20 décembre 2020 à 19h12
Narscica
Bonjour,

Je suis belge, j'habite à 20 minutes de la frontière hollandaise.

Je fume occasionnellement. Quand je dis occasionnellement c'est que parfois, je fume chaque jour durant 1 mois et puis plus rien pendant 3. J'achète uniquement en hollande.

Je n'ai absolument jamais eut de soucis de dépendance avec la weed. JAMAIS.

Parfois je fume parce que je suis extrêmement stressée, et, ayant une peur absolument des somnifères anxiolytique etc etc je préfère un joint.

Je suis maman, j'ai trois enfants et je fume tout simplement comme une adulte responsable... comme celui qui prend un verre d'alcool de temps en temps.
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