À la toute fin du mois de janvier, en pleine polémique sur les contraceptifs oraux, l’agence du médicament (ANSM) annonçait la suspension de la vente de Diane 35 et de ses génériques en raison de risques de formation de caillots sanguins et du détournement de sa fonction première. En effet, cet anti-acnéique commercialisé depuis 1987 était largement utilisé comme contraceptif oral. Une suspension qui prendra effet dans un peu moins de trois mois.
Quatre décès par thrombose veineuse liés à la prise de Diane 35 ont d’ailleurs été confirmés par l’agence du médicament. L’agence européenne du médicament (EMA) a par ailleurs été saisie et a « entamé formellement la réévaluation en matière de sécurité » de l’anti-acnéique et de ses génériques et rendra son verdict à la mi-mai. Mais pour les personnes qui utilisaient ce moyen de contraception, il est difficile de ne pas s’inquiéter : quelles sont les conséquences de l’arrêt de la pilule sur son corps, comment les gérer ? Une chose est sûre : chaque femme est unique et que tout le monde ne vivra pas cette privation de la même façon. En ce sens, le premier réflexe est de prendre rendez-vous avec son ou sa gynécologue le plus vite possible. Mais pour vous donner une idée, une lectrice qui a arrêté de prendre Diane 35 il y a six mois nous a soumis son témoignage. Pourquoi a-t-elle arrêté, comment elle a vécu la période de sevrage… Elle vous dit tout.
Le témoignage : j’ai arrêté de prendre Diane 35
J’ai arrêté la pilule Diane 35 depuis cet été. Après un passage un peu difficile, je vais de mieux en mieux. Quels effets dois-tu appréhender après cet arrêt ? Deviendras-tu forcément un gros blob plein d’acné ?
Diane 35 et moi : la rupture
J’ai commencé Diane pour une raison toute simple : j’avais une acné modérée, je connaissais des filles qui prenaient Diane et qui n’avaient plus rien et je voulais donc moi aussi connaître les joies de la peau de bébé. Après une visite chez la gynéco, j’ai demandé à changer de pilule pour Diane 35. Elle me l’a prescrite comme ça, sans rien demander.
Pour tout vous dire, je n’ai même pas eu une ordonnance pour passer une prise de sang…
Petit à petit, j’ai eu quelques effets secondaires, étalés durant toute l’année de la prise de cette pilule : une prise de poids (une douzaine de kilos), une augmentation de la poitrine, des vergetures à gogo et, il est vrai, moins d’acné. Néanmoins, je n’avais pas la peau 100% parfaite, et ça continuait à me hanter.
J’ai commencé à me renseigner un peu sur cette pilule, si la prise de poids était normale par exemple. J’ai découvert que Diane 35 était fortement déconseillée en cas d’antécédents familiaux de maladies vasculaires. Je réfléchis un peu : mon grand-père est décédé d’une embolie, ma grand-mère a eu une attaque cérébrale et toute la famille du côté de mon père fait de l’hypertension. Je commence sérieusement à douter. Au début de l’été, avec les premières grosses chaleurs, j’ai eu les jambes lourdes comme des poteaux, avec pas mal de douleurs. En clair, j’avais l’impression d’avoir deux membres morts à la place des mollets et au bout d’une petite demi-heure de marche, j’avais mal. De plus, chaque mois, les quelques jours avant mes règles étaient une véritable torture pour moi comme pour mon mec. Pleurs, envie de dévaliser le frigo et de manger le plus gras possible, angoisses… Tout ça, couplé à cette prise de poids qui m’avait fait perdre toute confiance en moi + les quelques boutons qui subsistaient sur mon visage, j’ai tout arrêté.
Diane 35 : les effets négatifs, trois semaines après l’arrêt
Je ne vous cache pas que de se retrouver, chaque soir, sans être obligée de vérifier qu’on a bien pris sa petite pilule, c’était le paradis pour moi. En revanche, j’avais grave les miquettes de me retrouver la face constellée de lardons dès le réveil. Les premiers effets négatifs de l’arrêt sont apparus environ 3 semaines après. Voici ce que j’ai recensé, en vrac :
- des douleurs dans le bas-ventre : comme si j’allais avoir mes règles (alors que non), j’ai supposé une révolte de mes ovaires.
- Des cheveux très gras : je n’ai jamais eu les cheveux aussi gras de toute ma vie, je devais les laver tous les jours pour qu’ils restent un minimum propres, l’enfer ! Je me suis également retrouvée avec des pellicules alors que je n’en avais plus depuis mes 16 ans, au moins.
- Une peau très grasse : là encore, mon sébum m’a surpris par sa capacité à sans cesse s’évader de mes pores, sans discontinuer. Je me suis retrouvée, à 10h du matin, en train d’éponger mon visage avec un Sopalin, c’est vous dire l’angoisse, un peu.
- Un retour des boutons : eh oui, je n’ai pas échappé au retour des boutons ! Tout est venu d’un coup, sur le menton et le long des mâchoires (signe d’acné hormonal). Selon le cycle, ils vont et viennent… Ils font leur vie, quoi.
Diane 35 : 6 mois après…
Cela fait désormais un peu plus de six mois que j’ai arrêté Diane 35, les effets négatifs se sont donc plus ou moins stabilisés :
- j’ai retrouvé ma nature de cheveux : j’ai mis deux bons mois à les récupérer, mais ça y est, ils peuvent traverser deux jours sans sentir l’huile de friture.
- Ma peau est restée grasse : elle l’est moins qu’au début, mais elle est clairement passée de mixte à grasse avant et après l’arrêt de la pilule.
- Je n’ai plus de douleurs « inconnues ».
- J’ai toujours des boutons : j’envisage de passer à un traitement « oral » pour m’en débarrasser, sans repasser par les hormones. Je ne vous cache pas que c’est le plus gros point noir concernant l’après-Diane, mes boutons me complexent toujours autant.
Est-ce que je regrette ? Non, pas du tout. Je me dis que prendre la pilule pour mes boutons n’était au final qu’un cache-misère et ne réglait pas vraiment le problème de l’intérieur. De plus, au vu des effets secondaires qu’elle me procurait, je me rends compte que ça n’avait absolument rien de naturel, bien au contraire. Je songe désormais à me tourner vers un moyen de contraception sans hormones (type stérilet) ! L’arrêt de la pilule est certes un peu « brusque » mais il faut laisser le temps au corps de se réguler !
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Les Commentaires
Du coup, même si j'ai la peau moins parfaire qu'avant et un peu plus grasse, que mes poils poussent plus vite (ou bien c'est une impression?) et que je ne peux plus contrôler mes règles comme avec la pilule (enchaîner deux plaquettes pour ne pas être embêtée en vacances était ma spécialité!), je suis bien contente d'avoir arrêté ces hormones de synthèse, et ça me rassure de savoir que mon corps fonctionne naturellement
Et je considère maintenant la pilule comme un cache-misère, donc je suis bien contente de savoir que je peux me sentir bien et être satisfaite de ma peau sans ces hormones.
Je suis encore tentée parfois de reprendre la pilule, pour les avantages cités plus hauts (surtout pour le contrôle des règles, et le fait qu'elles soient très peu abondantes avec la pilule), mais savoir que pour ça je doit ingurgiter des hormones, et que les effets secondaires ne sont pas prévisibles... ça me fait plus peur qu'autre chose. Et ma gynéco m'a dis que le fait d'arrêter et de reprendre la pilule plusieurs fois était plus dangereux que de prendre la pilule pendant longtemps...
Bref, je remettrais tout ça en question le jour où j'aurais besoin d'un contraceptif autre que les préservatifs, mais certainement pas pour l'acné!