Qu’est-ce que l’armée ?
En France, près de 300 000 personnes travaillent pour le ministère de la défense, dont plus de 240 000 militaires répartis au sein de trois armées : l’Armée de Terre, l’Armée de l’Air et la Marine Nationale. Le ministère de la défense bénéficie de l’un des plus importants budgets de l’État avec 40 milliards d’euros alloués tous les ans.
Dans le contexte de la crise économique actuelle, la somme peut sembler élevée pour un État dont le territoire n’a pas été attaqué depuis 1940, mais les évolutions de la scène internationale lors de ces 70 dernières années ont conduit la politique de défense française à se modifier et l’armée à se moderniser.
L’armée française est appréciée par ses partenaires pour sa qualité : contrairement aux armées dites « de masse », l’armée française rassemble davantage d’officiers (15 %) et de sous-officiers (45 %) que de militaires du rang (40 %) . En 1996, la fin du service militaire obligatoire entraîne la professionnalisation de l’armée et celle-ci a désormais besoin de recruter plus de 13 000 personnes par an. À part les officiers et 60 % des sous-officiers, les militaires sont engagés par un contrat de 8 ans maximum. Ils restent soumis au traditionnel principe de loyauté, à la discipline et risquent toujours le sacrifice suprême. Les militaires ne bénéficient pas des mêmes droits que le reste des citoyens : ils n’ont pas le droit de grève, leur liberté d’expression est entravée par le devoir de réserve, et ils ne peuvent pas se regrouper en syndicats.
Avec la professionnalisation, on a assisté à la féminisation de l’armée. Si les femmes (à l’exception des pilotes de chasse) ne peuvent toujours pas intégrer des sous-marins ou la légion étrangère, elles représentent néanmoins 15 % des effectifs et peuvent accéder à n’importe quel grade et poste. Comme les femmes sont statistiquement plus diplômées que les hommes, il sera intéressant de voir dans quelques années le taux de femmes haut gradées dans un milieu traditionnellement masculin.
Quel est le rôle de l’armée ?
« La politique de défense a pour objet d’assurer l’intégrité du territoire et la protection de la population contre les agressions armées. Elle contribue à la lutte contre les autres menaces susceptibles de mettre en cause la sécurité nationale. » – Code de la Défense
L’armée a cinq objectifs :
- Connaître et anticiper : c’est la recherche de l’information. Elle peut notamment passer par le renseignement et la diplomatie.
- Prévenir : il s’agit d’empêcher les crises de s’aggraver en agissant rapidement avec des moyens économiques humanitaires, politiques, économiques (etc.) notamment grâce aux organisations internationales. L’armée française peut intervenir en tant que corps armé mais agit également dans le cadre de missions civilo-militaires de formation de forces de polices ou militaires locales. La sécurité humaine, c’est-à-dire la sécurité des populations locales en matière de santé, d’économie, de politique, de religion, est prise en compte dans les missions de l’armée pour instaurer des paix durables.
- Dissuader : « La dissuasion repose sur la perception par un adversaire potentiel des risques inacceptables que lui ferait prendre une agression contre la France ou ses intérêts » (loi de programmation militaire de 2003-2008). La France possède l’arme nucléaire et n’a jamais renoncé à l’utiliser en cas de besoin : c’est l’élément central d’un politique de défense, mais l’envoi de troupes, plus conventionnel, est également utilisé comme moyen de pression diplomatique.
- Protéger : il s’agit principalement de protéger le territoire national. L’invasion étant devenue improbable, la sécurité territoriale passe désormais par la réaction conjointe des forces armées relevant du ministère de la défense et des agents relevant du ministère de l’intérieur.
- Intervenir : l’envoi de forces françaises à l’étranger se fait le plus souvent au sein d’une coalition, et toujours avec l’accord soit du pays accueillant l’opération extérieure, soit de l’ONU. La France est actuellement engagée en Afghanistan, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Liban, au Kosovo et dans le golfe d’Aden. Elle peut agir seule, avec des organisations internationales telles que l’ONU ou l’OTAN, ou dans des coalitions ad hoc. L’armée n’a jamais autant participé à des opérations extérieures que ces dernières années. On estime qu’en 2014, 11 000 soldats seront en permanence en « opex », et 2000 seront basés hors de la métropole.
L’armée est-elle nécessaire ?
L’armée a pour but de protéger la France de menaces extérieures ou intérieures. Ces risques sont ceux qui peuvent « mettre en péril la vie de la population, l’indépendance de la nation, ou le fonctionnement de l’économie« .
Les dangers, risques et enjeux auxquels la France fait face sont identifiés dans un document appelé le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale qui permet d’établir à moyen termes les objectifs français. Le dernier Livre Blanc a été rédigé en 2007 à la demande de Nicolas Sarkozy et le Président Hollande vient d’en demander un nouveau pour étudier les récents bouleversements internationaux.
En 2007, plusieurs risques étaient identifiés pour la sécurité française, dont la mondialisation : les déplacements humains, la circulation des informations est de plus en plus rapide et de plus en plus facile, les frontières sont poreuses, les problèmes sécuritaires contre les intérêts français émanent désormais de groupes mafieux ou terroristes plus que des États, comme c’était pourtant le cas jusqu’en 1990. Ces menaces sont donc plus mobiles et moins facilement identifiables que naguère.
Par ailleurs, de plus en plus d’États détiennent l’arme nucléaire ou se réarment après une pause consécutive à la Guerre Froide. Les puissances traditionnelles européennes et américaines se voient désormais concurrencées par les puissances émergentes dont les ambitions ne sont pas forcément compatibles avec les intérêts occidentaux.
Dans sa lettre demandant la rédaction d’un nouveau Livre Blanc, François Hollande écrit :
« La succession des chocs financiers internationaux, les révolutions politiques et sociales dans le monde arabe, les inflexions de la politique étrangère des États-Unis, les interrogations de l’Europe de la défense, l’apparition de nouvelles zone d’instabilité, ou les caractéristiques nouvelles des conflits et des crises auxquels nous sommes désormais confrontés doivent nous conduire à mener une réflexion rénovées et approfondie. »
La détention de l’arme nucléaire, le statut de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies et la haute technicité de l’armée ajoutée à sa haute qualification donnent à la France un poids international particulièrement intéressant, mais les ambitions que les hommes politiques ont pour l’armée sont nettement supérieures aux moyens qu’ils lui accordent.
Quelles difficultés rencontre l’armée ?
Bien que bénéficiant du 3ème plus gros budget français, l’armée souffre d’un manque chronique de financement. Son budget ne cesse de décroitre alors même qu’elle n’a jamais eu à traiter autant d’opérations extérieures qu’aujourd’hui.
La paix s’est installée depuis si longtemps en Europe que la défense n’apparaît plus être une priorité pour l’opinion publique et les dépenses militaires, bien qu’indispensables à la recherche industrielle et nécessaire à l’entretien des équipements, sont insuffisantes au regard des prétentions internationales de la France.
L’armée doit aussi faire face à un manque de considération de la population qu’elle entend protéger. Les Français semblent avoir moins de respect pour leurs militaires que leurs voisins britanniques (par exemple), et l’armée sait que désormais une guerre ne peut être menée sans une opération de communication et d’information de l’opinion publique.
La méfiance des Français est peut-être explicable également par l’absence de dialogue au sein de l’armée. Puisque la liberté d’expression des militaires est réduite aux remarques positives sur leur corps d’armes et soumise au devoir de réserve pour les critiques, la « Grande muette » souffre de l’absence de dialogue social. Alors que la professionnalisation de l’armée a rapproché le statut des militaires de celui des civils, il semblerait normal que les premiers aient, à défaut du droit de grève, un droit à s’organiser syndicat.
Quel est votre rapport à l’armée ? La pensez-vous nécessaire, ou superflue ? Si tu t’es engagée, peux-tu venir témoigner, à l’image d’Anna, réserviste de l’Armée de Terre ?
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Les Commentaires
Les gendarmes ont bien un statut de militaire, mais appartiennent au ministère de l'intérieur et ne sont donc pas une "4eme armée", quand au service de santé des armées, il s'agit comme son nom l'indique d'un service, et non d'une armée, c'est à dire qu'il est "au service" de toutes les autres armées et services pour le soutien médical (comme le service des essences pour le soutien en carburant, la direction générale de l'armement pour les armes au sens large, etc...).
Pour résumer, 3 armées (air, terre, marine), et plusieurs services qui sont là pour le soutien de ces 3 armées et des autres services, et la gendarmerie un peu à part.