L’armée canadienne fait sa promo en beauté. Ce post, sur le compte Twitter destiné au recrutement, mettant à l’honneur la photo de deux hommes (dont un marin) s’embrassant, prouve encore une fois que le Canada a un coup d’avance sur la France en terme d’ouverture d’esprit.
La tradition veut que le premier marin qui quitte son navire embrasse sa compagne devant tous les autres. Ce privilège s’obtient par tirage au sort ; récemment, c’est le matelot-chef Francis Legaré, qui après huit mois en mer, a eu le privilège d’embrasser son compagnon devant ses collègues ! La Marine royale estime que ce baiser public entre ce marin et son compagnon est le premier de l’histoire du Canada.
Le tweet est accompagné d’un lien vers le site du ministère de la défense et les Forces armées Canadiennes où on peut lire :
« Les Forces (…) accueillent des candidats de tous les sexes, de toutes les religions, de toutes les ethnies et de toutes les orientations sexuelles. Tous les militaires travaillent ensemble en équipe et les Forces ne tolèrent aucune forme de discrimination. »
Au Canada, les personnes non-hétéros on le droit de rejoindre l’armée depuis 1992. Les personnes trans ont ce droit depuis 2010.
Pour ce qui est de réalité de cette tolérance au sein de l’armée… difficile de trouver des témoignages. Un article écrit en 2010 sur la situation des homosexuels dans les Forces Armées Canadiennes reste très positif.
Ces vingt dernières années, les Forces Canadiennes sont passées d’une organisation homophobe qui chasse activement les membres gay et lesbiens à l’un des leaders du combat pour l’ouverture d’esprit.
, posté deux ans plus tard, est bien moins positif et raconte de nombreuses anecdotes moins glorieuses. Un homosexuel raconte un mot qu’il a reçu alors qu’il se trouvait en mission en Afghanistan…
La note disait « Tu es gay. Pour cette raison minus 2 » — l’équivalent métrique de six pieds sous terre.
Un incident raconté comme étant « la partie émergée de l’iceberg » des questions d’harcèlement et d’homophobie dans l’armée canadienne.
Second pas vers la diversité : le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé vouloir participer à la Gay Pride de Toronto cet été — une première pour un chef de gouvernement canadien !
En France, les personnes homosexuelles n’ont jamais été légalement bannies de l’armée. En revanche, une homophobie latente est décrite dans plusieurs articles comme celui-ci, publié en 2010 sur le site Yagg :
Si vous dites que vous êtes homosexuel•le, on vous regarde d’un autre œil. La réprobation n’est pas légale, mais « insidieuse », « feutrée ». Delphine Ravisé-Giard [militaire trans et lesbienne] a connu trois militaires lesbiennes ; toutes trois ont quitté l’armée au bout de cinq ans environ, lassées.
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Cette discrimination est souvent difficile à mesurer car de nombreuses victimes refusent de témoigner, surtout si les actes sont insidieux.
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Si les cyniques n’hésiteront pas à dire que le tweet de l’armée canadienne n’est qu’un acte de communication dénué de vrai engagement, je vois ça comme une belle avancée à soutenir !
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Les Commentaires
Mais je pense qu'il y a de gigantesque problèmes de discriminations de de violences (e.g. viols) sur les gens qui ne sont pas des hommes cishet, dans toutes nos armées...