Selon FranceInfo, lundi 25 septembre, la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux, co-autrice d’une série d’enquêtes sur la complicité de l’État français dans une « campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne », a été convoquée au tribunal de grande instance de Paris pour être présentée devant le juge des libertés et de la détention (JLD).
La semaine dernière, la journaliste de Disclose avait déjà été placée en garde à vue pendant 48 heures et son domicile personnel avait été perquisitionné durant 10 heures. Des méthodes coercitives odieuses qui avaient provoqué une large vague de soutien, notamment au sein de la profession, pour condamner cette atteinte à la liberté de la presse et à la protection des sources.
« Si on ne protège pas les sources, c’est la fin du journalisme »
Comme le rappelle FranceInfo, la journaliste fait l’objet d’une procédure pour « divulgation d’un secret de défense nationale » :
Mardi 19 septembre, son domicile a été perquisitionné à 6 heures du matin par neuf agents des renseignements français, armés de moyens de surveillance ultra sophistiqués, dont trois valises informatiques capables de copier en quelques minutes des tonnes de gigadonnées. Objectif : traquer les sources de cette journaliste. Ariane Lavrilleux est aujourd’hui accusée de divulgation d’un secret de défense nationale : une opération militaire secrète, dont on comprend aisément que l’État aurait aimé qu’elle reste secrète puisqu’elle a permis au grand public de découvrir comment la France, en fournissant du renseignement à l’Égypte, l’a aidé à réprimer et bombarder sa population.
« Ariane Lavrilleux : la journaliste présentée à un juge des libertés et de la détention », franceInfo 25/09/2023
Le juge des libertés et de la détention doit se prononcer mercredi sur la validité des saisies opérées au domicile de la journaliste. « Si on ne protège pas les sources, c’est la fin du journalisme », s’est indignée Ariane Lavrilleux lors d’une conférence de presse jeudi dernier.
En effet, à travers cette affaire, se joue aussi bien le droit à protéger ses sources quand on est journalistes, et celui d’avoir accès à une information de qualité sur les sujets d’intérêt général pour les citoyens.
Si un juge français décide que des documents saisis chez une journaliste peuvent être utilisés contre elle, et contre ses sources, qui osera encore prendre le risque de dévoiler des informations qui méritent d’être connues de tous ? Les fonctionnaires, les agents de l’État, poussés à parler parce qu’ils ne peuvent plus se taire oseront-il encore dénoncer les faits délictueux dont ils ont connaissance ? Les journalistes pourront-ils encore enquêter sur la politique étrangère de la France, ses contrats d’armement, et tant d’autres sujets ?
« Ariane Lavrilleux : la journaliste présentée à un juge des libertés et de la détention », franceInfo 25/09/2023
Rappelons que, dans quelques semaines, doivent se tenir les « États généraux de l’information », promis par le président Emmanuel Macron, dont les deux mandats ont été marqués par une multiplication d’atteintes à la liberté de la presse.
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