Tout d’abord, voici la bande-son de cet article :
http://youtu.be/2OxLWaOysvo
« Ma grand mère n’a jamais appris la géométrie, pourtant entre ses mains, elle formait une arepa bien ronde »
« Une poilue, s’il vous plaît ! »
Mais keskesédonckeca ? Non, ça ne parle pas d’animal de compagnie, ni de moumoute, ni de pratique sexuelle un peu bizarre, mais bel et bien de nourriture ! Je vous rassure tout de suite, le poil est métaphorique… Au menu d’aujourd’hui, l’arepa !
L’arepa est une galette de farine de maïs que l’on fait cuire doucement à la poêle ou au four, ou que l’on peut faire frire, que l’on coupe ensuite en deux et que l’on garnit avec ce qu’on veut (mais du salé, hein : une amie a voulu tester un jour avec du Nutella, je vous raconte pas la tête de la famille…).
Cette galette remonte aux origines indiennes des peuples du pays : en effet, ils furent les premiers à semer et cultiver cet « or » de la terre, et on trouve aujourd’hui beaucoup de plat à base de maïs dans la gastronomie vénézuélienne. Par exemple, il y a aussi les cachapas, l’équivalent d’un pancake mais à base de maïs pilé au lieu de farine de blé, que l’on déguste aussi avec des ingrédients salés.
Les indigènes faisaient cuire l’arepa sur une sorte de planche creuse en terre cuite appelée « aripo », d´où le nom arepa ; aujourd’hui on trouve des « tostiarepas », des moules super perfectionnés pour faire cuire les arepas chez soi.
Depuis des générations, l’arepa est donc LE plat typique du Venezuela, qui est mangé par tous, des plus riches aux plus pauvres
, et partout ; on trouve des areperas (des petits restos d’arepas) de toutes les tailles, du vrai restaurant au petit kiosque de rue, dans toutes les villes, et sur les routes. Il y a d’ailleurs une expression qui dit « Más venezolano que la arepa ! » (plus vénézuélien que l’arepa).
L’arepa, c’est le « pan de cada día » (le pain quotidien). C’est à la fois la baguette, le croissant, le burger, le kebab du Venezuela. C’est ce qu’on mange le matin au petit déjeuner, le midi ou le soir pour un repas rapide, ou encore à 3h du matin en rentrant de soirée (pas forcément tout ça en une journée). On peut aussi en servir des petites, frites, en entrée au restaurant, avec du fromage « telita », qui ressemble à de la mozzarella.
L’arepa a aussi sa marque de farine favorite, la Harina Pan. On en trouve dans les placards de tous les foyers vénézuéliens. Quand il y a pénurie, c’est la panique sur les boulevards ! Et justement au Venezuela, les pénuries de certains produits, dont celui-ci, sont courantes. C’est pour ça que dès qu’il y en a en rayon, tout le monde se précipite dessus et en achète plusieurs paquets d’un coup, ce qui entraîne des ruptures de stock, une nouvelle pénurie, etc.
Quand on va dans une arepera, on a une vitrine avec des bacs remplis de toutes les garnitures que l’on peut mettre dans son arepa, un peu en mode Subway, et on choisit ce qu’on veut.
Mais il y a aussi des combinaisons célèbres, que les Vénézuélien-e-s, avec leur sacré humour, ont baptisé de petits noms, un vrai reflet de la culture de ce pays ! On peut donc demander à manger, au choix :
- Une viuda (une veuve) : nature, sans rien.
- Une reina pepiada (une reine aux belles formes) : nommée ainsi en l’honneur d’une ancienne Miss Monde vénézuélienne, Susana Dujim. Elle se remplit d’une abondante garniture de poulet émietté, mayonnaise et avocat.
- Une sifrina (une bourgeoise) : la même base que la reina pepiada mais avec du fromage râpé en plus.
- Une catira (une blonde) : une garniture de fromage de couleur jaune.
- Une domino : ce nom est dû à la couleur de la garniture, constituée d’haricots noirs et de fromage de couleur blanche.
- Une peluda (une poilue) : de la viande de bœuf filandreuse émincée très finement et du fromage râpé, d’où l’aspect poilu !
- Une rumbera (une fêtarde) : des morceaux de cuisse de porc rôtis avec du fromage.
- Une Gringa ou Musiúa (« gringo » est le nom donné aux américains ; ou « monsieur », prononcé à l’espagnole) : l’adaptation « arépienne » du hamburger, avec tous ses ingrédients en garniture.
Et enfin, last but not least…
- Une « de punta a punta » (de bout à bout) : pour les affamé-e-s, on prend de tous les ingrédients qu’on a devant soi !
Voici une petite affiche légendée pour vous aider à réviser quand vous viendrez au Venezuela et que vous aurez un petit creux !
Et si vous voulez déjà tester chez vous et inventer de nouvelles combinaisons, on peut trouver de la Harina Pan en France dans certains restaurants colombiens !
Et vous, vous aimeriez donner quel petit nom à votre recette ?
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Tout ça à faire passer avec un Hit Parchita!!
je sais pas si le Hit existe toujours ou si maintenant ça s'appelle Fanta. En tout cas, gout parchita y'a qu'au Venezuela que j'ai gouté ça!!
Que de souvenirs! J'adore!!