Initialement publié le 23 août 2011
Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été arachnophobe.
Je ne sais pas trop comment mais du jour au lendemain, je suis passée de la peur standard à la véritable phobie, et toutes les incompréhensions qui en découlent.
Arachnophobie : petite histoire de ma peur
Je n’ai jamais été diagnostiquée comme telle par un quelconque psychologue, tout simplement parce que j’ai trop honte d’en parler, mais je le sais très bien, que je suis arachnophobe.
C’est bien simple, je suis incapable d’approcher une araignée à moins de cinquante centimètres, et cette distance augmente proportionnellement avec la taille de la bête.
Quand j’étais gamine et que je tombais sur une photo d’araignée dans un livre, je jetais le bouquin à l’autre bout de la pièce et pleurais comme une hystérique pendant des heures.
Si mon copain accourt sans trop de questions lorsque je hurle son nom en pleine nuit avec une voix paniquée, ça n’a pas toujours été le cas de certaines personnes de mon entourage, notamment mon père, qui en avait franchement marre de m’entendre chouiner devant sa porte de chambre lors de soirées prolongées en tête à tête avec son ordinateur.
Il était le mieux placé pour se rendre compte de l’ampleur de ma phobie, mais il a toujours été friand des phrases du style « Les petites bêtes ne mangent pas les grosses ».
Seulement voilà, je n’ai pas du tout peur qu’elles me mangent (on a dit phobique, pas débile), ni même qu’elles me mordent ou me piquent.
Arachnophobie : quand les autres ne comprennent pas
Pas facile de faire comprendre à mon entourage que ça ne relève pas du caprice.
La faute au mot « phobie », utilisé à toutes les sauces et par un peu tout le monde.
Je ne compte plus le nombre de gens qui disent être arachnophobes eux aussi mais qui parviennent parfaitement à interagir avec une araignée. Ça a le don de me mettre vraiment en rogne, parce que ça décrédibilise les vrai·es phobiques.
Si tout le monde se dit phobique sans l’être, ça donne l’impression aux gens qu’il existe des niveaux de phobies, et qu’on peut donc guérir « avec un peu de volonté ».
Même lorsque je tape « arachnophobie » dans Google, je tombe sur des forums où les personnes « phobiques » racontent comme elles ont galéré pour choper une araignée sans lui faire de mal pour la remettre dehors.
Lorsque je lis des choses comme ça, je ris franchement jaune. Je ne m’imagine pas un seul instant ne serait-ce qu’effleurer une de ces bestioles, que ce soit pour les caresser ou pour les zigouiller.
Et Spiderman, ça va ? :) Pas trouvé mieux pour illustrer cet article…
Arachnophobie : un combat quotidien
C’est là que réside ce qui différencie une simple peur d’une véritable phobie : la phobie est inexplicable.
Je sais simplement que je n’aime pas trop approcher les bêtes avec plein de pattes qui ressembleraient de près ou de loin à un arachnide.
Impossible, donc, de commander du crabe dans un restaurant parce que je suis totalement incapable de le décortiquer, et même si quelqu’un le décortique pour moi, je ne peux pas en manger la moindre miette tant que la carcasse reste sur la table. Par contre, aucun problème avec les fourmis, merci Werber.
De la même manière, impossible de les tuer parce que mon esprit crée toutes sortes de scénarios qui sont, je le sais, totalement improbables.
Du genre, si j’en écrase une avec mon chausson, elle va soudain ressusciter et remonter le long de ma main. Concrètement, j’ai réussi UNE SEULE FOIS à prendre sur moi pour en tuer une de mes propres mains, et ce fut un échec cuisant.
Arachnophobie : une réelle source de stress
Après avoir lancé trois fois mon chausson au plafond en ayant l’espoir de la tuer sur le coup, mais en ayant tellement peur qu’elle me tombe dessus que le chausson atterrissait un mètre trop loin, j’ai fini par aller chercher l’aspirateur.
J’ai passé une demi-heure à pleurer hystériquement sans oser sortir de la pièce de peur qu’elle ne soit plus là à mon retour, mais sans oser la regarder non plus parce que le simple fait de la voir me paralysait complètement.
Au final, j’ai rassemblé tout mon courage, enroulé une serviette de toilette (oui oui, exactement) autour du tuyau allongé au maximum, empoigné le tuyau par le bout de deux doigts (pas pratique pour bien viser au plafond) et l’ai pointé sur la bestiole… qui est ressortie du tuyau au bout de trois minutes. Je vous laisse imaginer la vision d’horreur, bien plus traumatisante que tous ces films à sensations pas crédibles du tout.
J’envie ceux qui ont peur des requins parce qu’on n’en croise pas à chaque coin de pièce. Je pourrais écrire des heures sur ma phobie tellement elle m’empoisonne la vie.
Je redoute le printemps et l’automne, parce que ce sont leurs saisons privilégiées, et je souffle un peu en hiver parce qu’il fait trop froid pour qu’elles pointent leur nez. Je sursaute à chaque fois que je suis surprise par un insecte quelconque et je reste sur le qui-vive si j’en rencontre un un peu trop suspect.
J’ai depuis longtemps renoncé à l’idée de faire comprendre ma phobie à ceux qui m’entourent.
À tous ceux qui me disent qu’on combat le mal par le mal (autrement dit, j’ai qu’à en empoigner une), je répondrais bien que si ça ne tenait qu’à ça, j’aurais déjà tout mis en œuvre pour arrêter de fondre en larmes lors d’un barbecue ou de refuser en bloc d’aller faire du camping.
Alors s’il vous plaît les non-phobiques, dites simplement oui lorsqu’on vous demande d’éliminer une araignée pour nous…
Et toi, tu as des phobies que personne ne prend au sérieux ?
À lire aussi : Je suis adulte et j’ai peur de l’orage, suis-je un gros bébé ?
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Les Commentaires
Je suis journaliste et prépare un reportage sur les phobies en vacances. Je cherche dans le cadre du reportage des témoignages d'arachnophobes. Si cela intéresse quelqu'un, voici mon mail pour que l'on prenne contact : [email protected].
Merci et bonne soirée !
Charlotte