Héroïne de l’opposition, égérie antiguerre… Depuis son coup d’éclat en direct à la télévision russe mi-mars pour dénoncer l’offensive militaire de Vladimir Poutine en Ukraine, beaucoup s’inquiétaient du sort de Marina Ovsiannikova.
Bonne nouvelle : Die Welt a déclaré lundi 11 avril que la journaliste russe rejoindrait bientôt les rangs de ce grand quotidien allemand ! Elle écrira pour la version papier du journal, mais collaborera aussi régulièrement pour sa chaine d’information télévisée.
La liberté à n’importe quel prix pour Marina Ovsiannikova
Dans un communiqué de presse, le rédacteur en chef du groupe Die Welt, Ulf Poschardt, a expliqué ce choix de recruter la journaliste russe.
« Marina Ovsiannikova a eu le courage à un moment décisif de confronter les téléspectateurs en Russie à une image non édulcorée de la réalité. Elle ainsi défendu les vertus journalistiques les plus importantes, et ce malgré la menace d’une répression étatique. »
Marina Ovsiannikova, âgée de 43 ans, a prôné une nouvelle fois, dans ce même communiqué, son engagement viscéral et inéluctable pour la liberté, si souvent bafouée dans son pays d’origine.
« Die Welt représente ce qui est justement défendu avec tant de véhémence en Ukraine par les personnes courageuses sur place : la liberté. En tant que journaliste, je considère qu’il est de mon devoir de défendre cette liberté »
« Stop war » et la propagande de Poutine
Le 14 mars dernier, bravant toutes craintes de représailles du Kremlin, la journaliste russe avait brandi en plein direct du journal télévisé le plus regardé en Russie, sur la chaîne Pervy Kanal, une pancarte critiquant la guerre en Ukraine et dénonçant la « propagande » diffusée par les médias soumis au pouvoir de Vladimir Poutine.
Arrêtée dans la foulée, Marina Ovsiannikova a été libérée par les autorités russes dès le lendemain de son coup d’éclat — après un interrogatoire de 14 heures durant sa garde à vue, tout de même.
Sous les yeux des médias du monde entier qui s’emparaient puis décryptaient l’affaire, la journaliste a été seulement condamnée à payer une amende, alors qu’elle risquait jusqu’à dix jours de réclusion criminelle conformément à la législation russe stricte sur les manifestations.
Marina Ovsiannikova risque encore 15 ans de prison ferme
Selon le Huffington Post, ladite amende s’élève à 30 000 roubles soit environ 250 euros et concerne seulement le message vidéo diffusé par la journaliste contestataire. Dans cette vidéo, enregistrée avant même son intervention durant le JT, la productrice alertait sur le « crime » commis par la Russie en envahissant son voisin ukrainien.
Mais l’affaire est loin d’être terminée : si elle a été remise en liberté pour ce volet de l’incident, la courageuse journaliste risque encore des poursuites au pénal passibles de lourdes peines de prison. Elle pourrait être condamnée à 15 ans de réclusion criminelle si le pouvoir judiciaire décide de la poursuivre pour « publication d’informations mensongères » sur l’armée russe.
Marina Ovsiannikova, mère de deux enfants, n’a pas pour autant retourné sa veste lors de l’audience, réfutant toute culpabilité :
« Je reste convaincue que la Russie commet un crime (…) et qu’elle est l’agresseur de l’Ukraine. »
Pour paraphraser Rosa Parks, Marina Ovsiannikova, n’a pas fini de « vivre sa vie en essayant d’en faire un modèle pour les autres ». Et on ne peut que l’admirer pour ça.
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Image en Une : Marina Ovsiannikova – Instagram
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