« On me dit souvent que pour pouvoir jouer dans le cinéma français, être admirée, désirée, il faut se vendre aux yeux des hommes en tant que femme hétérosexuelle », déplore auprès de Libération Magdalena Korpas, actrice lesbienne.
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Suite aux propos de Muriel Robin quant à la lesbophobie du cinéma français dans l’émission « Quelle époque ! » sur France 2, notre consœur Rozenn Le Carboulec, autrice de Les humilié·es – Dix ans après le mariage pour tous, s’est attelée à donner la parole aux premières concernées. Et leur constat est sans appel : lorsque le cinéma français n’invisibilise pas les lesbiennes, il les sexualise. Ce qui a des répercussions directes sur leurs opportunités et leur carrières.
Entre hypersexualisation constante et invisbilisation
L’article met en évidence l’hypersexualisation que subissent les actrices lesbiennes dont leur orientation est connue dans la profession. À l’instar de Magdalena Korpas qui raconte avoir particulièrement été marquée par une audition pour un rôle dans un téléfilm de TF1. Se retrouvant dans un ascenseur avec trois hommes travaillant sur la série, elle les entend « tenir des propos pornographiques » : « Ils parlaient du rôle et échangeaient des rires graveleux en disant que voir une femme sur une femme, ça leur plairait bien. Ils voulaient mettre en avant deux lesbiennes un peu ‘chaudasses’ pour plaire au public masculin ».
Une hypersexualisation qui va de pair avec une forme d’invisibilisation de leur identité, comme si on les forçait à entrer dans un moule. Ce que décrit Marie Champion, qui se définit comme « gouine non-binaire ». Un jour, une réalisatrice lui dit qu’elle est trop « grande gueule » et lui rétorque : « Il faudrait que tu sois plus féminine, donc que tu serres les fesses, que tu mettes des talons, m’a-t-elle dit, alors que j’étais assise dans cette scène et qu’on ne voyait pas mes pieds », témoigne alors Marie Champion.
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Si certaines actrices lesbiennes se voient proposer des rôles ultra sexualisés, d’autres, sont sollicitées uniquement pour des rôles stéréotypés. Ce dont témoigne Soraya Garlenq, qui se définit comme « arabe, lesbienne, et activiste ». Au début de sa carrière, elle se voyait attribuer que des rôles de « taularde ou fille à problèmes ».
Un problème systémique, qui est aussi dû aux agents d’actrices, censés les représenter, et leur présenter des opportunités de rôles : « Les agents cristallisent les craintes de ce métier qui range les gens dans des boîtes », affirme Soraya Garlenq, avant de marteler : « Être pressée dans ce milieu ce n’est pas possible. Et quand tu es une femme, lesbienne, racisée, ça l’est encore moins. »
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