Live now
Live now
Masquer
Source : Instagram/librairiemajo
Société

Après la censure d’une librairie féministe, l’État condamné pour atteinte à la liberté d’expression

En décembre dernier, la vitrine des Parleuses, recouverte de messages féministes, avait été recouverte d’un drap par des policiers à l’occasion d’une visite de Gérald Darmanin.

L’action avait provoqué la colère des librairies féministes. Le 9 décembre dernier, la librairie niçoise Les Parleuses s’était vue censurée, à cause de collages féministes sur sa devanture. Ceci, en réaction à la visite de Gérald Darmanin venu visiter le futur hôtel des polices de la ville.

Ce lundi 26 juin, le tribunal de Nice a ainsi condamné l’État pour atteinte à la liberté d’expression, a révélé Libération. Il doit ainsi verser 1 000 euros à la librairie pour préjudice moral, ainsi que 1 000 euros pour indemniser les frais de justice.

Néanmoins, les excuses publiques demandées n’ont pas été retenues par le tribunal administratif.

À lire aussi : « Qui sème l’impunité récolte la colère » : pourquoi des libraires s’insurgent face à la censure de Gérald Darmanin ?

« Violeurs on vous voit, victimes on vous croit »

Pour comprendre cette condamnation, il faut revenir quelques mois en arrière. Le 6 décembre dernier, la librairie recevait la journaliste Hélène Devynck autrice du livre Impunité, et l’une des nombreuses victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor accusé de viols et d’agressions sexuelles par plus d’une vingtaine de femmes.

Au cours de la rencontre, germe l’idée d’afficher en vitrine des messages féministes. Car la librairie est située place du général Georges Marshall, soit tout près du futur hôtel des polices, où Gérald Darmanin doit effectuer une visite trois jours plus tard. Les libraires des Parleuses contactent alors des colleuses locales, rapporte Le Monde.

« Qui sème l’impunité récolte la colère », « Violeurs on vous voit, victimes on vous croit » sont ainsi affichés sur la devanture de la librairie, tôt dans la matinée, juste avant la visite du ministre. Mais quelques heures plus tard, les gérantes assistent à l’installation d’une bâche noire devant leur vitrine par des forces de l’ordre.

Un « détournement de pouvoir » ?

Une censure qui a provoqué un scandale, la librairie ayant reçu de nombreux soutiens de la part de leurs consœurs de L’Affranchie à Lille, ou encore Un livre et une tasse de thé à Paris, qui, en geste de solidarité, ont affiché les mêmes messages sur leur devanture.

La décision de justice rendue par le tribunal administratif de Nice a ainsi ravi les libraires : « On a fait la danse de la joie. On est hyper heureuses (…) C’est une reconnaissance symbolique. Le propos c’est de dire : ‘on ne détourne pas les forces de police parce qu’un message déplaît au ministère’ », a réagit l’une d’elles, Anouk Aubert.

Mais cette décision de justice n’est qu’un premier pas. Selon l’avocate des libraires Lorraine Questiaux, la prochaine étape est savoir si Gérald Darmanin était dans un « détournement de pouvoir » : « La procédure qui viendra vise à obtenir confirmation qu’il s’agit bien d’un acte illégal, et de déterminer qui est l’auteur de l’acte illégal », a-t-elle confié à nos confrères de Libération, estimant être « confiante » pour les suites judiciaires.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

2
Avatar de Mayushi
27 juin 2023 à 18h06
Mayushi
Moi je te trouve ça plutôt triste en réalité, pour 1 000 euros l'Etat peut te faire fermer la bouche en gros. Ce genre de sanction même si sur le fond ça fait plaisir (au moins on reconnait la culpabilité de l'Etat) dans la réalité ça fait flipper. On vit dans un monde qui avance tellement vite, plus personne se souvient de cette histoire ou presque, l'impact est nul pour les censeurs qui recommenceront vu la peine aussi dérisoire.
On devrait condamner des personnes physiques pour ce genre de choses et non pas juste l'Etat, il a bon dos l'Etat, le pire c'est que c'est nous qui payons indirectement ces 1 000 euros. (Bon tant mieux ça va pour une librairie féministe, mais qu'on fasse payer Darmanin de sa poche plutôt...)
11
Voir les 2 commentaires

Plus de contenus Société

Source : Getty Image / MARIA DUBOVA
Féminisme

Ève, 42 ans : « Quand il m’a demandé où était le nettoyant après six mois de vie commune, j’ai pleuré »

5
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-13T154058.525
Santé

« Ah, on dirait que t’as le cancer » : Laure raconte comment l’alopécie affecte son quotidien

6
[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T170053.120
Santé

« On n’en parle pas assez, mais être malade prend du temps ! » : Solène raconte son quotidien avec une maladie chronique invisible

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T164414.844
Société

« Je n’ai pas porté plainte parce qu’il y a des enfants en jeu » : Jade, victime d’exploitation domestique à 17 ans

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T115104.723
Santé

« Le sommeil occupe une place bien plus importante dans ma journée » : Quitterie, 25 ans, raconte son quotidien avec la sclérose en plaques

Capture d’écran 2024-09-06 à 16.28.20
Bien-être

« On souffre en silence » : 3 femmes nous parlent sans tabou de leurs douleurs menstruelles

Capture d'ecran Youtube du compte Mûre et Noisettes
Argent

Je suis frugaliste : je vis en dépensant moins de 1000 euros par mois (et je vais très bien)

73
Capture d’écran 2024-09-06 à 16.30.20
Bien-être

Douleurs de règles : et si on arrêtait de souffrir en silence ? Une experte nous explique pourquoi il est crucial de consulter

La société s'écrit au féminin