L’action avait provoqué la colère des librairies féministes. Le 9 décembre dernier, la librairie niçoise Les Parleuses s’était vue censurée, à cause de collages féministes sur sa devanture. Ceci, en réaction à la visite de Gérald Darmanin venu visiter le futur hôtel des polices de la ville.
Ce lundi 26 juin, le tribunal de Nice a ainsi condamné l’État pour atteinte à la liberté d’expression, a révélé Libération. Il doit ainsi verser 1 000 euros à la librairie pour préjudice moral, ainsi que 1 000 euros pour indemniser les frais de justice.
Néanmoins, les excuses publiques demandées n’ont pas été retenues par le tribunal administratif.
À lire aussi : « Qui sème l’impunité récolte la colère » : pourquoi des libraires s’insurgent face à la censure de Gérald Darmanin ?
« Violeurs on vous voit, victimes on vous croit »
Pour comprendre cette condamnation, il faut revenir quelques mois en arrière. Le 6 décembre dernier, la librairie recevait la journaliste Hélène Devynck autrice du livre Impunité, et l’une des nombreuses victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor accusé de viols et d’agressions sexuelles par plus d’une vingtaine de femmes.
Au cours de la rencontre, germe l’idée d’afficher en vitrine des messages féministes. Car la librairie est située place du général Georges Marshall, soit tout près du futur hôtel des polices, où Gérald Darmanin doit effectuer une visite trois jours plus tard. Les libraires des Parleuses contactent alors des colleuses locales, rapporte Le Monde.
« Qui sème l’impunité récolte la colère », « Violeurs on vous voit, victimes on vous croit » sont ainsi affichés sur la devanture de la librairie, tôt dans la matinée, juste avant la visite du ministre. Mais quelques heures plus tard, les gérantes assistent à l’installation d’une bâche noire devant leur vitrine par des forces de l’ordre.
Un « détournement de pouvoir » ?
Une censure qui a provoqué un scandale, la librairie ayant reçu de nombreux soutiens de la part de leurs consœurs de L’Affranchie à Lille, ou encore Un livre et une tasse de thé à Paris, qui, en geste de solidarité, ont affiché les mêmes messages sur leur devanture.
La décision de justice rendue par le tribunal administratif de Nice a ainsi ravi les libraires : « On a fait la danse de la joie. On est hyper heureuses (…) C’est une reconnaissance symbolique. Le propos c’est de dire : ‘on ne détourne pas les forces de police parce qu’un message déplaît au ministère’ », a réagit l’une d’elles, Anouk Aubert.
Mais cette décision de justice n’est qu’un premier pas. Selon l’avocate des libraires Lorraine Questiaux, la prochaine étape est savoir si Gérald Darmanin était dans un « détournement de pouvoir » : « La procédure qui viendra vise à obtenir confirmation qu’il s’agit bien d’un acte illégal, et de déterminer qui est l’auteur de l’acte illégal », a-t-elle confié à nos confrères de Libération, estimant être « confiante » pour les suites judiciaires.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
On devrait condamner des personnes physiques pour ce genre de choses et non pas juste l'Etat, il a bon dos l'Etat, le pire c'est que c'est nous qui payons indirectement ces 1 000 euros. (Bon tant mieux ça va pour une librairie féministe, mais qu'on fasse payer Darmanin de sa poche plutôt...)