Au cinéma, il arrive que certaines semaines soient moins stimulantes que d’autres. Forcément, on ne peut pas avoir un Woman King ou un L’Origine du Mal tous les mercredis, même si les sorties du mois de novembre s’annoncent particulièrement réjouissantes.
Heureusement, en cherchant bien, et en assistant à plusieurs séances très moyennes, on finit par dénicher une sortie qui vaut la peine de sortir de chez soi.
Cette semaine, notre Premier Rang est Le pharaon, le Sauvage et la Princesse de Michel Ocelot. Le nouveau film du papa de Kirikou est sorti en salle ce mercredi 19 octobre.
Le pharaon, le Sauvage et la Princesse, de quoi ça parle ?
Après une Afrique de l’Ouest et un Maghreb teintés de magie dans Kirikou et Azur et Asmar puis une immersion dans le Paris de la Belle Époque avec Dilili à Paris, Michel Ocelot laisse libre cours à son imaginaire dans son nouveau film. Cette fois, il n’est pas question de choisir : le réalisateur nous donne à voir trois contes, trois époques et trois univers.
Le film nous transporte de l’Égypte antique à l’Auvergne médiévale et termine sur l’Empire ottoman du XVIIIe siècle, dans des costumes ottomans et des palais turcs. Le métrage d’1h20 à peine est peuplé de dieux, de tyrans, de justiciers, d’amoureux astucieux, de princes et de princesses n’en faisant qu’à leur tête dans une explosion de couleur.
Le retour aux sources de Michel Ocelot
Depuis Kirikou et les Bêtes sauvages en 2005, Michel Ocelot n’a cessé de s’adapter aux nouvelles technologies du cinéma d’animation. Sorti en 2018, Dilili à Paris était une véritable expérimentation formelle dans laquelle le réalisateur mélangeait des photos de Paris qu’il avait lui-même prises, des décors en 3D et des personnages illustrés en à plats de couleurs vives.
On pouvait donc s’attendre à ce qu’il continue cette exploration technique dans son nouveau métrage. Pourtant, il n’en est rien. Le pharaon, le Sauvage et la Princesse est davantage un retour aux sources du réalisateur et un hommage à sa propre filmographie. Ainsi, on retrouve le réconfort de Princes et Princesses (2000) ou des Contes de la Nuit, ses deux films en ombres chinoises dans lesquels des personnages racontaient plusieurs contes à l’intérieur du film, dans une grande sobriété scénaristique et visuelle.
Ainsi, chaque conte a sa propre identité visuelle, ce qui rend le film particulièrement divertissant. Il y a aussi une grande cohérence entre la forme et le fond, puisque l’esthétique du conte est toujours liée à l’époque, au lieu et au sujet représenté.
Par exemple, les personnages de la deuxième histoire sont des ombres chinoises noires à l’aspect plutôt figé. En effet, Le Sauvage met en lumière la violence d’un riche châtelain obscurantiste à l’esprit fermé. À l’inverse, le dernier conte, qui raconte la rencontre entre le monde d’un vendeur de beignets et d’une princesse est beaucoup plus animé, coloré et rappelle la splendeur visuelle d’Azur et Asmar.
En ce mois d’octobre nuageux, Le pharaon, le Sauvage et la Princesse est donc la sortie cinéma parfaite pour faire voyager les enfants à travers l’espace et le temps, ou simplement pour croquer soi-même dans une jolie madeleine de Proust.
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Crédit de l’image à la Une : © Nord Ouest
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