- Prénom : Constance
- Âge au moment de l’accouchement : 31 ans
- Bébé attendu le : 14 février
- Bébé arrivé le : 17 février
- Heure d’arrivée à la maternité : 10 heures (le mardi)
- Heure de l’accouchement : 5 heures (le jeudi)
- Poids : 2,9 kilos
En 2021, mon mari et moi avions une situation stable, mon stérilet arrivait à la fin de ses 5 ans et devait être retiré, et le timing nous semblait bon : nous avons décidé de nous lancer dans un projet bébé. Nous avons simplement stoppé la contraception après le retrait de mon DIU, et ma grossesse a démarré trois mois plus tard ! Nous étions très heureux.
Cette période de gestation s’est plutôt bien passée, si l’on met de côté les nausées et vomissements du 1er trimestre où j’ai perdu plusieurs kilos, et la sciatique du dernier trimestre qui m’a fait très mal pendant plusieurs semaines. Entre les deux, j’avais pu faire du sport doux comme les pilates, le yoga prénatal ou la natation, et je pense que cela m’a beaucoup aidé pour mon accouchement.
L’envie d’un accouchement aussi physiologique que possible
Je m’étais beaucoup préparée à l’accouchement, que je souhaitais le plus physiologique possible, sans pour autant fermer la porte à des aides médicales comme la péridurale. Un peu de méditation et de sophrologie, des lectures de livres sur la gestion de la douleur etc… j’étais très motivée !
Comme notre dossier n’avait pas été retenu pour la maison de naissance près de chez nous, nous avions fait un dossier à la clinique d’à côté, que des connaissances nous avaient recommandée, et il est vrai qu’on avait bien été accueillis pendant l’inscription. Le fait qu’ils aient une salle « Nature » m’avait attirée.
À huit mois, notre bébé était toujours en position de siège. Malgré les positions censées l’aider à se tourner, son gabarit un peu plus petit que la moyenne et les séances d’acupuncture, rien n’y faisait. J’ai même tenté des choses qui relèvent de la fantaisie pour moi, comme faire brûler des bâtons de Moxa près de ses petits orteils ! La clinique nous a alors expliqué que chez eux, un bébé en siège équivalait à une césarienne, et qu’ils ne pratiquaient pas de version manuelle externe (technique consistant à retourner le bébé manuellement en appuyant sur le ventre, en gros). Nous avons accusé le coup, et on nous a donné rendez-vous une semaine plus tard pour programmer la date de la césarienne.
Un bébé en position de siège
À ce rendez-vous, retournement de situation. On nous dit qu’un accouchement par voie basse serait « techniquement possible », mais que cela dépendrait du gynécologue présent ce jour-là. J’ai donc une chance sur sept d’avoir un gynéco qui me laisserait tenter la voie basse…
On nous a également dit que si on programmait une césarienne, ils ne feraient pas de voie basse même si le bébé se retournait ! Nous étions un peu choqués de cet « engagement » qu’on nous demandait. Nous avons eu l’impression de ne pas être écoutés, et sommes ressortis dépités du rendez-vous, sans avoir programmé quoi que ce soit.
Après réflexion, nous avons pris la décision, un mois avant le terme, de nous inscrire dans une autre maternité, celle de l’hôpital qui n’avait certes pas de salle nature, mais où les gynécologues étaient beaucoup plus à l’écoute et prêts à prendre le risque d’un accouchement par le siège en voie basse.
Entre temps, la sage-femme qui me suivait m’a proposé un rendez-vous pour une version par manœuvre externe. J’ai accepté, car je voulais tout tenter pour retourner mon bébé et avoir une chance d’accoucher sans césarienne. Finalement, la version a marché et bébé s’est retrouvé tête en bas pendant le dernier mois ! Mon projet de naissance me semblait à nouveau possible.
Le jour du terme, mon col est totalement fermé
Le jour du terme, je suis allée faire un contrôle à la maternité qui a montré que tout allait bien, mais que le col était totalement fermé. On m’a dit de ne pas hésiter à m’activer, de marcher, et de revenir deux jours plus tard si le travail n’avait toujours pas commencé.
J’ai donc fait les courses, mangé au restaurant avec mon mari, regardé un film sur mon ballon de gym, et nous avons même dansé un peu dans le salon avant d’aller me coucher. Après une journée à m’activer, j’étais prête pour une bonne nuit de sommeil. Sauf que la peau des eaux s’est fissurée à 23 heures ! Je bascule alors dans le moment présent et ne pense à plus rien d’autre.
Le travail commence tout de suite après. Les contractions sont tout à fait gérables, et je dis à mon mari de dormir le plus possible pendant que je gère les contractions dans le lit, en essayant de dormir entre chaque.
Vers trois ou quatre heures du matin, elles deviennent plus intenses et je me lève pour marcher, prendre une douche chaude, grignoter un peu dans le salon, puis je gère les contractions sur mon ballon en attendant que mon mari se réveille. Je fais des hmmmm avec une voix grave comme vu en séance de préparation à l’accouchement. Vers 7 heures du matin, à la relève des sages-femmes, j’appelle la maternité pour les prévenir qu’on arrivera vers 9 ou 10 heures du matin, car je ne dois pas laisser plus de 12 heures après la fissuration de la poche des eaux sans que l’on m’injecte un antibiotique pour éviter tout risque infectieux pour le bébé.
Après 24 heures de travail, je fatigue
Nous sommes le mardi matin et après 12 heures de contractions, je suis dilatée à un centimètre. Je me doutais que mon col ne serait pas très ouvert, mais à ce point, c’est dur à encaisser. Les sages-femmes me laissent gérer mes contractions et je m’en sors bien, elles m’encouragent.
Je fais quelques aller-retour entre la chambre d’hôpital et la salle de travail, je prends deux douches chaudes avec le ballon de gym… Et quand vient le soir, je ne suis qu’à deux centimètres de dilatation. Après 24 heures de travail, je commence à fatiguer un peu, mais la question de la péridurale ne se pose pas. On me propose un dérivé de morphine pour la nuit, histoire que je puisse me reposer entre deux contractions. J’accepte, et la voie veineuse se bouche. Elle se bouchera régulièrement tout au long de mon accouchement, et sera débouchée à chaque fois avec une injection sous pression d’eau, qui est très douloureuse. Cependant, le médicament marche bien.
Je gère mes contractions sur le ballon toute la nuit en faisant des tsssss ou des oooooouh, j’ai des visualisations des contractions qui s’imposent à moi et qui m’aident beaucoup à gérer la douleur. Par exemple, celle d’une lance à incendie qui vient arroser des sapins, plus les sapins sont grands et plus la contraction est forte, et ma lance vient éteindre la douleur comme on éteint un incendie. Ou un sismographe qui représente l’intensité des contractions… La deuxième injection au milieu de la nuit ne marche pas (à cause d’un cathéter bouché à nouveau), mais je ne m’en rends compte que plusieurs heures plus tard, quand je décide d’appeler la sage-femme parce que les douleurs reviennent et m’empêchent de m’assoupir. La deuxième injection faite, je peux « finir » ma nuit, piquant du nez entre chaque contraction. Mon mari se lève de sa chaise à chaque fois pour me masser le dos.
Je continue à gérer les contractions
Le matin, nous appelons une sage-femme vers 9 ou 10 heures pour faire le point. Je n’arrive pas à garder le peu de nourriture que je mange, on me donne un peu de jus de fruit que je sirote. On me propose également quelques Spasfons pour détendre un peu le col qui a toujours du mal à s’ouvrir : je ne suis qu’à 4 centimètres.
Malgré tout, je me sens suffisamment reposée pour continuer à gérer les contractions, qui sont beaucoup plus fortes. J’alterne entre le ballon et la marche, et vis les contractions en m’appuyant contre un mur ou contre mon mari, qui me fait des points d’acupression dans le bas du dos ou me masse un peu les épaules.
Je reprends une douche, mais j’ai énormément de mal à me déshabiller, et c’est mon mari qui m’aide à me sécher et à me rhabiller. Vers 16 heures, je suis à 7 centimètres et on me propose d’aller dans la salle de naissance. On me met un appareil de monitoring nomade pour que je puisse être libre de mes mouvements. Les sages-femmes sont très optimistes, elles sont persuadées que mon bébé va naître dans quelques heures. Après ça, je commence à faire une fixette sur le temps qui passe.
Le temps semble alors très, très long, et j’entre dans la phase de désespérance. On me propose du gaz hilarant pour aider un peu, mais je perds totalement le contrôle de mes contractions et commence à hurler comme un cochon qu’on égorge – je ne pensais pas pouvoir hurler aussi fort et longtemps.
Nous sommes jeudi minuit, cela fait 48 heures que ma poche des eaux s’est fissurée
Après une demi-heure, nous décidons d’arrêter le gaz. J’essaie ensuite différentes positions sur le matelas de gym, parfois en m’aidant de la liane en tissu à disposition, mais rien n’y fait, le travail avance très lentement et je ne comprends pas pourquoi mon col ne s’ouvre pas plus. Je commence à n’en plus pouvoir, je gémis, je crie. On m’ausculte, je suis à 9 centimètres, j’y suis presque ! Nous sommes maintenant jeudi, il est minuit, et cela fait plus de 48 heures que ma poche des eaux s’est fissurée. L’appareil nomade tombe en panne de batterie (ça ne leur était jamais arrivé !) et je retourne sous monitoring classique.
On me propose alors une péridurale avec une injection d’ocytocine. Je pèse le pour et le contre, et je veux surtout que le travail se termine, alors j’accepte l’ocytocine mais sans la péridurale. Les contractions sont vraiment plus fortes, et j’arrive à 9 centimètres et demi. Nous tentons une poussée mais rien n’y fait, ce dernier demi-centimètre est vraiment nécessaire pour faire sortir le bébé.
On me propose à nouveau la péridurale et cette fois-ci j’accepte, car le risque de césarienne pointe le bout de son nez et après autant d’heures à gérer par moi-même la douleur, je ne ressens aucune culpabilité à accepter ce coup de pouce médical. Je demande quand même à ce qu’on me mette la plus petite dose possible car je souhaite garder des sensations, notamment pour la poussée. Par chance, je suis la seule parturiente de tout le service cette nuit-là, et l’anesthésiste arrive très vite. La péri est posée rapidement, aisément, et on m’allonge sur la table de naissance avec un drap.
Le moment de la poussée
Il est 2 heures du matin et mon mari et moi nous accordons quelques heures de sommeil, le temps que mon col finisse de se détendre et de s’ouvrir. Je ressens beaucoup de soulagement à sentir les contractions sans douleur.
Un peu avant 5 heures du matin, je sens la tête qui affleure et j’appelle la sage-femme pour lui dire que je sens que ça pousse. L’auxiliaire de puériculture arrive et nous sommes prêts pour la poussée. Je suis en position classique sur le dos avec les jambes écartées, mais ça ne me gêne pas – je ne me sens pas la force de tenter d’autres positions. Mon dernier repas remonte au mardi midi et cela fait plusieurs heures que je ne peux plus boire.
Je me base sur les contractions pour pousser, et la douleur est vraiment forte. Je ne hurle pas car je pousse en apnée, mais j’ai l’impression que je vais me déchirer en deux, j’ai peur que la tête ne passe pas. Je me concentre sur les indications de la sage-femme, je m’accroche à ses encouragements tout en tenant la main de mon mari comme si ma vie en dépendait. La sage-femme utilise du pousse-mousse pour masser le périnée et aider la tête du bébé à glisser.
La poussée dure 20 ou 30 minutes quand soudain, j’ai l’impression que mon enfant sort d’un coup ! J’entends la sage-femme qui me dit « Prenez-la, prenez votre petite fille! » et je tends les bras faiblement, complètement sonnée. Je vois un petit bébé tout rose qui agite tous ses membres et qui crie, comme dans les films !
On me la pose sur moi, et je pleure d’émotions. Mon mari pense à prendre une photo de ce moment si intense. Il est 5 heures du matin, et après 54 heures de travail, je suis maman.
Le gynécologue de garde a eu confiance en moi
Ayant eu une petite déchirure, je laisse mon mari couper le cordon et faire la pesée et le peau à peau pendant que j’expulse le placenta et qu’on me recoud. Je me sentais encore trop sonnée et j’avais peur de ne pas profiter du moment si on me faisait le peau à peau tout de suite. La sage-femme et moi profitons de la suture pour débriefer de l’accouchement et de la poussée. Je demande à voir le placenta ainsi que mes points de suture. Mon périnée était très tonique et le col très tendu, et sans la péridurale j’aurais probablement eu une césarienne. Mais le gynécologue de garde a eu confiance en moi et m’a donné ma chance d’aller jusqu’au bout par voie basse.
Finalement, on me pose ma fille en peau à peau. Elle ne tète pas, mais suçote son petit bracelet, ses yeux grand ouverts. Nous remontons dans notre chambre à 7 heures du matin, et mon téléphone resté au fond du sac tout ce temps affiche plein de messages des gens qui s’inquiétaient de ne plus avoir de mes nouvelles. Mon mari reste quelques heures puis va se laver et se coucher, ce qu’il n’avait pas fait depuis 3 jours. Il est resté auprès de moi sans manger et dormir pendant plus de 48 heures, et je n’aurais jamais été aussi loin dans ma gestion de la douleur et des contractions sans son soutien. C’est mon héros !
Avec du recul, mon accouchement était assez éloigné de l’accouchement physiologique que j’imaginais, mais chaque aide médicale ou médicament nous ont été proposés sans pression, et nous avons toujours pu débattre des conséquences possibles si nous acceptions ou refusions. J’ai le sentiment d’avoir eu ce qu’il me fallait au bon moment, et vu la lenteur du travail, ces petites aides étaient nécessaires ! Je n’ai aucun regret sur cet accouchement. Les sages-femmes m’ont encouragée tout au long, elles nous ont laissé mon mari et moi gérer les contractions, nous ont fait confiance, et nous ont écouté. Si c’était à refaire, je le referais !
Crédit photo : Pexels / Pixabay
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Les Commentaires
Mon travail a duré 12h pour mon premier bébé, franchement ça a été une tannée, je l.ai demandée cette péridurale et elle n'a pas fait effet pendant les contractions.