Faible apprentissage de la lecture, frais de scolarité élevés… Dans un article publié sur BFM.com, des parents d’élèves remettent en cause la pédagogie d’écoles qui se disent Montessori mais qui n’en appliquent pas la méthode. L’Association Montessori de France dénonce de son côté des « arnaques » de la part de produits dérivés de l’organisation.
« En CE1, la fille de Lucas* ne « savait toujours pas lire » ». Pourtant, souvent présentée comme avant-gardiste, voire élitiste, de nombreux parents d’élèves remettent en cause la pédagogie des écoles Montessori dans une enquête parue sur BFM.com.
Inspirées par la pédagogie inventée au début du XXe siècle par Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne, ces écoles privées font tout pour encourager l’autonomie des enfants qui choisissent librement leurs activités et évoluent dans un environnement adapté (mobilier, matériel, rythme, etc.).
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Mais des parents témoignent de nombreux dysfonctionnements d’apprentissage de leurs enfants. Lucas, principal témoin de l’enquête, raconte : « J’ai alerté les éducatrices dès le CP, qui m’ont répondu que tout était normal, qu’elles attendaient le ‘déclic’ de ma fille ». Tout comme Amira Jourdain témoigne que son fils « a fini son année de CE1 en sachant à peine lire ».
Des évaluations irrégulières, un apprentissage de l’anglais inexistant, un retard sur les mathématiques, éducateurs mal formés… « J’ai payé 10.000 euros par an et ce n’est même pas qu’il n’y a pas eu de résultat (…) ma fille a pris du retard », dénonce Lucas.
Des « arnaques » et « dérives » selon l’Association Montessori de France
Néanmoins, l’enquête démontre que certaines écoles Montessori, bien qu’elles en portent le nom, n’ont pas été approuvées par l’Association Montessori de France (AMF). Nadia Hamidi, sa présidente, parle « d’arnaques » et de « dérives » mettant en garde les parents d’élèves, notamment sur des jouets Montessori, qui ont adopté le nom, mais n’ont pas été approuvés par l’organisation.
Car si la France compte 400 écoles dites Montessori, seules 170 sont adhérentes à l’AMF et 25 d’entre elles sont auditées — une fois tous les trois ans — pour vérifier qu’elles appliquent à la lettre la charte Montessori. L’école où était scolarisée la fille de Lucas n’avait pas engagé cette démarche.
« Il y a plein de structures qui se disent Montessori, mais qui n’utilisent pas le matériel certifié AMI (Association Montessori internationale, NDLR), dont le personnel n’est pas diplômé par l’Institut supérieur Maria Montessori », témoigne-t-elle.
Nadia Hamidi, présidente de l’AMF
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Des méthodes vraiment efficaces ?
En 2021, une étude scientifique menée à Lyon a tenté d’évaluer les progrès entre les élèves d’école maternelle Montessori et d’école publique de la ville.
Si les performances en termes de capacités mathématiques et d’aptitudes sociales se sont révélées similaires, il semble y avoir eu une différence quant aux compétences en lecture. « En d’autres termes, le curriculum Montessori permettait d’atténuer l’effet de ces inégalités sur les débuts de l’apprentissage de la lecture ! », déclarait Jérôme Prado, chercheur CNRS au Centre de recherche en neurosciences de Lyon-CRNL.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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