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Beauté

Faut-il faire confiance aux applis qui décryptent les cosmétiques ?

Les applications pour scanner la composition des cosmétiques sont de plus en plus répandues, mais à quel point sont-elles fiables ? Lucie s’est penchée sur la question pour toi, elle te dit tout ici !

— Publié le 2 août 2019

De plus en plus de personnes dans mon entourage qui souhaitent se tourner vers des produits de beauté plus naturels utilisent des applications de décryptage de cosmétiques.

INCI Beauty, Yuka, QuelCosmetic, et j’en passe : chacune a sa préférence, et bien souvent, elle ne jure que par ça.

Moi-même, j’ai longtemps utilisé ces applications cosmétiques, jusqu’à voir une vidéo de La Petite Gaby qui m’a mis la puce à l’oreille…

Ça m’a finalement donné envie de me pencher sur la façon dont ces outils fonctionnent au lieu de suivre aveuglément leurs indications.

Alors, faut-il vraiment faire confiance aux applications cosmétiques ?

Applications cosmétiques : en quoi consistent-elle ?

Si tu n’as aucune idée de quoi je parle, ces applications permettent de scanner des produits de beauté afin de savoir si leur composition est « bonne » ou « mauvaise ».

Je mets ici des guillemets parce que, tu vas le voir, ces notions sont relatives à l’application dont il s’agit.

En gros tu prends ton téléphones, tu scannes le code barre de ton produit, et selon l’appli que tu utilises, elle lui attribue une note, ou encore elle t’indique les ingrédients « à risque » qui le composent.

Sur l’application QuelCosmetic, par exemple, tu peux savoir si le produit en question comporte des risques pour les bébés, les adultes, ou encore les femmes enceintes.

Chez Yuka, il s’agit d’un système de notation sur 100 qui se fait en fonction de la composition.

Applications cosmétiques : sur quoi se basent-elles ?

La première chose sur laquelle je ne m’étais jamais penchée, c’est les sources sur lesquelles se basent ces applications cosmétiques.

Le problème, c’est que bien souvent, ce ne sont pas des experts en composition et formulation cosmétique qui établissent les notations.

Selon le journal 20 Minutes, Yuka, dont la partie alimentaire est gérée par des nutritionnistes professionnels, se base sur des sources plus ou moins fiables comme Open Beauty Facts, un site de données ouvertes à tout le monde.

D’autres sources scientifiques sont également sollicitées, comme le Centre International de Recherche sur le Cancer (toujours selon 20 Minutes), je te rassure !

Mais quand l’appli te donne une note, tu ne sais pas sur quelle source elle se base.

Applications cosmétiques : le manque d’harmonisation dans la notation

Ce qui me pose problème vis-à-vis de ces applications de décryptage, c’est que d’une appli à l’autre, la notation peut varier.

Scanner un même produit dans 3 applications cosmétiques différentes

Prenons un exemple concret : j’ai scanné un lait hydratant pour le corps qui traînait à la rédac dans trois applications différentes que j’appellerai A, B et C.

Dans l’appli A, seuls trois ingrédients sont indiqués comme risqués : le Phénoxyéthanol (conservateur et solvant), le Linalool (composé aromatique), et l’Eugenol (composant issu du clou de girofle). Ces deux derniers sont signalés comme allergènes.

Application B, mêmes trois ingrédients dans les composants risqués.

Mais bizarrement, deux ingrédients supplémentaires les rejoignent : PEG-30 Dipolyhydroxystearate (émulsifiant très polluant), et Trideceth-6 (émulsifiant également).

Tous ces ingrédients, mis à part le Phénoxyéthanol (indiqué comme risque modéré), indiquent un risque faible.

Passons maintenant à l’appli C

. Ici, on retrouve les mêmes ingrédients à risques que dans l’appli B, mais déjà la notation diffère.

Alors que le Trideceth-6 indiquait un risque faible dans l’appli B, il est signalé au même niveau de risque que le Phénoxyéthanol dans l’appli C.

Par ailleurs, l’appli C recense en plus tout un tas d’autres ingrédients dits « risqués » comme le Dimethicone (silicone), le Sodium Benzoate (conservateur souvent présent dans les cosmétiques bio), et l’Acrylates (polymère de synthèse dérivé du plastique).

Donc pour résumer, alors que l’application A recense seulement 3 ingrédients risqués dont 2 dérivés d’huiles essentielles, l’application C signale beaucoup plus de composants risqués, notamment des composants polluants.

Je pense que tu commences à voir où je veux en venir…

Toute cette explication détaillée et un peu longue m’amène à la grande question suivante : d’où viennent ces différences ? Et quelle application a « raison » ?

Une prise de position différente selon les applications cosmétiques

Ce qui explique en partie ces différences, c’est la prise de position de chaque application vis-à-vis des ingrédients controversés comme les silicones, les sulfates et les sels d’aluminium.

Il suffit de se rendre dans la FAQ des applis pour avoir un ordre d’idée de la façon dont elles fonctionnent. Chez

QuelCosmetic par exemple, les sels d’aluminium et les PEG sont notés en vert car « il n’y a pas de consensus scientifique quant à leur sécurité ».

À l’inverse, du côté de Yuka, les ingrédients controversés sont quasiment systématiquement mal notés, même s’il ne s’agit que d’allergènes (et qui ne concernent donc que les personnes potentiellement allergiques).

C’est pourquoi on se retrouve avec d’un côté des produits à base d’ingrédients polluants et/ou nocifs (silicones, micro-plastiques, sels d’aluminium) relativement bien notés, et de l’autre, des produits bio qui se font descendre parce qu’ils contiennent des huiles essentielles qui sont des allergènes potentiels.

Applications cosmétiques : les éléments qu’elles ne prennent pas en compte

En fait, le plus gros souci pour moi dans ces applications cosmétiques, c’est qu’elles laissent de côté tout un tas d’éléments qui peuvent pourtant rentrer en compte dans le choix des consommateurs.

En l’occurrence, seuls les ingrédients individuels sont étudiés, et non le produit dans sa globalité : le procédé de fabrication, les certifications, l’impact environnemental, le marketing, les proportions de chaque ingrédient dans sa composition…

Ainsi, un produit sans emballage, certifié Cosmebio ou Ecocert, produit localement et de façon éthique, n’obtiendra pas forcément une meilleure notation qu’un produit fabriqué à l’autre bout du monde par des employés sous-payés.

Et un masque pour cheveux marketé « à l’huile d’argan » dont la liste d’ingrédients n’indiquerait l’argan qu’en avant-dernière position (c’est-à-dire en très faible proportion) n’en sera pas pénalisé dans sa notation.

Applications cosmétiques : et du coup, on fait quoi ?

Alors oui, je sais ce que tu te dis.

« C’est bien beau Lucie, mais du coup on fait quoi ? »

Je pense que le tout est d’être capable de raisonner intelligemment.

Certes, c’est très chouette que de telles applications existent pour nous aider à tendre vers une consommation plus naturelle de cosmétiques si c’est notre choix !

Même moi, je ne peux pas nier que j’ai appris beaucoup de choses sur les produits de ma salle de bain en commençant à les scanner.

Mais je reste persuadée qu’il est possible de faire largement mieux, notamment en prenant en compte les aspects qui entourent la production du produit que j’ai évoqués plus haut.

De ton côté, lectrice, plutôt que scanner systématiquement un produit de beauté et de le jeter directement à la poubelle s’il est mal noté, tu peux commencer par te renseigner plus en détail sur les ingrédients qui le composent.

L’application Clean Beauty, développée par des scientifiques spécialisés en cosmétologie, comporte un glossaire très bien fait et extrêmement détaillé, de même que le site La Vérité sur les Cosmétiques.

Tu verras qu’à force d’y rechercher des composants de produits, tu finiras par être familière avec les différents termes et à avoir moins de mal à décrypter les étiquettes de tes cosmétiques !

Et si tu as un doute sur la sincérité éthique et écologique d’une marque, n’hésite pas à te rendre sur son site Internet.

Le plus souvent, les marques vraiment éthiques sont plutôt faciles à repérer parce qu’elles mentionnent ostensiblement leurs certifications et leurs engagements.

En tout cas j’espère que cet article t’aura aidé à mieux comprendre les applications cosmétiques.

Et si tu as toi-même des informations les concernant ou des solutions alternatives, j’attends de pied ferme que tu les partages en commentaires !

À lire aussi : Pourquoi se laver le visage sous la douche n’est pas forcément une bonne idée


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

12
Avatar de Miss Rayven
19 juillet 2020 à 08h07
Miss Rayven
J'avais commencé à utiliser INCI et Yuka sur conseil d'une connaissance.
Première déconvenue : un lait pour le corps pourtant très bien noté sur INCI avec des ingrédients dits "safe". J'ai eu la plus grosse crise d'urticaire de ma vie. En regardant en ligne ( les avis sur beauté test il me semble) je vois qu'en fait un des ingrédients est connu pour être fréquemment responsable de réaction allergique.
Seconde déconvenue : faire mes courses me prenait des plombes vu que je checkais tout ce que je prenais.
Donc j'ai désinstallé ces appli et je compte plutôt sur mon bon sens. Pour la bouffe notamment j'essaye au max de prendre des produits non transformés et bio.
Pour les cosmétiques pareil, marque bio et véganes et je passe par internet si j'ai un doute sur un composant pour un produit que j'achète pour la première fois.
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