Il faut dire qu’elle s’est définitivement classée au rang d’auteur féminin favori de ma bibliothèque. L’ayant découverte avec Baise-moi et Les chiennes savantes, j’ai enchaîné chacune de ses petits pépites vitriolées, un sourire ravi s’étalant entre mes deux oreilles. C’est que, je le reconnais facilement, j’adore les histoires de familles, les romans de riens, faits d’instants de vie, la douceur, la douleur, les jolis mots.
Mais parfois… Un bon coup de poing dans les tripes, c’est salutaire. La demoiselle s’y emploie à merveille et y réussit parfaitement. Un style qui happe et coupe le souffle
. Une plume qui tient en haleine, un ton dur, un parti pris. Un vocabulaire qui renvoie dans les cordes, sans être jamais gratuit.
Ce roman réussit l’exploit de mêler critique sociale, coups de gueules répétés, road-movie, enquête de privés, sexualité débridée et soleil Barcelonais.
D’aucuns encensent son style, sa plume, tout en regrettant les termes qu’elle emploie. Incompréhension. Une écriture d’une telle qualité en étant aussi vulgaire, c’est tout simplement jubilatoire.
Le roman commence par la disparition d’une gamine de 15 ans, petite richarde mal dans ses pompes, dont la famille préfèrera une enquête privée à des retombées médiatiques malodorantes. Valentine, de son prénom, se retrouvera rapidement filée par Lucie, privée moyenne, dont la nonchalance frise l’apathie. Déphasée, elle se laisse porter par ses premières impressions remettant en perspective la notion toute relative de déviance. On la découvre finalement bien plus naïve que réellement simple.
Lucie est presque immédiatement dépassée par les évènements, et se retrouvera vite flanquée d’un acolyte hors norme, « La Hyène ». Une lesbienne revendiquée, une furieuse, violente et emportée, mais remarquablement douée en matière de disparition. Un cocktail détonnant que celui d’un être candide et d’un autre bien plus sardonique.
Le point de départ est donc relativement classique. Une disparition, des enquêtrices, une mission. Sauf qu’il jaillira de ce mélange une gerbe de mots acides, crus et cruels. Chacun en prendra pour son grade : gosses de riches, écrivains, lesbiennes, hétéros, policiers, religieuses. Virginie Despentes crache sur tout et sur tout le monde, personne n’est épargné, mais personne n’en ressort vraiment vexé. Il y a une flamme, un combat derrière tout ça. Et c’est un délice de suivre l’auteur dans ses pérégrinations, ses égarements. On en oublie par instants la gamine, ce qui ne rendra que plus violent encore l’aboutissement.
Ce roman a obtenu le prix Renaudot, en 2010.
> Référence : Apocalypse bébé, de Virginie Despentes
Les Commentaires
Ca me fait plaisir de lire ça
Si j'ai bien compris ta question, je t'ai répondu avec mon autre compte
Lis le vite alors J'espère qu'il te fera le même effet qu'à moi.