Le confinement peut être synonyme de petits ou de gros tracas d’ordre psychologique.
Pour ma part, il décuple mon anxiété, à laquelle je suis déjà assez sujette en temps normal.
L’anxiété pendant le confinement
Et on dirait bien que je ne suis pas la seule ! Sur les réseaux sociaux, les mèmes sur les états d’âmes liés à l’épidémie de coronavirus pullulent.
Un compte intitulé @corona_anxieux_united a même vu le jour !
Je me reconnais particulièrement dans cette publication, qui évoque l’angoisse générée par l’incertitude dans laquelle nous plonge la situation :
Si tu es comme moi, la lecture de cet article devrait t’aider !
J’ai interrogé pour toi la psychologue Marie Lafond qui m’a donné des tips pour mieux gérer son anxiété pendant le confinement.
Mais au fait, c’est quoi, l’anxiété ?
« L’anxiété est une crainte diffuse qui n’est pas forcément dirigée vers un objet précis.
On se sent oppressé et souvent submergé par des pensées qui se bousculent.
Cela peut aller jusqu’à des symptômes physiques comme une respiration accélérée ou une oppression de la poitrine. »
Pourquoi le confinement augmente notre anxiété ?
Une étude publiée dans The Lancet confirme que le confinement peut engendrer de multiples soucis de santé mentale, comme des troubles émotionnels, des dépressions, du stress, des insomnies voire des symptômes de stress post-traumatique.
Selon Christophe Debien, psychiatre et responsable de pôle au Centre national de ressources et de résilience (CN2R) et interviewé par Les Echos, ce phénomène pourrait s’expliquer par une « déstabilisation de nos repères temporels, sociaux et économiques » responsable d’une « montée d’angoisse ».
Un article de Slate avance une autre explication. Hélène Romano, psychothérapeute et traumatologue citée dans l’article, explique que la crise du coronavirus engendre une anxiété massive et internationale difficile à comparer avec d’autres événements passés :
« [Il s’agit d’]une anxiété toute particulière, parce que c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un événement pareil arrive, donc on n’a pas de référentiel. »
Marie Lafond partage cette idée d’absence de référentiel qui rend la situation plus difficile à gérer que d’habitude. Selon elle :
« Le confinement génère de l’anxiété parce qu’il nous empêche d’utiliser nos solutions de d’habitude pour répondre à nos angoisses.
Nous nous retrouvons alors face à nos angoisses en étant privés des stratégies que nous utilisions au quotidien. »
Elle explique également que nous pouvons absorber l’anxiété ambiante, transmise notamment par les médias et les réseaux sociaux, et ce, particulièrement si nous sommes très sensible.
1. Réduire son anxiété pendant le confinement : utiliser les réseaux sociaux à bon escient
Pour Marie Lafond, les réseaux sociaux et les informations divulguées par les médias sont ambivalents :
« On a envie de rester en lien avec les autres et de se rassurer sur le futur, donc le confinement peut avoir pour effet d’accroître notre temps passé à regarder les infos et à checker nos réseaux sociaux.
Cependant, on se retrouve ainsi extrêmement exposés à des infos inquiétantes et aux états psychologiques des autres, que l’on peut absorber ! »
Marie te conseille de filtrer ce que tu regardes sur les réseaux sociaux en t’abonnant aux comptes qui te font te sentir bien, et en te désabonnant ou en masquant ceux qui te font te sentir mal.
La démarche est la même avec sa consommation d’actus et d’infos. Une solution peut être de s’informer moins souvent, mais mieux.
Attention, les fake news et les rumeurs alarmistes foisonnent pendant le confinement.
Pour être certaine d’une information, privilégie les médias reconnus pour t’informer, réfère-toi aux annonces du gouvernement et tourne-toi vers les sites officiels d’information sur le coronavirus, comme gouvernement.fr/info-coronavirus.
Tu peux aussi choisir de t’informer sur des médias feel good, comme madmoiZelle ou Rockie ! Nos deux magazines sont en difficulté à cause de l’épidémie de coronavirus et tu peux, si tu le souhaites, les aider en participant à leur crowdfunding. Toutes les infos sont disponibles ici.
Bref, c’est à toi de trouver ton équilibre dans ta manière de t’informer ! En conclusion, Marie explique :
« Il est important de repérer ce qui nous met en difficulté dans le contenu qu’on consomme et savoir dire stop. »
2. Réduire l’anxiété pendant le confinement : trouver un moyen de l’exprimer
Quand tu sens ton anxiété monter, Marie te conseille de ne pas la repousser en cherchant à faire comme si elle n’existait pas :
« Il est important de laisser s’exprimer son angoisse dans un espace contrôlé pour éviter qu’elle ne prenne le dessus et pour pouvoir l’analyser a posteriori. »
Marie souligne l’utilité de décortiquer ton angoisse, de te demander pourquoi tu es mise en difficulté, d’où vient le problème, afin de pouvoir adapter ta réponse en conséquence. Cela peut se faire sur le coup ou plus tard, si ton anxiété est trop élevée.
Pour évacuer ton anxiété Marie te conseille de trouver un « média » par lequel tu vas pouvoir l’exprimer :
« On peut tenir un journal des émotions par exemple, où on reporte nos émotions positives comme négatives.
On peut dessiner ou peindre, faire de la musique… On peut aussi tout à fait écrire sur une feuille volante et la jeter lorsqu’on décide de passer à autre chose.
En parler avec ses proches peut être une bonne ressource pour prendre du recul et sortir d’un cercle négatif. Mais pas forcément avec tous, car c’est difficile de trouver le bon interlocuteur, notamment dans le cas de relations toxiques. »
Encore une fois, la solution est différente pour chacun et chacune, et l’important est que tu trouves ce qui te soulage !
3. Anxiété et confinement : trouver une routine et des activités qui font du bien
Tu passes tes journées dans le noir au fond de ton lit ? Ça n’est peut-être pas le meilleur moyen de te sentir bien dans ta tête pendant le confinement…
Le psychiatre Clément Guillet, interviewé dans un
article de France Info, recommande d’adopter une routine :
« La priorité est de maintenir une hygiène de vie, c’est-à-dire d’avoir un cycle veille-sommeil qui correspond à ce qu’on vit d’habitude.
Il est essentiel de continuer à avoir des routines sur la durée pour préserver sa santé mentale. »
Marie Lafond explique cependant que la façon d’organiser ses journées doit être adaptée à chacun et chacune :
« Pour certaines personnes, il peut être bon de se forcer à se lever et à tenir un programme.
D’autres personnes, au contraire, ont besoin d’arrêter de se donner des objectifs pour prendre du temps pour elles. »
Les solutions sont différentes pour chacun, et c’est à toi de trouver le rythme et les activités qui te feront du bien.
Si tu aimes la méditation, go ! Si cette activité de plonge dans des affres de rumination (un phénomène réel qui est décrypté dans cet article de la BBC), don’t.
Peut être que c’est plutôt le sport, la cuisine ou la lecture qui te font kiffer !
Peut-être que faire du ménage et Marie Kondo-er ton habitat te fait du bien. Peut-être que tu détestes ça, et que ton truc c’est plutôt de jouer à Animal Crossing…
Tu l’auras compris, fais ce qui te plaît, sans ressentir de la culpabilité !
4. Anxiété et confinement : exit la culpabilité !
Si adopter une routine et des activités qui rythment nos journées est important, attention cependant à ne pas se mettre la pression pour transformer son confinement en stage de développement personnel !
Les articles et les astuces pour se motiver et apprendre à cuisiner, coudre, écrire ou encore peindre fleurissent sur Internet, ce qui peut avoir pour revers de culpabiliser si on n’y arrive pas.
Si tu n’as pas lu l’entièreté de ta bibliothèque ou que tu ne t’es pas transformée en cheffe cuisto, ça n’est PAS GRAVE.
Rien ne t’oblige à être productive sur le plan personnel pendant ce confinement.
Le premier conseil pour remédier à la culpabilité et à l’angoisse de ne pas en faire assez ? Être bienveillante avec toi-même, comme le recommande Marie Lafond :
« Souvent, on est très dur avec soi-même. Le confinement peut exacerber cela, car on ne voit pas nos amis qui, souvent, nous rassurent.
Le confinement n’est pas facile à gérer émotionnellement, mais il faut se dire que l’on fait comme on peut et être dans la bienveillance avec soi-même.
Il faudrait devenir sa propre amie, en somme ! »
J’ajouterai à cela un petit tips tiré de mon expérience personnelle.
Si, comme moi, tu es anxieuse car tu as l’impression que tu n’en fais jamais assez, je te conseille de noter au fur et à mesure ou en fin de journée les tâches que tu accomplis, même celles qui te semblent les plus ridicules, comme te préparer un café par exemple.
C’est le principe de la done-list, qui permet d’éviter un des écueils des to-do-lists qui est de se faire des programmes beaucoup trop chargés et de se sentir coupable de ne pas réussir à les tenir.
J’ai découvert cette astuce dans le livre La Charge mentale des femmes d’Aurélia Scheider, que tu peux commander ici, et elle m’a changé la vie !
Le soir, contempler ma done-list me permet d’être fière de moi et de faire taire la petite voix qui me dit parfois que je ne suis qu’une grosse feignasse improductive.
5. Anxiété pendant le confinement : accueillir la solitude
La solitude peut être difficile à gérer pendant le confinement, parce que l’on se retrouve seul avec soi-même et avec ses problèmes sans possibilité de les fuir par une quelconque activité sociale, selon Marie Lafond.
La solitude peut nous empêtrer dans des émotions et une image de soi négative.
Cela est particulièrement vrai pour les personnes qui détestent se retrouver seules et vont faire en sorte de toujours être entourées.
Marie te conseille de garder le contact avec tes amis et tes proches par visios et téléphone, mais ajoute que la solitude engendrée par le confinement peut être bénéfique, et que tu peux en tirer parti :
« Le confinement est l’occasion de comprendre ce qui nous manque dans la présence des autres, et d’apprendre à être avec les autres parce qu’on en a réellement envie et pas besoin.
Je conseille de prendre le confinement comme une opportunité de trouver une autonomie émotionnelle pour apprendre à régler certaines choses sans avoir besoin des autres. »
Marie rappelle enfin que la solitude n’est pas un problème pour tout le monde, et que certaines personnes s’en accommodent très bien !
Pour conclure, je te conseille de consulter l’article « Ces petits trucs qui aident à rester saine d’esprit pendant le confinement » sur madmoiZelle, dans lequel les filles de la rédac’ te parlent des activités qui les font se sentir bien pendant le confinement !
A toi d’y piocher des idées selon ce qui te convient !
Et si tu ressens le besoin de te faire aider par un ou une professionnelle de la santé mentale, n’oublie pas que certains psychologues ou psychiatres continuent à travailler.
Tu peux les appeler et discuter de l’utilité d’un rendez-vous, ou d’une télé-consultation.
Marie Lafond reste disponible dans les commentaires de cet article. N’hésite pas à lui poser des questions !
À lire aussi : 7 numéros à appeler pendant le confinement si tu as besoin d’aide
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Les Commentaires
Je comprends ton ressenti pour le boulot, je serai capable de culpabiliser aussi dans la même situation. Mais en réalité, je trouve que tu fais bien de rester à la maison. J'espère que tes collègues ne font pas de remarques. Si le boulot est fait, tu n'as rien à te reprocher.