Mise à jour du 27 juin 2018
Un article de Slate paru ce 27 juin au matin a indiqué que les cliniques mensongères tenues par des anti-avortements avaient été autorisées par la Cour suprême américaine.
Nous avions évoqué les Crisis Pregnancy Center dans l’article ci-dessous.
Leurs représentants avaient lancé une procédure judiciaire pour contester l’obligation à informer leurs patientes qu’elles pouvaient avorter dans des établissements publics et moins onéreux, en 2015.
Leur argument ? « Forcer un groupe pro-vie à faire de la publicité pour l’avortement est forcément anticonstitutionnel ».
Leur requête, tout d’abord rejetée par une Cour d’appel, a finalement été appuyée par la Cour suprême des États-Unis.
Un juge conservateur a même parlé de violation du droit à la liberté d’expression, et s’indignait que l’État de Californie se comporte comme « un régime autoritaire ».
Mise à jour du 27 juillet 2017
Pour lutter contre les Crisis Pregnancy Center mensongers (lire plus bas), le comté de King, dans l’État de Washington, a mis en place une nouvelle réglementation.
Selon Broadly, le Bureau des Affaires de Santé a voté un texte qui contraindra les centres ne possédant pas de licence médicale à désormais afficher le message « Ce centre n’est pas un centre de santé ».
Ce message devra être disponible dans 10 langues différentes, et se trouver sur leurs supports de communication aussi bien physiques (des tracts) que virtuels (leurs sites Internet).
Le magazine indique que cette décision affectera les 8 fausses cliniques du comté, sur les 66 que compte l’état de Washington.
C’est un petit pas, mais il est important !
Quand les anti-IVG se font passer pour des médecins afin de piéger les femmes enceintes
Article publié le 31 mai 2017
Imaginez. Vous êtes enceinte, et ce n’est pas désiré. Contraception inefficace, prise de risque… peu importe la raison, le résultat est le même.
Vous souhaitez interrompre la grossesse, comme vous en avez le droit. Vous vous rendez à la clinique, un peu anxieuse, espérant être entre de bonnes mains.
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En face de vous, un bâtiment ayant tout à fait l’air d’un établissement médical. À 10 mètres sur votre droite, un autre bâtiment quasi-identique, jusqu’au nom.
L’un est le Hartford GYN Center, une clinique dans laquelle vous pourrez trouver un personnel médical qualifié qui vous accompagnera dans votre choix d’avorter.
L’autre est le Hartford Women’s Center, tenu par des anti-IVG catholiques qui feront tout pour vous dissuader d’avorter — quitte à vous mentir.
Les anti-IVG se cachent dans une clinique « bien sous tous rapports »
Hartford est située dans le Connecticut. C’est là que Broadly a enquêté sur le Women’s Center.
En se rendant à la vraie clinique, on peut être accueilli•e par des militant•es anti-IVG dénonçant le poids du Diable sur notre société. Si on est une femme, et qu’on leur confie être enceinte, ils nous donneront un pamphlet vantant un centre à deux pas, le Hartford Women’s Center.
Bon délire.
Le Hartford Women’s Center, ce n’est pas une clinique : c’est un Crisis Pregnancy Center.
« Un terme désignant des organisations anti-IVG dont le seul but est de convaincre les femmes de mener leur grossesse à terme, souvent en se faisant passer pour des professionnel•les de santé. »
Il existe 3500 centres de ce type aux États-Unis. Contre moins de 800 cliniques où l’on pratique des interruptions volontaires de grossesse.
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Les mensonges dangereux des anti-IVG
Au Hartford Women’s Center, les femmes sont bombardées d’informations mensongères.
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Les militant•es anti-IVG faisant mine d’être là pour les aider leur font croire que l’avortement a de graves conséquences psychologiques. Que l’avortement est un acte médical dangereux comportant d’importants risques.
Qu’un avortement n’est pas nécessaire puisqu’une fausse couche est à prévoir — alors que c’est faux.
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Un rapport résumant une enquête mené par un groupe pro-choix sur 27 de ces centres montre leur dangerosité, et leur réel but : faire en sorte que la grossesse soit menée à terme. Par n’importe quel moyen.
Les anti-IVG ne défendent pas la vie
Dans l’article de Broadly, Leticia Velasquez, une membre de cette fausse clinique, s’exprime.
« Le problème, c’est de séparer la sexualité de la procréation. […]
La contraception vous donne la sensation, qui est fausse, que le sexe n’a rien à voir avec la procréation, et vous mène à des actes stupides : avoir un rapport avec une personne malade, avec une personne folle qui va vous harceler.
Il y a beaucoup de souffrance dans la société, les gens disent que le taux de suicide et de dépression est en hausse. La contraception a causé bien des problèmes. »
Les anti-IVG prétendent défendre la vie, mais c’est quand la contraception et l’avortement ne sont pas accessibles que les gens meurent ! Le graphique ci-dessous est édifiant.
Que s’est-il passé en 1972 ? Non, ce n’est pas l’année où l’IVG est devenue légale (en 1975). C’est l’année où la méthode d’avortement par aspiration a été mise au point, comme l’explique Slate dans sa passionnante histoire de l’avortement.
Des dizaines de vies ont été sauvées par la démocratisation de cette pratique, bien plus sûre pour les patientes.
Vouloir limiter l’accès à la contraception, à l’IVG, vouloir rendre l’avortement peu accessible ne sauvera aucune vie. Au contraire, cela forcera des femmes à avoir recours à des IVG clandestines très dangereuses, mettant leur santé en danger !
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Le centre des anti-IVG n’est pas une clinique
Dans ce centre tenu par des anti-IVG, on peut avoir recours à une échographie. Pardon : à une « échographie médicale limitée », un terme qui ne veut rien dire.
On ne peut pas avoir recours à un avortement, ni à des médicaments ou de réels soins médicaux. Car ces personnes ne sont pas médecins.
Life-Affirming Specialist, ce n’est pas une discipline médicale
Au Hartford GYN Center, la VRAIE clinique, on trouve du personnel médical qualifié. Voici ce que dit Kifferly, qui y travaille.
« Si quelqu’un appelle en disant « Je voudrais prendre rendez-vous pour un avortement », je ne vais pas répondre « Attendons, avez-vous pensé à devenir mère ? ». […]
Je suis une femme, j’ai eu des angoisses liées à la grossesse, j’ai été enceinte, et je sais que les gens connaissent assez bien leur corps et leur coeur pour exprimer ce qu’ils veulent. »
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Heartbeat International, l’organisation derrière ces centres anti-IVG
C’est Heartbeat International qui chapeaute la majorité des Crisis Pregnancy Centers en Amérique du Nord.
Le site officiel ne se proclame pas catholique, mais est émaillé de références religieuses, parle de bébés créés « à l’image de Dieu »…
Rendre l’avortement indésirable aujourd’hui et inconcevable pour les générations futures
Sur leur page dédié aux femmes enceintes, on trouve surtout… des conseils pour s’assurer qu’on est bien enceinte. Et pour ça, quoi de mieux que de venir dans un des centres gérés par l’organisation afin d’avoir accès à un test de grossesse gratuit et à des conseils ?
Une façon comme une autre d’attirer des femmes anxieuses dans leurs filets.
Heartbeat International a aussi une ligne d’« aide » téléphonique et utilise savamment le référencement pour se garantir une bonne place dans les recherches Google. Une méthode utilisée également par les anti-IVG de France.
Les fausses cliniques des anti-IVG existent aussi en France
Malheureusement, ces centres prétendant aider les femmes enceintes ne sont pas cantonnés à l’autre côté de l’Atlantique.
En 2013, sur madmoiZelle, Ondine témoignait : elle s’était retrouvée, sans le savoir, dans un centre anti-IVG.
Le « médecin » lui avait fait croire à une grossesse extra-utérine, lui avait menti sur les résultats de sa prise de sang. Il essayait par tous les moyens possibles de retarder l’avortement.
Heureusement alertée sur le caractère anti-IVG de ce centre, Ondine s’était rabattue sur le Planning Familial. Là, elle a été bien reçue, respectée, rassurée, encadrée.
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Rappelons qu’en France, « le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher une interruption de grossesse […] en exerçant des pressions morales et psychologiques, des menaces ou tout acte d’intimidation à l’encontre […] des femmes venues y subir une interruption volontaire de grossesse » constitue un délit d’entrave à l’avortement, puni de 2 ans de prison et de 30 000€ d’amende, aux termes de l’article L 2223-2 du Code de santé publique.
Depuis février 2017, le délit d’entrave numérique à l’avortement, soit le fait de diffuser des informations erronées ou des pressions sur Internet, est également compris dans cette loi.
Mais les anti-IVG continuent à agir, prétendant sauver des vies là où ils mettent en danger des personnes parfois en situation de détresse, angoissées, peu ou pas informées.
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Comme malheureusement trop souvent, je clôturerai donc cet article en citant Simone de Beauvoir :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Restons vigilantes !
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