Elles ont été vues par des millions de personnes sur Facebook, pourtant le contenu de ces publicités n’est pas seulement dangereux, il est aussi complètement faux.
Un rapport du Center for Countering Digital Hate, une ONG de lutte contre la désinformation, montre que des publicités anti-IVG sont diffusées en masse sur les réseaux sociaux, des petits films qui font la promotion d’une pilule dite d’ « abortion reversal », autrement dit, qui annulerait un avortement médicamenteux.
Des organisations anti-IVG, comme Live Action, clament en effet qu’il est possible d’annuler l’effet de la pilule abortive. « Vous avez pris la première dose de votre pilule abortive ? Vous regrettez votre décision et souhaitez pouvoir inverser les effets ? On peut vous aider ! », prétend par exemple Abortion Pill Reversal, un des multiples sites prétendant délivrer des informations sur cette technique.
Une escroquerie diffusée en masse
Les publicités montrent par exemple une jeune femme découvrant qu’elle est enceinte, lourdement incitée à avorter par son entourage, qui après avoir pris le premier comprimé contenant de la mifépristone – l’une des substances prises dans le cadre d’une IVG médicamenteuse –, est finalement prise de remords.
Mais une solution s’offre à elle : l’APR, l’abortion pill reversal, qui consiste en fait à prendre de la progestérone dans le but de pouvoir poursuivre la grossesse.
Mais ce « désavortement » est-il vraiment possible ? Non, à l’heure où le Texas vient de passer la loi la plus restrictive en matière d’accès à l’IVG, la facilité avec laquelle ces fake news se propagent à de quoi inquiéter.
La méthode n’a jamais reçu le feu vert de la FDA, l’instance fédérale qui autorise les mises sur le marché des produits alimentaires et pharmaceutiques. Concrètement, la technique préconisée par les anti-IVG ne présente pas de garantie concrète de reprise de la grossesse. En fait, elle présente même des risques. En 2019, une étude californienne visant à évaluer l’efficacité de la méthode a été tout bonnement stoppé : plusieurs femmes participant à l’étude ont du être hospitalisées en urgence pour des hémorragies.
Qu’à cela ne tienne, tous les moyens sont bons pour lutter contre la liberté des femmes et le droit à disposer de son corps.
Google et Facebook, complices de la désinformation
Ce que dénonce le CCDH, c’est aussi la capacité des géants Facebook et Google à fermer les yeux sur ce type de contenus… notamment parce qu’ils rapportent beaucoup d’argent.
L’ONG a observé 92 vidéos monétisées diffusées sur Facebook entre début 2020 et septembre 2021 : elles ont été vues plus de 18 millions de fois.
« Le rapport révèle que ces réseaux sociaux mettent leurs profits avant l’intérêt des gens en acceptant plus de 130.000 dollars en montrant à des millions d’utilisateurs des publicités prétendant que la soi-disant inversion d’avortement est sûre et efficace. Les réseaux sociaux sont encore une fois complices en diffusant de la désinformation relative à la santé. Il est temps de mettre l’humain en priorité, d’écouter les experts et d’arrêter de promouvoir cette inversion de l’IVG qui met en danger la santé des femmes. »
Selon The DailyBeast, Facebook et Google ont été prompts à réagir après la publication du rapport et ont fait retirer les publicités. Il n’en fallait pas davantage pour que Live Action crie à la censure en se voyant retirer un puissant moyen d’étendre sa communication, notamment auprès des plus jeunes.
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Crédit photo : Dave Fayram via Flickr.
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Les Commentaires
Sinon idem, j'ai du mal à saisir le but des anti-IVG à part la pure escroquerie. Cela dit, s'ils semblent persuadés qu'il y a une chance, même infime, que leur absorption reversal pile fonctionne, ils sont peut-être aussi prêts à tout (bordel mais pour QUI se prennent-ils quoi) pour que les femmes la prennent ?
Et là où je trouve ça d'autant plus dégueulasse c'est que l'IVG c'est pas toujours une décision ferme de la femme. C'est quand même une décision qui peut être lourde, qui se réfléchit et jouer sur cette potentielle réflexion, voire des remords de choisir l'avortement alors que ça peut déjà être difficile à vivre, c'est: dégueulasse. Visiblement le droit de choisir sa vie et d'en être contente, ça les étouffe pas non plus.