Aujourd’hui, je prends un an. Chaque année, je me dis que bordel, je deviens un peu trop vieille pour m’exciter de ma propre célébration, mais je n’y peux rien : à l’approche du jour J, je n’en peux plus de joie – et tout ce que je veux, c’est m’installer autour d’un gâteau bien chocolaté et d’un Oasis tropical avec mes proches (et ensuite regarder My girl) (ou Jurassic Park). Vous voyez le délire : le jour de mon anniversaire, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je n’ai plus vraiment mon âge.
Si l’anniversaire constitue généralement un repère chronologique, qu’est-ce que cela signifie, « prendre un an » ? Que peuvent symboliser nos anniversaires ?
L’anniversaire, jour favori
Figurez-vous que je ne semble pas être la seule à être en pleine kiffade le jour de mon anniv : selon Gary Nickell (et al.), l’anniversaire serait le jour préféré d’un bon paquet de gens. Dans une petite expérience, le chercheur a ainsi demandé à des participants d’évaluer tous les mois de l’année sur une échelle de 1 (je n’aime pas du tout) à 7 (j’aime beaucoup) – BIM, le mois plébiscité correspond à celui des anniversaires des participants. Lorsqu’on leur demande d’indiquer quel jour ils préfèrent dans un mois, les sujets choisissent généralement le jour qui correspond à leur jour d’anniversaire… L’explication potentielle est simple : pour la majeure partie d’entre nous, l’anniversaire serait associé à des émotions et évènements positifs (célébrations, cadeaux, proches…).
Naître le même jour, ça rapproche ?
D’autres recherches suggèrent que partager une date d’anniversaire pourrait créer des liens sociaux particuliers – autrement dit, nous apprécierions spontanément les personnes qui seraient nées le même jour que nous
. Prétextant une étude quelconque, le chercheur Jerry Burger a récolté les dates de naissance de participants en leur demandant de passer un test. À la sortie de ce test, un étudiant, complice du chercheur, interpellait les étudiants et leur demandait de relire sa dissertation. Sur la feuille de dissertation était indiquée soit la même date de naissance que le participant, soit une autre. PAF : 62% des participants acceptent de relire la dissertation lorsqu’ils ont la même date de naissance que l’étudiant – alors qu’ils ne seraient que 34% en cas de date de naissance différente. Le phénomène fonctionne de la même manière pour d’autres choses : les professeurs noteraient plus favorablement les élèves partageant leur date d’anniversaire, nous nous confierions plus facilement…
Un moment symbolique
L’anniversaire est symbolique pour tout un tas de choses – commençons par les positives. L’anniversaire est un prétexte : un prétexte à la convivialité, un prétexte à prendre soin de soi, à penser à ce que l’on veut, aux chemins que l’on souhaite prendre, à ceux que l’on n’a pas pris. La date est pourvoyeuse de narcissisme – et une dose de narcissisme temporaire pourrait bien nous redonner un shoot d’estime de soi. Une fois dans l’année, lors d’un jour exceptionnel, nous pouvons être célébré, entouré de nos proches et « prendre un an ». La date anniversaire est alors l’occasion de « faire famille », de convoquer et réunir les membres de votre cercle familial – plus que l’anniversaire d’un seul, on célèbre également l’ensemble de l’arbre généalogique (ce qui, disons-le, n’est pas systématiquement agréable). L’anniversaire peut ainsi être un moment douloureux, où justement on ne peut pas « faire famille », et où l’absence de certains membres fait un peu plus mal que d’ordinaire.
Hors cercle familial, certain-e-s fêteront également leur date de naissance avec leur bande d’amis – l’anniversaire se transforme alors en rituel de socialisation, où l’on rassemble notre groupe de pairs…
Oui mais… le birthday blues
Oui, mais cassons la bonne ambiance : certain-e-s d’entre nous pourraient être sujet-te-s au « birthday blues », une fragilisation psychique à l’approche d’un anniversaire. Pour la majorité des gens, il peut simplement s’agir d’une petite déprime ; mais pour d’autres, le « birthday blues » peut impliquer de véritables crises d’angoisse, épisodes dépressifs, suicides…
Dans un article pour Cerveau & Psycho, Nicolas Gueguen explique ainsi que certaines recherches concluent à un lien entre la date d’anniversaire et la probabilité du suicide. Les décès seraient même plus fréquents aux alentours des dates d’anniversaire ! Selon le psychologue, l’anniversaire sonnerait le temps de l’ego : on s’interroge sur soi, c’est l’occasion pour nous de réfléchir à ce que nous avons accompli, ce que nous n’avons pas fait, de revenir sur nos échecs, de penser à nos attentes… Et ces « bilans » pourraient être sources d’anxiété, de déception, de pessimisme, d’abandon…
Mais l’anniversaire, marqueur temporel, peut être utilisé comme date de départ pour corriger le tir et réorienter nos vies pour les mener à l’endroit où on le souhaite. Comme lors des vœux de nouvelle année, la seule résolution qui vaille : soyons bienveillant-e-s !
Pour aller plus loin – sources :
- L’article de Nicolas Gueguen
- Un article de C. Heslon
- L’invention de l’anniversaire
- La perception de l’anniversaire des enfants
- Enfance et gâteau d’anniversaire
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