L’Allemagne et moi, c’est une longue histoire. J’ai commencé relativement tôt l’apprentissage de la langue de Schiller et Goethe, dès la primaire, pour enchaîner sur une section bilingue au collège. J’ai ensuite poussé jusqu’à l’AbiBac ; c’est un parcours renforcé en allemand au lycée, à savoir dix heures de cours par semaine, qui permet d’obtenir à la fois le baccalauréat français et son équivalent allemand, l’Abitur. Cela m’a permis de passer plus de deux mois en fin d’année de seconde à Wiesbaden.
À la fin du lycée, j’étouffais dans cet univers uniquement germanocentré. Je me suis dirigée vers un univers plus européen en intégrant Sciences Po Paris sur le campus de Dijon, qui offre une formation concentrée sur les pays d’Europe centrale et orientale. L’allemand a disparu de mon emploi du temps.
En effet, je me lançais dans cette formation pour de nouveaux horizons, dont l’apprentissage du polonais. Je suis déjà allée de nombreuses fois au sud de la Pologne, y ayant des attaches familiales. Apprendre cette langue était la principale raison de mon départ à Dijon.
Pour l’équivalent de la troisième année de licence, Sciences Po Paris impose à ses étudiants de partir, et le choix de cette destination occupe toute la deuxième année ! L’idée était pour moi de me rendre à Cracovie ou à Varsovie et d’arriver à parler la langue de Chopin.
Mais malgré tout, l’Allemagne m’a manqué très rapidement. La fluidité de la langue durement acquise s’est assez vite estompée avec le manque de pratique. J’ai affiné mon projet professionnel et là, déception : les cours proposées par les universités polonaises partenaires ne m’intéressaient pas. Par contre en Allemagne, j’ai eu un coup de cœur pour Munich et la Ludwig-Maximilians-Universität.
La ville me plaît, car elle se situe dans une région d’Allemagne que je ne connais pas, et répond à ma volonté d’habiter dans une métropole européenne. En plus, et j’y reviendrai, l’université correspond à mes choix de cours.
Après une lettre de motivation et des mois d’attente et d’inquiétude (il y a deux places pour toute ma promotion soit plus de mille personnes), soulagement : j’étais prise !
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Se préparer à partir
Une fois la destination connue, il y a de multiples démarches à accomplir. Avec Erasmus, je ne me sentais pas trop malmenée, en comparaison avec des amis partant vers des horizons plus lointains, américains ou russes (là, il faut en faire, des papiers…).
D’abord, il y a la question essentielle de l’hébergement. Munich est la ville la plus chère d’Allemagne, ce qui ravit mon petit porte-monnaie d’étudiante… J’ai eu un peu peur en lisant les rapports de séjour des anciens étudiants de Sciences Po en échange là-bas : c’est cher, c’est un marché de l’immobilier tendu, ce sont des étudiants qui ne trouvent rien jusqu’au mois de décembre. Et c’est un peu dur de trouver quels quartiers sont préférables, de chercher à distance.
L’université propose des chambres dans des résidences étudiantes, mais trop peu vu la masse d’étudiants. J’ai quand même demandé une chambre, sans trop y croire.
S’offrir un studio comme je l’avais fait à Dijon était hors de question, les prix étant doublés voire triplés par rapport à la cité des Ducs de Bourgogne. Aussi, j’ai commencé à chercher du côté de la colocation, un des synonymes d’Erasmus, et les offres sont nombreuses dans une ville étudiante comme Munich. Un site allemand est incontournable en la matière : Wg-Gesucht.
Mais travaillant tout l’été, je n’ai pas eu la possibilité d’aller à Munich pour visiter, ce qui est très gênant car la plupart des personnes préfèrent rencontrer leur futur coloc.
Avant de désespérer dans mes recherches, j’ai réussi à trouver une chambre dans un des foyers étudiants privés de la ville. À côté des chambres proposées par l’université, il y a en effet de nombreux foyers d’étudiants gérés par différentes associations, surtout religieuses. C’est ce qui m’a le plus frappée en mai, quand j’ai passé plusieurs après-midi à remplir les dossiers de candidatures : presque chaque foyer a une identité religieuse affirmée, surtout catholique ou évangélique, et il faut indiquer son appartenance religieuse… Un peu déroutant pour une Française élevée dans la sacro-sainte laïcité. Eh oui, je vais m’installer dans le Land le plus religieux d’Allemagne !
Le toit trouvé, il y avait d’autres choses à faire : la sécurité sociale, la banque, le téléphone… J’ai trouvé une petite perle pour m’aider à ne rien oublier : pakata.com. Le bazar administratif y est répertorié par catégories, avec des comparateurs si besoin (pour choisir son assurance par exemple).
Pour un départ Erasmus, certaines démarches sont en fait plutôt faciles. La carte européenne d’assurance maladie permet d’être assurée sans frais supplémentaire ; il me suffit d’aller dans une agence de sécurité sociale allemande pour me faire exempter de l’obligation d’en prendre une teutonne. Pour la banque, j’ai choisi la solution la plus simple : j’ai conservé mon compte français, y ajoutant une option permettant les retraits en zone euro sans payer de frais.
De toute manière, l’usage de la carte bancaire est moins répandu outre-Rhin : peu de magasins acceptent la carte bleue ou VISA, préférant un équivalent allemand. Je ferai tous mes achats en espèces, cela demandera juste un peu plus d’organisation.
Qui dit Erasmus dit bourse, et en 2014 cela induit aussi un certain bordel. Cette année, tout change : tous les étudiants sur le départ ont droit à la bourse. Le manque d’informations a dû être la consigne-clé pour tous les chargés des services de bourses : difficile d’avoir des informations, des précisions, et aucun dossier d’inscription jusqu’en juillet. Encore aujourd’hui, je ne sais pas combien je vais toucher. Un petit défaut Erasmus : on ne touche la bourse qu’en décembre, il faut donc s’assurer d’avoir d’autres ressources sur lesquelles pouvoir compter…
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Se préparer à l’université
L’université qui m’accueille pour cette année Erasmus est la Ludwig-Maximilians-Universität, une des universités allemandes les plus réputées. Fondée en 1472, elle accueille plus de 45 000 étudiants chaque année. Je suis sûre que vous connaissez un petit peu l’endroit, car c’est dans cette université qu’a éclos le mouvement de la Rose Blanche, mené par Hans et Sophie Scholl jusqu’en 1943, année de leur exécution.
D’inspiration humaniste et profondément choqués par le système des camps de concentration, ces résistants allemands distribuèrent des tracts appelant à la révolte à partir de 1942. Hans et Sophie Scholl furent pris sur le fait lors d’un dépôt de tracts à l’université de Munich, ce qui conduisit à la dissolution du groupe. Le bâtiment principal de l’université est porte leur nom, en souvenir de cet acte de résistance.
J’ai décidé de passer l’année au sein de l’une des quatorze facultés que compte l’établissement : l’institut pour la communication. J’hésite encore entre deux masters de Sciences Po, celui de communication et celui de marketing. Le but de cette année est de choisir !
Cette faculté a pour objet un domaine plus étendu que son homonyme français, car l’intérêt est aussi porté sur les médias, le journalisme, et les relations publiques. N’ayant pas eu de cours à proprement parler sur ces domaines, je me suis inscrite dans des cours basiques, comme l’histoire des médias et de la communication, ou tout bêtement une introduction à la communication. J’ai aussi choisi des cours parmi les incongruités que l’on peut trouver dans une université de cette ampleur, comme un cours sur les trolls des commentaires des sites d’information (eh oui !).
Et l’allemand, me direz-vous ? La langue, c’est tout de même le nerf principal d’une année Erasmus. J’ai un peu de mal à m’y remettre, pour être tout à fait honnête. J’ai toujours du mal avec la grammaire, avec les différents cas. Le vocabulaire revient un peu, je lis les journaux pour être confrontée à tout. Je suis pour le moment peu motivée et rien ne m’y pousse réellement, à part peut-être les mails que je reçois du bureau Erasmus. Ils sont à la fois en allemand et en anglais, je m’oblige à ne lire que la partie en allemand, sans difficulté mais avec un peu de fainéantise.
Je vais pourtant devoir m’y remettre avec plus d’entrain, car bientôt je suis en Bavière ! Pour le moment, je prépare doucement mes bagages. C’est assez étrange, car l’appréhension est aussi forte que mon envie de prendre le large. J’oscille entre l’angoisse de me retrouver seule, et l’envie de n’avoir à compter que sur moi. Premier exemple : je pars en train, et donc je ne peux me charger que de ce que je suis capable de soulever. Il faut faire le tri dans toutes ses affaires, choisir le minimum. Vrai dilemme. Et tout ce que l’on laisse derrière soi pour quelques temps : la famille, les amis, l’amoureux, le petit chat…
Mais demain, je pars.
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Les Commentaires
Moi j'y étais pour apprendre l'allemand et comme mon horraire était très light j'y suivais des cours d'art: sculpture, protrait, dessin,.. tout ces cours je les ai trouvé via le mvhs.
J'habitais au niveau de Giselastraße du coup je passais ma vie dans l'Englisher garten 8)
si tu ne l'as pas déjà fait je te conseille d'acheter un vélo.. Je me déplaçais uniquement en vélo (sauf au mois de janvier, il faisait tellement froid laisse tomber!).
Niveau sortie je sais pas quel est ton style mais je te déconseillerai le 089, Pacha, .. trop after-work et mainstream selon moi. mon petit dada c'était le Atomic Café mais bon c'est spécial donc tcheck si c'est ton style. sinon le MilchBar est vachement chouette aussi.
rah oui je suis impatiente de lire la suite de tes aventures!