Quand je fais le bilan, je suis contente de mon année 2015. Bien sûr, il y a eu les attentats ; ça a été une année assez nulle d’un point de vue géopolitique. D’ailleurs je n’ai jamais autant pleuré en regardant les infos que cette année… mais il y a un mais.
Il se trouve que pour moi, 2015 restera un tournant positif dans ma vie, un moment où j’ai commencé à m’épanouir et avancer.
Une année qui commençait très difficilement
L’année n’a pas bien démarré. En janvier il y a eu les attaques de Charlie Hebdo, et quelques jours ensuite le décès (qu’on n’avait pas vu venir) d’une personne de ma famille. L’année s’est ensuite refermée avec les attentats de Paris et des envois massifs de SMS « Est-ce que tu es en sécurité ? » ou « Est-ce que ça va ? » à mes ami•e•s francilien•ne•s (la réponse était oui pour tout le monde, ouf). C’est sûr, de ce point de vue là, 2015 craint. C’est peu de le dire.
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Sauf que 2015 vient après 2014. Et il se trouve que 2014 a été pour moi l’année « ma vie est pourrie alors que celle de mes amis est super, il ne me reste plus qu’à me faire une overdose de chocolat bas de gamme ». À ce moment-là j’étais au chômage de longue durée, sans perspective de trouver un boulot, j’étais au RSA et je payais mes frais fixes avec l’argent de l’État et celui de mes parents.
C’était pas la grosse joie.
Le moindre imprévu me mettait dans le rouge (intervention de plombier, entretien de la chaudière, remplacer une paire de godasses trouées, acheter un pull) : merci à un cursus universitaire en sciences humaines pas facile à valoriser auprès du monde de l’entreprise…
Cherry on the cake, ma vie sociale n’était pas folichonne : le chômage isole, prive de (attention, moment Captain Obvious) collègues de travail, sans compter que pour le prix d’une soirée bières-ciné je pouvais remplir mon placard de pâtes et de conserves. Tout cela n’était pas tellement valorisant, surtout quand on ajoute une bonne couche de discours politiques qui parlent d’assistanat ou qui se fondent sur l’idée que les personnes sans emploi n’en cherchent en fait pas vraiment.
Ambiance.
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2015 et mon épanouissement
J’avais la vague ambition de faire de 2015 le début de quelque chose de mieux. Et j’ai réussi. Plutôt que de continuer la quête éperdue du CDI, je me suis concentrée sur ma création d’entreprise : ça a marché. Bon, c’est juste une gentille petite auto-entreprise, mais quand on vient du monde merveilleux du RSA, c’est comme entrer dans le royaume du bling-bling. Je voyais autour de moi des hommes qui se lançaient et je me suis dit « pourquoi pas moi ? ». Je voulais un boulot de chargée d’études marketing ? Je l’ai créé, et bye bye Pôle Emploi.
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J’ai aussi fait en sorte de mettre le nez dehors : en sortant du périmètre de ma chambre, en ayant des loisirs, en m’impliquant dans des associations et aussi en étant sur pas mal de « Commente en direct » du forum !
Qui a dit que l’argent ne faisait pas le bonheur a peut-être parlé un peu vite (dans une certaine mesure), parce que mon entreprise fonctionnant, grâce à mes revenus j’ai fait quelque chose que j’avais en tête depuis pas mal de temps : un tatouage. Ça m’a tellement plus et réussi que j’en ai fait deux autres dans la foulée. « Libérée, délivrée », en quelque sorte.
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Pourvu que cela continue
Tout cela fait que 2015 a été une année clé pour mon épanouissement professionnel et personnel. Et ça me met un peu mal à l’aise de le dire parce qu’elle a aussi été une année triste, dramatique. Je lis partout des articles qui expliquent comment et pourquoi 2015 craint, pourtant ce que je ressens est contradictoire… J’ai beaucoup pleuré, j’ai perdu un être cher et je m’inquiète pour l’avenir, mais en dépit de tout cela, ma vie est bien meilleure qu’il y a un, deux ou quatre ans — un bilan qui me rassure et me rend presque optimiste pour 2016.
J’en viens même à souhaiter que 2016 soit comme 2015 au sens où j’aimerais poursuivre ma vie sur la même lancée. On verra !
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