Préférez-vous les chats ou les chiens ? Cette question anodine peut enclencher les clashs les plus terribles : il y a celles et ceux qui trouvent que les chats sont vicelards (et que leurs maîtres sont des esclaves), celles et ceux qui trouvent que les chiens sont concons (et que leurs maîtres sont des imbéciles)… et il y a celles et ceux qui s’en fichent un peu – qui aiment les chats et les chiens, ou qui n’aiment rien du tout.
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Pour les chercheurs-es de deux universités de Californie, Berkeley et East Bey, nos animaux de compagnie et les rapports que nous entretenons avec eux pourraient en dire beaucoup sur nos personnalités.
Des différences de personnalités entre la team chiens et la team chats
Gretchen M. Reevy et Mikel M. Delgado ont mené une étude avec plus de 1 000 participant-e-s « propriétaires » d’animaux, de 19 à 86 ans. Les résultats de la recherche, publiés dans le Journal of Applied Animal Welfare Science, suggèrent qu’il existerait bien des différences de personnalités entre les personnes qui aiment les chiens et celles qui préfèrent les chats !
Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe a d’abord questionné les participant-e-s sur leurs préférences : sont-ils plutôt chats, plutôt chiens, plutôt les deux… ou aucun des deux ?
Ensuite, les volontaires sont interrogé-e-s sur leur quotidien, et celui de leur animal. Leur petit protégé évolue-t-il à l’intérieur, à l’extérieur, partout ? Depuis quand vivent-ils avec lui ? Est-ce eux qui prennent soin de l’animal au sein de la famille ? Après quelques questions, les scientifiques demandent aux participant-e-s de répondre à trois « tests » : deux tests sur leurs rapports à leur animal de compagnie (le Lexington Attachment to Pets Scale et le Pet Attachment Questionnaire
), et un test analysant les traits de personnalités (pour les intéressé-e-s, il s’agit du Big Five Inventory).
En analysant tous ces éléments, Gretchen Reevy et Mikel Delgado s’aperçoivent que lorsque nous nous identifions comme amoureux des chats, des chiens ou des deux, nous n’aurions pas les mêmes traits de personnalités. Selon leurs observations, les personnes qui seraient plutôt chats seraient plus créatifs, plus aventuriers… mais aussi plus anxieux. Les gens qui seraient plutôt chiens, quant à eux, seraient plus extravertis, rechercheraient la sécurité… mais apprécieraient moins l’aventure.
Ces constatations rejoignent une étude menée en 2010 par le psychologue Sam Gosling, qui soulignait également le côté extraverti des propriétaires de chiens, et le côté névrosé des amateurs de chats.
Un point commun : un comportement de « parents hélicoptères »
Le test de personnalité passé par les participant-e-s évalue leur tendance à la « névrose » (dans ce contexte, la névrose désigne une « instabilité émotionnelle »,une tendance à développer des émotions négatives facilement). En regardant d’un peu plus près ce trait de personnalité et le comportement des participant-e-s avec leurs animaux, les chercheurs-es découvrent quelque chose de surprenant : celles et ceux qui expriment le plus leur affection à leurs chiens ou chats seraient les plus névrosés.
Autrement dit, la névrose permettrait aux « maîtres » d’être plus attentifs-ves à leurs animaux, et de se comporter comme des « parents hélicoptères » : ils anticipent les moindres besoins ou envies de leurs boules de poils et leur donnent beaucoup (trop ?) d’affection.
Pour Mikel Delgado, si la névrose du maître est une aubaine pour l’animal (qui pourra se faire gratter le ventre au moindre couinement), la situation peut être source de vulnérabilité pour l’humain. Selon le chercheur, un haut niveau de névrose pourrait créer un attachement anxieux à l’animal et rendre les maîtres dépendants de leurs animaux…
Somme toute, les animaux de compagnie auraient un impact fort sur nos personnalités, mais aussi sur nos vies, sur nos identités, sur la manière dont nous nous voyons. L’étude de Gretchen Reevy et Mikel Delgado est l’une des nombreuses recherches qui tentent de comprendre les liens qui nous lient à nos animaux.
D’autres expériences montrent les effets positifs des animaux dans nos vies quotidiennes (nous en avions causé ici) : on sait par exemple que les chats pourraient diminuer notre stress, que les animaux de compagnie auraient un impact positif sur le développement des enfants, qu’ils permettraient également d’améliorer la santé et la vie sociale des personnes âgées, que les chevaux pourraient être d’excellents auxiliaires thérapeutiques pour des personnes en situation de handicap… En fin de compte, le sujet n’a rien d’anodin !
Pour aller plus loin…
- La recherche de Reevy et Delgado
- Un article du New York Magazine
- Un article du Huffington Post
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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