Depuis l’été 2012, je suis animatrice de séjours linguistiques, ou comme on le dit dans le jargon un peu moins officiel, monitrice de colonies de vacances à l’étranger !
Animatrice en séjour linguistique : comment se faire engager ?
En mars 2012, j’étais déprimée de n’avoir pas travaillé pendant l’été 2011, et je ne savais pas encore que je partais aux États-Unis à la fin du mois d’août pour y faire ma L3.
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J’étais donc bien décidée à me trouver quelque chose à faire cet été-là, histoire de ne pas encore une fois déprimer être inutile glander pendant des mois, et avoir l’impression de servir à quelque chose. J’ai alors vaguement commencé à chercher un job d’été.
Je vivais encore chez mes parents à l’époque, et la région n’est pas idéale pour les petits boulots saisonniers, surtout quand tu vis à trente kilomètres de la « ville » la plus proche.
Le hasard a amené ma grand-mère à nous rendre visite, et entre deux potins de l’immeuble, nous nous sommes mises à parler de la nocivité du téléphone portable dans l’apprentissage des adolescents (oui je sais ça fait hyper sérieux, mais en fait, non).
Elle en est venue à mentionner sa voisine, directrice d’une association de séjours linguistiques, qui lui avait parlé d’ados, pourris gâtés pour certains, qui restaient scotchés à leur portables et se plaignaient d’être tout tristes et mal à l’aise loin de leurs familles dans un environnement étranger.
Et là, très inspirée, et forte de mon excellent niveau d’anglais (la seule matière où j’avais la moyenne en fac de droit), je me suis exclamée :
« Mais… ils ne cherchent pas des animateurs ? »
Ma grand-mère repartant le lendemain, elle me promit de s’informer. Moins d’une semaine plus tard, elle me rappelait avec le numéro de téléphone du responsable de la section « Îles Britanniques », qui lui-même me donnait rendez-vous.
Un petit voyage à Paris plus tard, je remplissais un document d’informations, et passais un entretien avec ce monsieur, qui m’a demandé quelle expérience j’avais avec les jeunes (six ans de baby-sitting et quatre ans de soutien scolaire, eh ouais ma gueule !), et m’a rapidement testée sur mon niveau d’anglais.
Et hop, j’étais engagée. En fin de compte, ça n’avait rien de bien sorcier !
Après en avoir parlé avec des collègues, il apparait que c’est assez simple de trouver des organismes : il suffit de taper sur Google « organisme de séjours linguistiques » et de prendre contact avec eux. Les emails fonctionnent mais j’aurais tendance à préférer les appels. Si vous les contactez à partir d’avril, c’est parfait !
Le BAFA n’est pas obligatoire, bien qu’il soit conseillé — mais pour ma part je ne l’ai pas. Bien évidemment, il faut être assez bon en langues pour pouvoir s’exprimer et gérer des conflits dans le pays où l’on est envoyé, sinon le recrutement n’est même pas envisageable.
La plupart des gens se faisant engager uniquement pour un été, et pour un seul voyage, les équipes se renouvellent beaucoup. Entre « anciens », on finit donc par se connaître, et nous ne formons qu’un petit noyau.
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Accompagnatrice en séjour linguistique : les pays
J’ai été recrutée par la partie « anglophone » de l’équipe, ce qui veut dire que je peux être envoyée un peu n’importe où, en Angleterre (je ne compte plus) en Irlande (JE L’AURAI UN JOUR !) ou à Malte (jamais de la vie…), mais aussi aux États-Unis (plusieurs destinations un peu partout), en Australie et d’autres destinations pour des stages en écoles internationales — ils avaient même proposé Berlin une année !
Il y a aussi les voyages en Espagne, en Allemagne, en Chine et en Russie. En fonction des années, il peut y avoir d’autres destinations encore, telles que l’Inde ou la Nouvelle-Zélande. Je suis toujours assez surprise par la pluralité des destinations et des formules (du tête-à-tête linguistique avec l’enseignant au séjour de sport).
J’aimerais être envoyée en Irlande et en Australie, mais je ne me plains pas, je sais que j’ai déjà de la chance.
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Vis ma vie d’animatrice en séjour linguistique
En général, il y a deux sortes de groupes : les 11-14 ans (en pleine crise d’ado, au secours), et les 15-17 ans (un peu moins au secours, mais pas toujours drôles quand même, ils acceptent mal l’autorité). Nous sommes environ un animateur pour onze élèves.
Je suis déjà partie deux ou trois fois avec d’autres animateurs puisque nous avions des groupes d’une vingtaine d’adolescents. Mais la plupart du temps, je pars seule avec un petit groupe.
Les deux possibilités ont leurs avantages et leurs inconvénients. Gérer une situation stressante à deux est plus facile, mais quand on n’est pas d’accord sur la façon de l’aborder, c’est assez compliqué de s’entendre.
En Angleterre tout d’abord, j’ai encadré deux sortes de séjour. Ceux que je fais le plus souvent sont la formule « famille » : nous sommes logés dans des familles d’accueil, les adolescents sont en général un ou deux par famille du groupe, et il peut y avoir d’autres nationalités.
Il m’est aussi arrivé d’être dans la même famille que certains de mes adolescents, qui, s’ils sont saoulés au départ, sont au final assez contents que je sois là pour les aider à comprendre leurs hôtes et à leur parler.
Les élèves sont en cours la moitié de la journée, en général le matin, pendant trois heures avec trente minutes de récréation au milieu.
En tant qu’animateur, il faut qu’on soit là le matin pour s’assurer que tout le monde est là, que personne ne s’est perdu/n’a fait l’école buissonnière, qu’on surveille les jeunes pendant la récré puisque c’est à nous de les gérer, et le midi pour surveiller la pause pique-nique.
L’après-midi se constitue d’activités différentes, qui vont de la patinoire au cinéma en passant par la piscine, après l’immuable tour de la ville le premier jour, bien évidemment. Il y a aussi une journée complète d’excursion par semaine dans une grande ville, Londres par exemple.
J’aime assez ce principe qui permet de connaître des gens et de découvrir la vraie vie des Anglais, pas si différente de la nôtre, mais les adolescents ne sont pas toujours aussi réceptifs.
Animatrice en séjour linguistique : le collège international
Les jeunes sont séparés en dortoir par groupes, garçons et filles dans des chambres différentes, mais il y a aussi des groupes d’autres nationalités.
C’est plus sympa car tout se fait sur place, donc pas de risque d’en perdre dans le système de transport le matin. Le soir cela permet des veillées et rend la colo plus conviviale (même si j’affectionne particulièrement mes soirées tranquilles quand on est en famille d’accueil).
Dans les deux cas, il y a une équipe d’animateurs/professeurs pour faire les cours/encadrer les activités l’après-midi. Nous sommes un espèce de relais sécurité sans barrière linguistique pour les enfants et leurs parents.
Aux États-Unis, le système est un peu différent. Déjà, le séjour dure trois semaines, puisqu’il y a le décalage horaire et le temps d’avion.
Les familles font cela bénévolement, contrairement à l’Angleterre où elles sont payées. Il n’y a pas de cours, et le groupe ne se voit que deux jours par semaine pour différentes activités, telles que des parcs d’attractions ou aquatiques, des visites de villes ou encore des pique-niques.
Ils aiment bien les pique-niques.
C’est très sympa, car passer du temps avec la famille d’accueil permet de découvrir la ville et la vie 100% américaine, même pour moi qui ai fait un an d’université là-bas. Et les familles, du moins celle dans laquelle j’ai été placée pour le séjour que j’y ai encadré, se donnent vraiment du mal pour que nous passions un bon séjour.
Cela complique par contre la cohésion du groupe, et fait que nous les animateurs ne connaissons pas bien les adolescents. Je trouve ça un peu dommage, et ma collègue était de mon avis. Ce type de voyage n’est par ailleurs valable que pour les 15-17 ans.
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Les côtés pas franchement faciles
Bizarrement, les parents peuvent être la première difficulté lors de ce genre de séjour.
Le plus souvent, ce sont eux qui se sont dit que ce serait une bonne idée d’envoyer leurs enfants à l’étranger, mais au final, ils n’ont pas envie de les voir partir ; s’ils le pouvaient, ils monteraient dans le train et viendraient avec nous !
Heureusement, ils ne sont bien sûr pas tous comme ça, mais au premier séjour, cela peut déboussoler.
Se retrouver avec un groupe d’adolescents amène toutes les tensions et les problèmes de hiérarchie qu’on imagine ; la clé est de ne jamais oublier que vous êtes le chef et que s’il y en a un qui domine, c’est vous.
Cela me pose heureusement peu de problèmes, un regard suffit généralement à les faire taire quand je fais les gros yeux…
Mais il y a aussi des incidents moins évidents, comme le fait qu’il faille changer un enfant de famille pour différentes raisons : des allergies aux animaux alors que la famille possède un chien, plus de deux enfants français dans la famille parce que les écoles chargées du placement ont parfois des difficultés au plus fort de l’été, ou tout simplement le fait que les enfants et la famille ne s’entendent pas du tout.
Dans un autre genre, il y a les petits accidents conduisant à un passage à l’hôpital, pour un bobo ou parce qu’un des adolescents ayant une maladie génétique déclenche un problème en rapport avec la-dite maladie (toute situation liée à des événements réels serait purement fortuite…).
Et, beaucoup moins drôle, il y a les vols. En Grande-Bretagne ils ne plaisantent vraiment pas avec ça, et certains adolescents ont déjà été rapatriés parce qu’ils avaient volé des choses, comme une bague à £2 à Primark.
Quand on les écoute après coup, on se rend compte que c’est vraiment plus le côté « liberté YOLO » qui les attire que l’appât réel de la chose… Cela entache pas mal la réputation des Français à l’étranger, et c’est bien dommage. On a beau faire le point avant le départ, on ne peut pas tout éviter.
Les problèmes avec l’école sur place arrivent aussi parfois. Moi qui pensais avoir des vacances tout frais payés, on m’a menti ! Toutes ces raisons font qu’il faut être certain de son niveau de langue pour pouvoir gérer ces soucis inévitables.
Accompagnateur en séjour linguistique : les avantages
Encadrer des séjours est tout de même génial pour plein de raisons.
Le billet est payé, vous êtes logé·es, nourri·es et blanchi·es si vous restez plus d’une semaine.
Vous êtes payé·es 25€ par jour. Ce n’est pas énorme, mais il me semble que c’est proche de la paye des moniteurs en France. Cela n’est par contre valable qu’en Europe ; aux États-Unis, on n’est pas payé·es en plus du logement et du billet.
Vous avez un passe pour les transports de la ville quand vous êtes en formule famille, les collèges étant en général dans la campagne, et vous avez donc du temps libre le matin pendant qu’ils sont en cours, et le soir après la fin des activités, vers 17h en général.
Le seul problème est que les magasins ferment tôt, mais ils sont ouverts le dimanche. Le plus difficile est donc de ne pas dépenser sa paye dès le séjour, entre les boutiques et les sorties pubs le soir avec les autres moniteurs…
Mais surtout, l’expérience et le voyage, cela n’a pas de prix à mes yeux !
Vous pouvez en lire plus sur les voyages de Vintage Phonic sur son blog !
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Les Commentaires
Moi je fais accompagnatrice de séjours linguistiques depuis 2 ans avec l'organisme ATL (Active Travel Language). J'encadre des ados de 16 à 18 ans qui sont en programme préparation grandes écoles ou préparation concours science po ou prépa bac. Même chose que @Panties Party!, je garde de bons souvenirs en "résidentiel" dans l'université avec les autres étudiants du campus, mais j'aimerai bien aussi essayer les séjours en famille.
Les profs avec qui mes collègues et moi bossions étaient vachement sympa notamment un prof qui est par la suite, devenu un bon ami. Dans le premier séjour que j'ai fait avec ATL, j'ai eu un coup de foudre amical pour les deux accompagnatrices avec qui je bossais et maintenant on se voit dès qu'on peut toutes les trois.
Je conseille vraiment à tout ceux qui hésitent de tenter leur chance et devenir animatrice de séjours linguistiques c'est vraiment une expérience enrichissante!