Article initialement publié le 17 février 2014
Harnaam a 23 ans, et elle souffre d’un syndrome des ovaires polykystiques, qui s’accompagne dans son cas d’une pilosité importante. Avec la puberté, ce n’est pas un léger duvet qui a poussé. Elle est devenue une femme à barbe.
Après avoir essayé de l’épiler dans la douleur, de la cacher en l’éclaircissant avec beaucoup de difficultés, après avoir énormément souffert des moqueries des autres, la femme à barbe a finalement décidé d’assumer ses poils. Elle s’est convertie au sikhisme, dont l’un des préceptes est justement l’acceptation de son corps, don de Dieu.
« Voilà qui je suis, je suis différente et j’ai appris à l’accepter complètement. »
Découvrez cette incroyable jeune femme de 23 ans, Harnaam Kaur, femme à barbe depuis ses 16 ans. Et elle ne s’est jamais sentie plus femme.
« C’est ainsi que Dieu m’a faite, et j’en suis satisfaite. »
Harnaam a un syndrome des ovaires polykystiques, ce qui peut causer des pousses de poils excessives. Elle n’avait que 11 ans lorsque les poils ont commencé à apparaître sur son visage.
« Je le cachais, en mettant mes mains devant mon visage quand je parlais aux gens. Je m’épilais à la cire mais c’était très douloureux, j’ai essayé de la raser avec des crèmes, j’ai essayé de la décolorer… »
Harnaam a été harcelée à l’école, et dévisagée dans la rue.
« Les gens me traitaient de Barbe-zare ou lieu de « bizarre », de « fhomme »… »
Elle a même reçu des menaces de mort après avoir posté une vidéo à propos de la pilosité faciale chez les femmes sur Youtube (et des femmes à barbe).
« Des gens m’ont dit qu’ils allaient me brûler, me jeter des briques. »
Elle a commencé à se mutiler, et est allée jusqu’à penser au suicide.
« Je m’enfermais chez moi, je ne voulais pas que les gens me voient parce que ça voulait dire être dévisagée davantage. »
Mais à 16 ans, tout va changer pour Harnaam, quand elle décide d’être baptisée Sikh.
« On doit garder notre corps intact, comme Dieu nous l’a donné. J’en étais littéralement à un point où je n’en pouvais plus d’être harcelée par les gens, d’être déprimée, d’avoir des pensées suicidaires, de me faire du mal, je n’en pouvais plus. »
Cette décision était controversée : la propre famille d’Harnaam s’y est d’ailleurs opposé, au départ.
« Mes parents se sont inquiétés, ils avaient peur que je n’aie pas « une vie normale », comme ce qu’une jeune femme devrait avoir. Que je ne puisse pas me marier, que je ne trouve pas de travail, parce qu’aucun employeur ne va pas embaucher une femme à barbe, etc. »
Mais elle a été soutenue par son frère de 18 ans, Gurdeep, et son amie Surrinder.
« Elle est heureuse ainsi, elle fait ce qu’elle veut et tant qu’elle est heureuse, c’est tout ce qui m’importe. » – Gurdeep
« Pour moi, la voir sans sa barbe maintenant, ce serait un choc, ce ne serait pas la même personne. Je pense qu’avoir cette barbe lui a probablement donné la force d’être qui elle veut être, de dire ce qu’elle veut dire, et juste d’être heureuse. » – Surrinder
Harmaan est toujours dévisagée dans la rue, et est régulièrement prise pour un homme, mais elle a appris à l’accepter.
« Je m’en amuse un peu parfois, quand j’utilise des toilettes publiques et que quelqu’un me fait « ce sont les toilettes des femmes ici », je prends une voix grave et je réponds « non, ici ce sont les hommes ! », donc j’en joue, et c’est drôle parce qu’au final, on en rigole ensemble. »
La vie de Harnaam s’est considérablement améliorée. Elle travaille en tant qu’assistante d’éducation à l’école primaire, et reçoit des douzaines de messages d’hommes et de femmes autour du monde, qui aiment sa barbe.
« Un homme a vu ma photo, et m’a demandé si je voulais l’épouser ! »
Elle espère que son histoire encouragera d’autres femmes à développer leur estime d’elle-même dans leur rapport au corps.
« C’est moi, voilà qui je suis, c’est ma beauté intérieure, extérieure, c’est mon ensemble, mon équilibre. Je suis différente et j’ai appris à l’accepter complètement. »
Une bien belle histoire qui nous rappelle, puisque c’est toujours utile, qu’il est possible — et salutaire — de s’accepter contre vents et marées.
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