« Malgré les engagements pris par les gouvernements, nous n’avons pas d’actions significatives et durables au niveau mondial. C’est profondément pénible et frustrant. »
Dans une lettre ouverte publiée dans The Guardian, l’actrice Angelina Jolie s’est adressée aux gouvernements pour leur inaction dans la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés. Son constat est sans appel : les belles paroles n’ont pas laissé place à des actes et rien n’est fait pour endiguer les violences sexuelles en temps de guerre dans le monde. Elle pointe la lâcheté des dirigeants qui n’ont pas été au bout de ce qu’ils avaient promis :
« Quand il faut faire des choix difficiles sur la mise en œuvre de ces promesses, nous rencontrons les mêmes problèmes à maintes reprises. Nous faisons face à des membres des conseils de sécurité qui abusent de leur droit de veto, comme cela a été le cas pour la Syrie.
Nous faisons face aux intérêts politiques et économies qui passent en premier, traitant certains conflits comme plus importants que d’autres.
Et nous faisons face à un manque de volonté politique, ce qui veut dire que les gouvernements ces dernières années ont relégué au second plan l’importance des efforts pour combattre les violences sexuelles en zone de conflit, malgré le lien direct avec la paix et la sécurité internationale. »
Comme elle le rappelle, en sa qualité de co-fondatrice de la Preventing Sexual Violence in Conflict Initiative et envoyée spéciale du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l’enjeu ne doit pas être minoré, notamment parce que ces multiples conséquences sont néfastes et durables pour l’ensemble des pays touchés :
« Les violences sexuelles dans les zones de conflit rendent la paix plus difficile à atteindre — et moins stable. Elles augmentent le risque de violences domestiques. Elles provoquent des déplacements de population. Elles empêchent la scolarisation des filles. Elles laissent des marques de traumatismes et de stigmatisation qui affectent des sociétés entières et traversent les générations. »
Un sommet de Preventing Sexual Violence in Conflict Initiative doit se tenir cette semaine à Londres et réunir 70 pays. Le gouvernement britannique s’est d’ores et déjà engagé à mettre 12,5 millions de livres sur la table pour les trois ans à venir. Une « goutte d’eau dans la mer » estime Eva Tabassam, directrice de Gender Action for Peace and Security « en comparaison avec les montants des fonds qui ont été amputés du programme sur l’égalité des genres ».
Un constat que partage Nimco Alo, directrice de The Five Foundation, pour qui un simple renouvellement des engagements ne sera pas suffisant. « Le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth doit inscrire un changement profond et mettre à jour ses priorités en mettant les principes d’égalité au cœur de sa politique de soutien et de diplomatie. »
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Crédit photo : Foreign, Commonwealth & Development Office, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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