Début juillet, la présidente LR de la région Île-de-France Valérie Pécresse débaptisait un lycée de Saint-Denis (93) contre l’avis du maire de la ville et du ministre de l’Éducation nationale d’alors, Pap Ndiaye. Dénommé Angela Davis, le lycée était donc renommé Rosa Parks, un choix plus « consensuel » selon Valérie Pécresse. En cause, une tribune signée par la militante afroféministe états-unienne en 2021, qui dénonçait la « mentalité coloniale dans les structures de gouvernance de la France ».
Valérie Pécresse débaptise le lycée Angela Davis
« Je crois qu’il est nécessaire que nous rejetions la dénomination du Lycée Angela-Davis. Faute d’avoir reçu aucune autre proposition de la communauté éducative ou du maire de Saint-Denis, je vous propose que nous lui attribuions le nom de Rosa Parks », avait expliqué la présidente de la région lors d’une commission permanente.
Preuve, s’il en fallait une, que le parcours et les engagements d’Angela Davis dérangent encore. Mais alors, « qui a peur d’Angela Davis ? », questionne Sébastien Thème dans une série documentaire diffusée tout l’été sur les ondes de France Culture, et d’ores et déjà accessible en podcast, dont Madmoizelle est partenaire. L’occasion de revenir en 3 faits sur le parcours et la vie, digne d’un roman, de l’une des militantes les plus iconiques du XXIe siècle.
Trois choses à savoir sur la militante afroféministe Angela Davis
Jeune, Angela Davis a étudié en France
Angela Yvonne Davis est née en 1944 en Alabama, aux États-Unis, dans une famille afroaméricaine de Birmingham, à une époque où la ségrégation raciale a toujours cours dans le Sud du pays. À l’issue d’un cursus universitaire à New York, elle passe un mois à Biarritz en septembre 1963, puis un mois à Paris où elle suit des cours de littérature contemporaine à la Sorbonne avant de rejoindre Francfort, où elle étudie la philosophie.
Elle a été candidate à deux reprises à la vice-présidence des États-Unis
Marquée très jeune par le racisme et la ségrégation, Angela Davis s’engage tôt pour la défense des droits humains et des droits des personnes minorisées et est membre du Black Panther Party. Militante du Mouvement américain des droits civiques, elle est à deux reprises candidate à la vice-présidence des États-Unis pour le Parti communiste américain en 1980 et 1984, avec Gus Hall, fondateur du syndicat United Steelworkers of America qui dirigea le Parti jusqu’en 2000.
Membre du Black Panther Party, Angela Davis a échappé de peu à la peine de mort
En 1970, Angela Davis se retrouve sur la liste des « dix personnes les plus recherchées par le FBI ». En cause, l’affaire des « Frères Soledad », à laquelle elle s’est retrouvée liée, impliquant trois prisonniers états-uniens accusés d’avoir tué un gardien dans la prison de Soledad, en Californie. À l’époque, Davis s’engage dans le comité de soutien aux accusés, et correspond avec l’un des prévenus. Le 7 août 1970, une prise d’otage a lieu en plein procès et aboutit à la mort de deux prévenus et d’un des juges. Sur les lieux, une arme est retrouvée et est identifiée comme appartenant à la militante, qui l’aurait achetée deux jours plus tôt. Angela Davis prend la fuite et est finalement retrouvée puis arrêtée à New York. Elle sera emprisonnée plus d’un an et demi, puis libérée après qu’une campagne internationale s’organise, à laquelle se joindront des intellectuels et personnalités de l’époque comme Jean-Paul Sartre notamment.
Pour écouter « Qui a peur d’Angela Davis » sur France Culture
Les Commentaires