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Source : Srecko Stipovic / Getty Images
Amours

Ancienne nonne, j’ai vécu ma première aventure sentimentale et sexuelle à l’âge de 65 ans 

Religieuse, Catherine Draveil, a quitté le couvent après y avoir passé quarante ans. Elle a alors découvert alors sa féminité, s’est inscrite sur les applis de rencontre, et a fini par y rencontrer son futur époux… à l’âge de 70 ans. Témoignage.

J’ai grandi au sein d’une famille nombreuse très catholique où il était coutume qu’au moins un enfant sur trois devienne religieux. Étant d’une nature rebelle, une partie de moi a sans doute aussi voulu faire plaisir à ma mère en optant pour cette voie. J’ai essayé de taire cette petite voix toute mon adolescence, me marier, mais elle m’a rattrapée. J’étais pourtant déjà tombée amoureuse, sauf que la fois où le garçon a essayé de m’embrasser, je suis partie en courant, encore traumatisée par les attouchements que j’avais subis à l’âge de six ans. 

« Emprisonnée » et sous emprise

À 22 ans, j’arrête mes études de médecine et m’inflige d’entrer au monastère. Isolée à 800 km de chez moi, ma famille me rend visite au parloir, à travers une grille. On dort dans des cellules. Tout un vocabulaire de prison. Quant à ma supérieure, elle est manipulatrice et paranoïaque. Ma vulnérabilité fait de moi la proie parfaite pour tomber sous emprise religieuse. Les premiers temps, je pleure tous les jours. Au lieu de me proposer de retourner finir mes études et d’aviser, elle me répond :

« Vous savez, plus c’est difficile, plus vous sauvez d’âmes, et plus le sacrifice est beau ».

Je reste. D’autant qu’ayant fait une dépression infantile précoce quand j’avais huit ans, qui m’a ôtée toute raison de vivre, je m’étais réfugiée dans ce que disait le catéchisme, à savoir que la vie, c’est pour d’arriver à un hypothétique bonheur au ciel, donc après la mort. 

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Masturbation et culpabilité

Les attouchements dont j’ai été victime enfant ont eu pour conséquence immédiate d’éveiller un plaisir que j’ai ensuite reproduit tous les jours de ma vie. Je me masturbe sans mettre un mot dessus. Au début, au monastère, je me retiens par culpabilité, puis recommence. La masturbation constitue une compensation à mon mal-être… dont je m’accuse ensuite au confessionnal. 

Prise de conscience et libération

À soixante ans, je vis la démission de ma supérieure – mon gourou – , comme un tsunami. Ravagée par son départ, je tombe en burn-out et pars me reposer dans une abbaye proche. Un matin, je me promène dehors et soudain, la vie reprend en moi. Je sens le soleil, j’entends le chant des oiseaux, je vois la neige briller. De retour au monastère, dès que mon disque mental reprend, je sors prendre l’air.

Le deuxième élément déclencheur, c’est une réunion que j’ai organisée à laquelle on m’interdit d’assister. Je repars à nouveau me reposer. Un mois cette fois. Qui deviendra un an. En effet, on m’explique que je ne suis pas remise et ne peux retourner au monastère. Moi, étant formatée, je ne me demande pas comment je vais, je n’ai jamais appris à m’écouter. D’ailleurs, cinq ans plus tôt, ne sachant plus pourquoi j’étais là, j’avais parlé à ma supérieure qui m’a reproché d’en être encore à m’écouter, que le Christ ne s’était pas écouté. Ma libération, je la dois aussi à la bienveillance d’un abbé qui un jour me lance :

« Catherine, que ressens-tu à la perspective de retourner là-bas ? »

Je réalise que ça m’angoisse énormément, comme si je repartais en prison. Il m’explique que Dieu veut mon bonheur et que la vie religieuse n’est peut-être plus mon chemin. Je demande alors à vivre dans le monde, à travailler jusqu’à me sentir prête à être relevée de mes vœux. Je suis enfin libérée. 

Première expérience sexuelle et app de rencontres 

Le monde a beau avoir beaucoup changé, je m’adapte très vite. Et mes cousines m’aident beaucoup. L’une d’elles me présente un de ses amis avec lequel je vis ma première aventure sentimentale et sexuelle à l’âge de 65 ans. Je goûte aussi aux vacances en couple et aux petites attentions. Notre histoire prend fin au bout de neuf mois, mais cette expérience me fait grandir, découvrir ma féminité. « Si tu veux rencontrer un homme, inscris-toi sur un site de rencontre, il ne va pas te tomber du ciel », me souligne une amie. C’est ainsi que je matche avec Yves. Il aime la musique et joue au bridge, un bon point, j’ai envie d’apprendre. On bascule sur WhatsApp. Je lui annonce cash que j’ai été bonne sœur. 

Jeune mariée à 70 printemps 

On tombe amoureux et rapidement, j’emménage chez lui. « C’est la grande invasion », ironise-t-il en me voyant débarquer avec mon petit baluchon. Dans la foulée, il me demande de l’épouser pour me mettre à l’abri au cas où il partirait avant moi. Ça m’est égal de ne pas être mariée, tous mes tabous ont sauté, j’ai opéré ma métamorphose. En revanche, je suis touchée par sa délicatesse et on se marie en janvier 2022. J’ai 70 ans. Tout s’est passé vite, mais à nos âges, on ne perd plus de temps. 

La découverte de ma féminité 

À ma sortie du couvent, prendre soin de mon apparence est une autre révolution. Je prends conscience que j’aime être coquette. Un jour, j’entre chez Marionnaud et demande « le noir » que l’on met sur les cils et que je trouve joli sur les autres. J’en ressors avec un eye-liner et un mascara. Peu à peu, j’ose porter du rouge à lèvres, me faire faire les ongles rouges, aller chez le coiffeur et trouver la coiffure qui me va bien. Des petits plaisirs que je ne connaissais pas : j’adore ça ! 

Aucun regret

Mon destin fut d’avoir ce parcours de vie. Je ne regrette rien, ce que j’ai vécu a créé une telle soif de vivre que je profite et m’émerveille de tout à présent. Même s’il y a eu beaucoup d’ombres dans ma vie, je refuse qu’elle envahisse ma lumière. On a tous des embûches, certains n’ont pas pu avoir d’enfant, la carrière qu’ils voulaient, trouver l’amour. Mon conseil : apprendre à écouter ses désirs et ne pas avoir peur de faire confiance à la vie.

*Catherine Draveil est l’autrice de Métamorphose – la vie m’appelle (éd. Favre)

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Les Commentaires

6
Avatar de DamePatience
21 mai 2024 à 22h05
DamePatience
Merci pour ce témoignage qui change agréablement de ce qu'on voit d'habitude.
Et comme @Endless , je suis ravie de voir le témoignage d'une femme plus âgée.
5
Voir les 6 commentaires

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