S’il fallait décrire Amy Schumer, je dirais que c’est l’enfant spirituelle de Sarah Silverman, Joan Rivers, Ricky Gervais et Andy Samberg. Ça en fait du beau monde et un rejeton de qualité. Amy Schumer est la révélation humour qui monte depuis quelques années pour se faire une place au panthéon des comédien•nes américain•es qui savent faire rire et réfléchir en même temps.
À lire aussi : « Trainwreck », le nouveau film de Judd Apatow avec Amy Schumer et Bill Hader
Du stand-up aux grandes chaînes de télévision
À partir de 2004, Amy Schumer essaye de se faire une place au soleil sur des scènes de stand-up new-yorkaises, tente sa chance à des castings pour des émissions de télé mais peine à se faire remarquer dans un domaine où les humoristes sont très nombreux•ses et très installé•es, entre autres par le biais d’émissions comme le Saturday Night Live ou autres night shows dont les américains ont le secret.
Après avoir tenu des petits rôles dans des séries (Girls, 30 Rock, Louie), elle anime son propre spectacle de stand-up sur la chaîne Comedy Central. Intitulé Mostly Sex Stuff, son spectacle traite de sexualité dans la vraie vie, avec honnêteté et réalisme, sans jamais être vulgaire et en étant absolument hilarante.
« Est-ce qu’il y a ici des filles qui aiment le porno ? *cris dans l’assistance* Merci, c’est cool ! Toutes les salopes sont au premier rang. »
Le public américain découvre ainsi une humoriste fraîche et douée qui parle de tout, sans tabou, avec beaucoup de justesse : enfin un angle drôle pour parler des relations amoureuses, de sexe et même de féminisme !
« J’aime parler des trucs dont personne d’autre ne parle, les choses les plus sombres, les plus sérieuses à propos de nous. Je parle de la vie, du sexe, des histoires personnelles, de choses dans lesquelles les gens se reconnaissent, ou pas. »
En 2012, elle commence à travailler avec la chaîne Comedy Central sur un format d’émission qui mélangerait des sketchs, des vidéos et du stand-up : Inside Amy Schumer naît en avril 2013.
À lire aussi : Ces comédiennes de stand up américaines à découvrir d’urgence
Inside Amy Schumer, une émission drôle et novatrice Dès les premiers sketchs diffusés, on sent une écriture fraîche et une envie de dépeindre avec beaucoup d’humour les considérations des vingtenaires-trentenaires d’aujourd’hui.
https://youtu.be/YU2L5AUKtyc
Amy Schumer évoque les relations amoureuses mais aussi des questions de sexualité, comme les sextos, les femmes dans les films pornos ou les MST. La force d’Inside Amy Schumer c’est le ton décalé et les vidéos impeccablement réalisées et écrites, qui font de tout sujet sérieux un objet drôle mais jamais décrédibilisé.
https://youtu.be/WfPbguqsops
La troisième saison du show a débuté hier et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a commencé en beauté avec un buzz féministe surfant sur LA tendance pop-culture de 2014 : les fesses. Nicki Minaj, J-Lo et autres Iggy Azalea n’ont qu’à bien se tenir avec Milk, Milk, Lemonade, une parodie de rap sexiste et fétichiste du booty dans laquelle apparaît Amber Rose.
Avec son esthétique et le rythme de la chanson, on croit à une satire pure et simple jusqu’à la phrase qui en a achevé plus d’un•e :
« C’est de là que sort mon caca. C’est ça que tu trouves sexy ? Tu parles de ma machine à Nutella. »
De quoi fermer assez vite le clapet des Jason Derulo et autres rappeurs qui voient en le corps féminin une machine à fantasme et pas juste un corps qui fonctionne … et sécrète.
Amy Schumer : le féminisme drôle et efficace
Est-ce que les femmes peuvent être drôles ? Si certains se posent encore cette questions, ils ne connaissent pas Tina Fey, mais bref. Amy Schumer est l’exemple parfait d’une personne drôlissime, qui se permet en plus d’être intelligente et juste dans les sujets dont elle se saisit. Nombre de ses sketchs traitent des dynamiques entre hommes et femmes, de la pression que les femmes se mettent toutes seules ou par le biais des hommes et de la société.
À lire aussi : « Les filles sont drôles comme l’éclair », sur les femmes et l’humour
Un autre sketch remarqué hier soir, avec Tina Fey, Patricia Arquette et Julia Louis-Dreyfus parle de la pression sur les actrices d’Hollywood et leur apparence.
À lire aussi : Tina Fey et Amy Schumer (& co.) se moquent du sexisme et du jeunisme à Hollywood
La preuve qu’elle fait bien son job, c’est que durant la diffusion du premier épisode de la seconde saison d’Inside Amy Schumer, 60% de son audience était composée d’hommes. Parfois comparée aux héroïnes de Broad City (aussi diffusée sur Comedy Central), Amy Schumer est selon une journaliste de Slate « sournoisement féministe […] : en enrobant ses idées de façon détournée, sexy, salope, en jouant un numéro d’auto-dépréciation, son message passe bien ».
En dehors de son émission, Amy Schumer n’hésite pas non plus à prendre la parole sur les sujets qui lui importent, mettant de côté les habituels tabous sur sa vie privée ou son adolescence ingrate. Parce qu’Amy est bien plus qu’une nouvelle icône du féminisme US, c’est d’abord une femme normale, qui l’ouvre un peu plus que la normale.
À lire aussi : Obvious Child, la rencontre réussie entre comédie romantique et… avortement
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Je comprends que tu aies vu ça comme ça mais ce n'est pas ce que je voulais dire en fait ! Je vais tenter de préciser ma pensée : moi, elle me fait rire, mais mis à part ça ce que j'apprécie chez elle c'est que d'une part elle ait du succès auprès d'un public mixte parce que ça prouve qu'une femme peut être aussi drôle qu'un homme, et d'autre part elle s'autorise un langage cru que certains désapprouvent quand c'est une femme qui l'emploie. Je ne cherchais pas à faire de lien entre les deux en fait !