— Publié initialement le 13 décembre 2013
Je me souviens précisément de la fois où on m’a conseillé de me pencher sur le travail d’Amy Poehler. Je discutais avec Julia, une lectrice passionnée de séries, de mon admiration pour Tina Fey. Fervente admiratrice de celle qui est une des meilleures amies de cette dernière, elle m’a alors tellement bien vendu Amy que j’ai commencé à regarder tout ce qu’elle avait fait.
Depuis, mon admiration pour Tina n’a pas faibli, loin de là, mais j’ai tout autant d’estime et d’étoiles dans les yeux dès qu’on me parle de Poehler. Car en plus d’être une actrice extraordinaire (notamment dans l’excellente série Parks & Recreation) et d’avoir un don pour l’humour incroyable, elle donne les réponses aux interviews les plus inspirantes qu’il m’a été donné de lire. Des réponses toujours pleines de bon sens, de sagesse et de puissance.
Ces qualités, Amy Poehler les met également au service de nous toutes dans Amy Poehler’s Smart Girls, une chaîne Youtube dans laquelle elle répond à des questions posées par des jeunes filles ou jeunes femmes. Des conseils de vie précieux qu’elle prodigue avec clarté et simplicité en vidéos (entre deux tournages, ou dans une voiture, ou les cheveux encore mouillés).
Clairement, elle met des mots spontanément sur des choses que j’aimerais dire pour remonter le moral de mes amis, ou que j’aimerais entendre les jours de déprime. Voici donc deux de ses meilleures réflexions sur les trucs les plus flippants de notre quotidien. Des idées à ressasser, dont il faut selon moi s’imprégner pour rendre notre vie encore mieux qu’elle ne l’est déjà.
Le pouvoir de la vulnérabilité
Lâcher prise, parfois, ça fait du bien. Le truc, c’est qu’on ne sait jamais vraiment comment s’y prendre. Finalement, qu’est-ce qui peut faire plus peur que de réaliser qu’on n’a plus de contrôle sur ce qu’on ressent ?
Le croque-mitaine, à la limite. Le croque-mitaine avec une perruque. Et une voix d’enfant. Avec un écho. Parce qu’on se livre aux autres, dans ces cas-là, qu’on montre des signes extérieurs de faiblesse, et c’est pas évident d’accepter de montrer ses tripes. Ça sonne comme quelque chose d’impudique.
C’est ce qu’il se passe, bien souvent, quand on tombe amoureux, du genre vraiment. À chaque rupture, par exemple moi, je me suis dit qu’il était hors de question que je replonge aussi facilement la fois suivante. Qu’il faut que je me contrôle, que je ne lâche pas prise. Et puis bon, finalement, ça ne se contrôle pas, on peut rien y faire, et ça ne sert finalement pas à grand-chose de se mettre les mains sur les oreilles en criant « LALALA J’ENTENDS RIEN DE CE QUE MON ORGANE CORONARIEN ME DIT ».
Amy, elle, elle sait non seulement expliquer qu’on peut pas faire grand-chose contre ça mais qu’en plus, c’est important, parce que lâcher prise et se laisser guider par ses sentiments c’est la clé du bonheur et de la puissance :
https://youtube.com/watch?v=h-djoZKPnLU%3Flist%3DPL0F5894A2EBEA8BA0
En répondant à Summer, qui explique ne pas pouvoir s’empêcher d’avoir peur de tomber amoureuse, Amy dit des choses tellement justes pour aider Summer et tellement déculpabilisantes pour celles qui foncent tête baissée sous les yeux parfois effarés des autres qui ne peuvent pas comprendre ce qu’ils vivent, puisque c’est terriblement intime et propre à soi :
« Quand tu dis aux autres que tu les aimes ou quand tu réalises que tu es amoureuse, ce que ça veut dire c’est que tu donnes un peu, que tu es vulnérable. Mais le fait est que la vulnérabilité est la clé du bonheur. Les personnes vulnérables sont des personnes puissantes. […] Mon conseil c’est : célèbre l’idée d’être amoureuse, ou l’idée d’être amoureuse de l’idée d’être amoureuse, que tu n’es pas effrayée d’être amoureuse. […] »
Non seulement elle rassure cette fille qui a peur de tomber amoureuse, parce que c’est normal, mais elle rassure aussi les autres, ceux qui y vont franco, de manière intense, au point d’en défoncer la chambranle des portes en passant. C’est normal d’avoir peur, mais c’est normal aussi de vouloir bouffer de l’amour par tous les bouts — ce qui ne veut pas dire qu’on doit mettre les dents dans certaines situations, on est bien d’accord.
Merde, c’est vrai quoi : on a qu’une vie. Et moi qui suis incapable de ne pas me jeter à corps perdu dans toutes les relations que j’entame, quitte à passer pour un coeur d’artichaut en conserve aux yeux des autres, quitte à tout flamber trop vite, quitte à souffrir très fort quand l’euphorie retombe, ça me rassure vachement, d’entendre ça. Et la vulnérabilité n’apparaît plus comme une faiblesse, mais comme une force énorme.
C’est pas pour autant qu’elle dit à Summer et toutes celles (et ceux) qui ont peur de l’amour qu’ils gâchent leur vie. Ce qu’elle dit, c’est que le vrai courage, le vrai pouvoir, c’est pas d’être vulnérable, mais d’accepter le fait qu’on a le droit de l’être. De réaliser que c’est normal d’avoir peur, mais de ne pas se laisser paralyser par cette crainte. Et donc, de profiter. Parce qu’on le mérite.
Faire les choses avant de trop cogiter
En répondant à May, qui explique qu’elle craint d’avoir un premier rôle au théâtre parce qu’elle a peur d’échouer devant tout le monde, Amy Poehler rebondit sur la vie en général.
https://youtube.com/watch?v=DNvYO4CTixI%3Flist%3DPL0F5894A2EBEA8BA0
« Comment est-ce qu’on prend des risques, comment est-ce qu’on fait des choses même si on a peur d’échouer devant tout le monde, comment est-ce qu’on reste courageux ? La première chose que j’ai lu c’est que tu aimes être sur scène. Tu parles de quelque chose que tu aimes. Tu réponds à la chose la plus difficile, qui est « qu’est-ce que j’aime » ?
On est toujours en train de chercher ce qu’on a envie de faire. Donc toi tu sais que tu aimes ça. Si oui ou non tu seras bonne à ça, c’est la question. Et la seule façon pour que tu réalises si tu es bonne pour quelque chose, c’est de le faire ! La seule façon de savoir si tu es bien avec quelqu’un, c’est d’y aller ! Le meilleur moyen de savoir si tu es au bon endroit, c’est de rester à cet endroit !
Tu peux t’imaginer les pires scénarios […] ou tu peux le faire, et voir ce qu’il se passe. Parce que les gens fantastiques font les choses avant d’être prêts à les faire. Ils font les choses avant de savoir qu’ils peuvent les faire. »
Ce qu’elle dit, c’est qu’il faut avoir le cran de faire les choses, même si on a peur de se planter. Parce que se planter, c’est pas grave. À partir du moment où on se pose beaucoup de questions sur quelque chose, du genre « est-ce que j’ai envie d’être avec ce garçon/cette fille ? » ou « est-ce que je suis fait pour le macramé/écrire des histoires/cuisiner », c’est qu’on a envie de le faire et qu’on doit tenter, que ça nous tient à coeur.
Ce n’est même pas une question de courage, en fait, selon moi, d’expérimenter : c’est une question de faire confiance non pas à son instinct (c’est bien trop vague, comme idée), mais à ses questions. Si on prend le temps de réfléchir pendant des heures sur ça, ça veut dire que ça nous tient à coeur. Et si ça nous tient à coeur, ça veut dire qu’on doit crever l’abcès, faire fondre le doute et donc, foncer.
C’est facile de dire à quelqu’un « boah, fais ton truc, qu’est-ce que t’as à perdre ? » ; c’est plus difficile d’appliquer ce principe au quotidien. Mais en partant de l’idée très simple que le meilleur moyen de savoir si on a envie de faire un truc, c’est de le faire, on gagne quand même un temps fou.
Et gagner du temps, c’est important, parce que ça nous en laisse plein pour tester d’autres trucs. Et si on échoue ? Et si on n’est finalement pas faits pour ce qu’on a essayé de faire ? Et si on n’est pas faits pour être avec cette personne ? Bah c’est rien : au moins, on est fixés. Et être fixés, c’est éviter de fantasmer des situations, et donc s’octroyer le droit d’en rêver d’autres jusqu’à ce qu’on les teste. C’est trouver plus vite et surtout, se trouver plus vite.
Mon avis, c’est qu’Amy Poehler devrait écrire un livre à destination des adolescents et des jeunes adultes. Elle a la pédagogie pour, le recul pour, les mots pour. En tout cas, moi, Amy, je voudrais l’entendre tous les jours.
Parce que ses vidéos, faites à la va-vite, sont précieuses : elles font ressortir des idées absolument évidentes auxquelles on n’ose pas forcément penser, nous les balancent à la tronche et ne nous donnent qu’un seul ordre : celui d’oser vivre sa vie, pépouze, sans jamais avoir à regretter de ne rien avoir fait pour la rendre cool.
Et pour plus de conseils de vie qui déglinguent, tu peux aussi (re)lire les Hippie Jack !
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