En février 2015, la rumeur selon laquelle des touchers vaginaux seraient pratiqués sans leur consentement sur des patientes anesthésiées avait créé un choc. Sur madmoiZelle, nous avions recueilli des témoignages d’étudiantes sage-femmes, infirmières ou en médecine, qui affirmaient n’avoir jamais constaté de pratiques jugées irrégulières lors de leurs stages. Dans le même temps, certaines admettaient que des touchers vaginaux étaient parfois réalisés en dehors des cadres établis, cadres qu’il était par ailleurs difficile de délimiter.
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Quelques mois après la sortie de ces informations, le site Slate.fr s’est procuré un rapport réalisé par le professeur Jean-Pierre Vinel, président de la Conférence des doyens de faculté de médecine. Et les conclusions sont plutôt inquiétantes, comme le révèle la journaliste Aude Lorriaux.
Le document rapporte que seuls 67% des examens pelviens (touchers vaginaux) effectués par les étudiant•e•s de première, deuxième et troisième année étaient réalisés avec le consentement préalable du/de la patient•e. Pour les étudiant•e•s de quatrième, cinquième et sixième année, 80% des touchers réalisés sur des personnes endormis sont effectués avec le consentement des patient•e•s.
Il reste donc quelques zones d’ombre, comme le souligne Slate.fr
, qui rappelle que 20% de professionnel•le•s de santé affirmaient en février dernier, dans un sondage, avoir pratiqué sur des patient•e•s à leur insu un toucher vaginal ou rectal. Le site rappelle cependant que les conclusions de cette étude ne permettent malheureusement pas de prouver avec certitude quoi que ce soit :
« […] l’étude est toujours insuffisante, car elle ne repose que sur les déclarations des doyens de facultés de médecine. Il manque donc toujours en France une véritable enquête, conduite par des chercheurs indépendants, comme il en existe au Royaume-Uni ou au Canada, et qui prendrait en compte les déclarations des étudiants. »
D’autant que les doyen•ne•s « ne semblent pas toujours contrôler ce qu’il se passe dans leurs facultés, voire méconnaissent eux-mêmes le droit ».
Après la révélation de ce rapport, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, a annoncé une série de mesures : le lancement d’une mission d’inspection des conditions de réalisation des stages des étudiant•e•s, l’envoi d’une instruction aux directeurs et directrices des établissements de santé «pour leur rappeler leurs obligations légales», et leur demander d’en surveiller la complète application, et le développement de l’apprentissage par simulation, encore peu utilisé.
Si certains établissements auraient en effet amélioré leurs pratiques, certain•e•s professionnel•le•s continuent à tenir des propos problématiques, ou ne pallient pas le manque d’informations. Clara de Bort, directrice d’hôpital, rappelle encore une fois qu’il est plus que nécessaire que les règles du consentement soient respectées en situation d’apprentissage clinique, qui restent relativement simples à gérer :
« Car si elles ne le sont pas dans ce cas, j’ai de grandes craintes que la réflexion éthique soit de mauvaise qualité dans des situations plus complexes comme les situations d’urgence ou de fin de vie. »
L’ampleur des touchers vaginaux enfin dévoilée, à lire sur Slate
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Les Commentaires
Et je rejoins @Maud Kennedy, si tous les médecins se comportaient comme toi, la médecine ferait un grand pas en avant.
Que certains médecins (ne faisons pas de généralités :nerd soient habitués à la nudité c'est bien mignon mais il faudrait qu'ils se mettent dans le crâne que c'est pas le cas de tout le monde, et donc de respecter la pudeur de leurs patients.