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Celui qui… habitait sur une autre planète

Cette madmoiZelle a rencontré un garçon unique, avec qui elle a partagé une belle amitié pendant de nombreuses années… avant de comprendre qu’elle était amoureuse. Sauf que voilà, ce garçon, il ne vit pas sur la même planète.

Depuis toute petite j’ai toujours été du genre à fondre pour les types un peu instables/bad boys. Je suis allée d’histoires pourries en histoires pourries en me pensant toujours prête à vivre une super relation, à avoir un copain pour moi et connaître l’amour. Mais non.

J’étais frustrée en arrivant à l’université. Ça faisait un moment que je voulais me débarrasser de ma virginité, du coup cinq jours après la rentrée, c’était chose faite (devant les Guignols de l’info, ça ne s’invente pas ça !).

Après la première année de batifolage façon « c’est trop cool je vis sans mes darons, faisons la fête du slip tous à poil et on se caresse », je suis arrivée en deuxième année, forte de mon expérience de grande par rapport aux petits nouveaux.

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Une relation toxique

Parmi eux, il y en avait un, celui-là avec une aura à la Naruto autour de lui — le genre d’ambiance trou noir, si tu t’approches tu perds des PV. Bah, allons-y ! C’était parti : avec mon syndrome mère Thérésa-Saint Bernard enfoui quelque part au fond de mon cerveau et mon attirance pour les bad boys, j’étais aimantée par ce mec qui puait les problèmes à dix kilomètres.

Pendant cette fameuse deuxième année de fac, j’étais donc enfin dans une relation (stable serait un bien grand mot) : je pouvais dire que j’avais un copain, que j’aimais de surcroît, et j’avais 19 ans. Que demande le peuple ?

En réalité, toute cette année j’ai pris très cher sur le plan émotionnel, le véritable grand huit de l’amour. Je passais d’un état de pure béatitude façon papillons dans le ventre et vomi de licorne à la grande déprime et les pleurs, ambiance James Blunt.

À lire aussi : Ce que je retiens de ma relation toxique, trois ans après

J’ai commencé à fumer avec lui, à m’enfermer un peu dans son monde, très volontairement — même si je voyais toujours mes ami•es, heureusement. Mais à mesure que je lui donnais de mon énergie, de mon enthousiasme et de mon amour, je me vidais comme un œuf qu’on gobe, et ma coquille était toute fragile, pas difficile à briser (tu la vois cette magnifique métaphore qui augure de ma chute ?).

Et à chaque fois qu’il me faisait faux bond, qu’il était trop défoncé pour qu’on se voie, qu’il avait ses crises de doute, qu’il se renfermait sur lui-même, qu’il refusait la communication, j’étais malheureuse comme un petit chiffon tout mouillé de morve. J’ai beaucoup pleuré cette année-là (en même temps, j’ai toujours beaucoup pleuré donc on ne va pas non plus trop s’attendrir sur mon cas de madeleine).

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On est restés ensemble pendant toute l’année et on a dû se séparer parce que je devais partir en échange à l’étranger. Mais bien que l’envie d’en raconter une tartine me démange, ce n’est pas à lui que je veux en venir.

L’essentiel est que tu visualises l’état de petite merditude dans lequel je m’étais fourrée. Parmi tou•tes les ami•es qui m’entouraient de leur chaleur salvatrice, il y avait W.

Mon ami, cette étrangeté

W, c’était un grand type qui avait toujours l’air dans la lune. Et pour cause, j’ai appris plus tard que l’une de ses passions est l’astronomie. Il n’aurait pas voulu être un artiste, mais astronaute, ou pilote ! Autant vous dire qu’il avait la tête dans les étoiles bien comme il faut.

Il était issu de la promo au-dessus, mais avait redoublé parce qu’il ne mettait quasiment jamais les pieds en cours. Il restait chez lui à écouter de la musique, à jouer de la guitare, à regarder les étoiles, ou alors il sortait prendre des photos qu’il retravaillait pendant des heures sur son ordinateur.

Il avait une obsession (qui ne l’a pas quitté) sur son poids : il voulait faire des régimes en permanence pour retrouver sa prétendue « beauté d’antan ».

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Il était notamment nostalgique de ses jambes galbées (photo tirée de la série Breaking Bad).

On s’est parlé pour la première fois à la machine à café et il m’a fait rire. Il ne fait pas rigoler tout le monde W., il a l’humour un peu trop sec, ou trop humide, mais moi il m’a toujours fait mourir de rire.

Il est en décalé, on sent que la société, les gens, c’est pas trop son truc. Il est plutôt ambiance posée chez soi avec un chat et des jeux vidéo.

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Il a grandi à l’étranger et a eu une enfance pas très orthodoxe, avec notamment une mère d’un genre un peu new age (elle m’a par exemple un jour dit texto qu’elle aimerait avoir un pénis pour le fourrer dans une dinde à Noël…). Quand j’y repense aujourd’hui, c’est fou le nombre de blagues de cul qu’il faisait au début de notre amitié, ça doit lui venir de là. Parfois je pensais qu’il flirtait avec moi sciemment.

Mais il avait toujours des tas de meufs du type mannequin trop belle dans sa vie dont il tombait fou amoureux. Alors bien sûr, dans notre université en province, je me doutais qu’il n’avait pas l’embarras du choix niveau bombasses et que faute de mieux, il faisait ses petites blagues-flirts avec moi.

Cela m’importait peu : à cette époque, j’étais amoureuse de dark Naruto, à fond. Et même si W. n’allait pas souvent à la fac, il venait me réconforter quand je n’étais pas bien. Il me faisait des salades. Il me faisait écouter de la musique toute douce. Et un jour où ça n’allait vraiment pas, il est venu chez moi avec une bouteille de vin et un paquet de chocolat. POUF, envolées toutes mes idées noires. On a bu le vin, on a mangé les chocolats.

Et puis il m’a dit « Viens, on sort », et on est allés au ciné voir le film le plus pourri de l’histoire de l’humanité selon moi : Thor. On s’est assis au dernier rang et on s’est marrés comme des babouins pendant tout le film — on était peut-être un peu ivres. J’étais heureuse en sortant. On a marché sur la plage, on a mangé des sushis. Et là je pense que pour la première fois, j’ai eu cette petite voix intérieure qui m’a dit :

« Tout est tellement bien avec lui. »

À lire aussi : Sept petits remèdes pour se remonter le moral après une journée pourrie

Mon meilleur ami et moi : l’attaque vicieuse des sentiments

Notre amitié a continué et aujourd’hui cela fait sept ans qu’on se connaît. Je crois que j’ai admis mes sentiments pour lui il y a un an.

C’était l’été dernier, quand nous sommes parti•es en Italie avec d’autres ami•es, le jour où il est rentré. Je devais alors rester avec mon pseudo mec de l’époque qui m’a aussi fait beaucoup de mal. W. était le premier à repartir, et ce jour-là il m’a prise dans ses bras et j’ai senti mes jambes flageoler, ma respiration s’accélérer et tout. C’était une évidence : c’était avec lui que je voulais être.

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C’est aussi la seule fois où cette évidence m’a été douloureuse car clairement pas transposable à la réalité.

Il est un peu d’une autre planète, mon W. Il est autant fasciné par l’astronomie qu’il est en-dehors de notre propre monde. Alors je veux l’y laisser. Il est si beau quand il s’élance dans un discours passionné sur les astres et les étoiles. Je n’ai aucune envie de le cueillir là-haut et de lui dire : regarde-moi, je t’aime. D’autant plus après sept années, c’est quand même délicat.

Et puis notre relation telle qu’elle est depuis sept ans est si belle. On ne s’est jamais disputés. Le voir a toujours représenté tellement de bonheur pour moi. Pour l’anecdote, lors des attentats du 13 novembre à Paris, j’ai décalé un rendez-vous avec un beau gosse pour aller passer une soirée jeux vidéo avec lui. Parce que pour moi, il n’y a pas photo : même une soirée à ne rien faire avec lui est mieux qu’une journée à Haïti avec Ryan Gosling.

Il n’est pas quelqu’un d’accessible (W. hein, pas Ryan), mais à moi il laisse de la place dans sa vie. J’accepte qu’il ne me donne pas de nouvelles pendant des mois, qu’il se renferme dans sa coquille. Je sais ce qui compte et je sais que je compte. Lorsqu’on se voit, il est toujours aux petits oignons avec moi.

Je le connais par cœur, j’anticipe ses réponses. On pense à la même chose au même moment. Il me fait découvrir des trucs que je n’aurais jamais envisagés, il me fait regarder la nuit les étoiles avec curiosité et on se pose des questions existentielles.

On joue aux jeux vidéo en fumant, on regarde la Formule 1, on mange des sushis et des bonbons Haribo lorsqu’il n’est pas au régime, on va voir des films et des concerts, et le simple fait de le savoir près de moi me rend heureuse. Il est toujours capable de me surprendre alors que je le connais si bien ; il me fait rire, avec lui je veux partager mes délires d’un instant et mes bonheurs plus durables.

Il connaît mes défauts, il s’en amuse, me taquine. Il me dit que je suis relou, et avec lui je l’accepte. Et puis il me dit que je suis une meuf cool, et ça aussi, parfois j’arrive à me dire qu’au moins c’est vrai pour lui, et ça me fait du bien.

À lire aussi : Ma meilleure amie… et moi — Les madmoiZelles témoignent

Des petits morceaux de nous

Je n’oublierai pas le jour où il m’a laissée sur le quai de la gare, quitter la fac de province et mon dark Naruto par la même occasion, en pleurs, le visage couvert de mascara et de morve. Il m’avait fait un CD avec une playlist de chansons et je les ai toutes écoutées en pleurant fort dans le train tellement c’était touchant.

Je n’oublierai pas le jour où il m’a accueillie à l’aéroport du pays où il était parti habiter et où je lui ai rendu visite pendant un mois, ses Ray Ban vissées sur le nez, le sourire plus large que son visage.

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Je n’oublierai pas notre petite escapade en Normandie dans un train vide, notre voyage à moto tous les deux, nos plans de nous acheter un bateau, d’ouvrir un commerce en Californie, de faire un road trip ; je n’oublierai jamais la fois où il est rentré de l’autre bout du monde et où je l’ai attendu sur les marches de l’Opéra Garnier la nuit, excitée comme une puce et si heureuse de le voir débarquer dans son trench beige.

Il y a aussi la fois où on a fait un massage des pieds avec les petits poissons qui chatouillent et où j’ai littéralement failli mourir de rire ; les fois où il m’a emmenée à l’aéroport et m’a laissée en larmes, désemparée de devoir me résoudre à remettre tant de kilomètres entre nous. Et puis la fois où il est venu m’y chercher, en voiture, et où je me suis dit ça y est, on est des adultes.

Il m’a dit les plus belles choses qu’on puisse dire à quelqu’un, m’a qualifiée de son étoile du Nord et m’a dit que j’avais réussi à lui faire détester l’individualisme quand je suis repartie pour l’étranger il y a maintenant six mois. J’ai pleuré, je me suis dit que j’aurais dû me battre pour que ça arrive, nous en couple. Je me suis dit que le monde était injuste.

Mais j’ai changé d’avis.

Je suis juste heureuse qu’il soit là, quelque part

Je suis tellement heureuse d’avoir la chance de l’avoir rencontré, et de pouvoir l’aimer comme cela. Sans attente, sans pression, sans tristesse. Nous ne vivons pas dans le même pays, encore moins dans la même ville, alors ce n’est même pas comme si la question de la confession se posait de toute façon. Il me manque énormément mais, en ce moment, je vois un mec que j’aime beaucoup et dont je suis en train de tomber amoureuse.

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Mais je le sais au fond de moi, que ce ne sera jamais pareil. C’est évident pour moi : jamais je ne pourrai aimer quelqu’un comme j’aime W. Peut-être me direz-vous qu’on aime chaque personne de façon différente et que mon envolée lyrique a donc autant de portée qu’un speech de Trump aux oreilles d’un énarque.

Mais un amour si évident, et dont je suis fière au final, je ne pense pas pouvoir éprouver ça pour quelqu’un d’autre, jamais. Surtout, que cet amour est pur. Car il a fallu sept ans pour le construire et pour l’admettre, mais je ne vois pas cela comme une fatalité ou une chose triste.

Sans amertume, je me dis que c’est vraiment mon meilleur ami, que je ne trahis pas notre amitié en ayant ce genre de sentiment, que je peux être heureuse pour lui s’il trouve quelqu’un, et que ça ne m’empêche pas de vivre même si des fois il me manque très fort.

Je me suis faite à ce mode de relation. Je rêve de lui parfois. On reste en contact comme toujours, de façon très épisodique. Mais je sais que le jour où on se reverra, ce sera comme toujours du bonheur en sushis barres.

Je suis juste heureuse qu’il soit là, quelque part dans ma vie, et j’attends sa prochaine réapparition.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de lawende
18 novembre 2016 à 12h11
lawende
Justement, je ne suis pas d'accord. Je suis en général très fan des articles témoignages parce qu'ils apportent vraiment quelque chose, une expérience très particulière sur un sujet en général assez sensible... Les articles témoignages de cœur dans ce genre là (où au final il n'y a rien de très ""fou"", pour moi c'est vraiment autre chose et pour le coupe je ne comprends vraiment l'intérêt de ces articles. Ou alors il faudrait vraiment créer une catégorie dans le genre "courrier du cœur"
Mas bon, encore une fois, même si ça me dépasse complètement je comprends tout à fait que ça touche d'autres personnes

En même temps il suffit de ne pas lire les articles dont le titre commence par "celui qui"

Sinon je trouve cette histoire très jolie et, pour l'avoir vécue même si je m'étais rendue compte plus tôt de mes sentiments, je ne voulais pas les révéler de peur de gâcher notre amitié. Après il y a aussi la crainte que l'histoire d'amour ne soit pas aussi belle que celle de l'amitié car on tolère plus l'absence fréquente d'un ami que d'un petit ami. Vu le caractère de l'ami décrit dans le mail, à part si la madmoizelle est très très indépendante, elle risque de souffrir à terme du besoin d'indépendance de cet ami.
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