Depuis le collège, c’était les garçons. À cette période je tombais amoureuse très souvent ; un petit clin d’œil charmeur, un compliment, une main posée sur la mienne et mon cœur s’emballait…
Trop timide pour aller au front, je laissais aux garçons la tâche (aisée) de la séduction. Et il faut dire que j’adorais ça, me sentir convoitée !
Hétérosexuelle et à l’aise avec les rôles genrés
J’aimais la drague un peu lourde, un peu macho (aujourd’hui je mets des claques à la petite fille naïve et bête que j’étais). Sentir qui était la fille, qui était le garçon.
J’avais cette adoration pour les jolis couples hétérosexuels. Je voulais un amoureux répondant aux critères du BG.
Mes années collège ont donc été assez riches en petites histoires, en béguins, sans plus de sérieux.
Après les amourettes viennent le lycée et les études supérieures. Rebelote, les garçons me font toujours cet effet.
J’accueille la drague avec plaisir, tombe amoureuse de quelques-uns, vit de petites histoires avec quelques autres. Quand je réfléchis à mon avenir, j’envisage vraiment une vie avec un homme et des enfants.
Le premier doute sur mon hétérosexualité
J’ai donc continué à grandir, tranquillement, sur le chemin de l’hétérosexualité. J’ai vécu 2 ans avec un mec.
Et puis, arrivée à mes 20 ou 21 ans, mes certitudes ont commencé à s’effilocher.
Je noue une relation très forte avec une fille ; j’ai besoin de son contact dès que je suis avec elle, de l’enlacer quand je dors avec elle, et tutti quanti... Mais de désir, je n’en ai point.
Pour être tout à fait honnête, l’idée de faire l’amour avec une femme ne me rebute pas, mais me paraît inimaginable.
Je suis hétérosexuelle, rien d’autre. Je ne suis pas faite pour être avec une femme. Et pourvu que rien n’ébranle mes certitudes quant à mon identité et mon orientation sexuelle.
Ces questions sont donc vite oubliées, et je prends mes distances avec cette amie.
Mon premier désir pour une femme
Lors d’une douce soirée printanière, dans ma 21ème année, je rencontre une petite nana. Le feeling passant plutôt bien, nous nous tenons compagnie toute la soirée.
Puis, aidée de mon taux d’alcoolémie franchement honteux, je lui touche les jambes, les bras, lui prends la main.
J’ai envie de l’embrasser. De dormir avec elle. Ce que nous faisons. Seulement dormir. Il ne passera rien.
Elle s’endort et même si je sens mon bas-ventre tout feu tout flamme
, c’est mieux comme ça.
Le lendemain et les jours d’après, je suis dans un flou total. Je ne suis pas à l’aise avec l’idée d’avoir désiré une femme, eu envie qu’elle m’embrasse et me touche…
Pourquoi mes désirs me perturbent
Je ne suis pas homophobe, j’ai grandi dans un environnement très ouvert et je me fous du regard porté par la société sur l’homosexualité.
Mais c’est mon corps, mon identité, mon histoire, ma norme que d’être hétéro.
L’idée de toucher une femme, d’être touchée par elle me déplaît, m’est complètement inconnue — trop pour que l’aventure me tente.
Alors j’oublie, petit à petit, j’enterre tous ces sentiments, ces envies, tout ce qui ne fait normalement « pas partie de moi ». Je reprends avec hâte mes habitudes hétéro et ma sécurité.
Occulter mon désir pour une femme, je n’y arrive pas
Je recroise cette fille un an plus tard. Nous nous voyons plusieurs fois, de plus en plus souvent.
Tout me revient dans la figure. Ce que j’avais occulté, choisi d’oublier vient me percuter de plein fouet. Tout se bouscule dans mon corps et dans ma tête.
Très vite, nous dormons régulièrement ensemble, nous nous faisons des câlins. Il est hors de question pour moi d’envisager autre chose.
J’évite toutes les questions liée à la sexualité. Je repousse tous les gestes trop intimes. Sauf que ça me tombe dessus, pour de bon.
Je lutte pendant plusieurs mois, certaine qu’il ne se passerait rien… Mais mon corps me trahit complètement quand elle pose sa main sur ma hanche, quand elle m’embrasse dans le cou, me serre très fort contre elle.
Je suis tombée sur une fille vraiment chouette, elle a attendu, elle n’a pas jugée, elle ne m’a pas pressée.
On a vécu 10 mois sans savoir ce qu’était réellement notre relation et petit à petit les angoisses se sont levées.
Je suis tombée amoureuse.
Ma première relation amoureuse avec une femme
Et un jour, on s’est embrassées. Puis on a couché ensemble. Tout doucement, sans pression, avec beaucoup de bienveillance et d’amour.
Grâce à tout ça, je me suis sentie bien, j’ai aimé ça. Et j’aime ce que je suis avec elle.
Ça me fait tout drôle parfois de me voir embrasser une fille. Je ne sais plus trop qui je suis, si ça fait vraiment partie de moi, si ça sera seulement un moment de ma vie ou si je connaîtrai d’autres histoires avec des femmes…
Mais aujourd’hui, toutes ces questions se dissipent facilement, parce que je suis très heureuse de vivre ça.
Pourquoi étiqueter mon orientation sexuelle ?
Avec tout ça, je réalise que l’hétérosexualité, l’homosexualité ou encore la bisexualité, sont des notions qui n’ont, parfois, pas vraiment de sens.
Que devoir absolument rentrer dans une case, se coller une étiquette, c’est pour moi terriblement anxiogène.
Aujourd’hui je ne peux pas, plus répondre à cette question lorsqu’on me la pose. Et ça n’est plus un problème.
Je n’ai pas besoin de me définir. Je réponds seulement qu’en ce moment, je suis amoureuse d’une femme et que c’est génial.
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Les Commentaires
Je n'ai jamais demandé aux gens autour de moi si ils ont été marqués / choqués par la première fois où j'ai évoqué le sujet, mais j'ose espérer que cette façon de faire fait gagner du terrain à l'acceptation des différentes orientations sexuelles (par opposition avec la simple tolérance qui marque une différence forte entre les individus).
C'est aussi pour ça que je ne me retrouve pas beaucoup dans "la culture gay", je ressent pas le besoin de me définir au monde par ce critère.