Le 3 février 2018, Uma Thurman s’est expliquée pour la première fois sur l’affaire Weinstein, dans un article époustouflant au titre on ne peut plus clair : This is why Uma Thurman is angry (Voici pourquoi Uma Thurman est en colère).
J’ai lu ce texte dès sa sortie, malgré sa longueur. J’ai mis plusieurs jours à le digérer, et je ne savais pas trop par quel bout le prendre, tant Uma Thurman a de raisons d’être en colère.
Je suis contente d’avoir trouvé un point d’entrée, car il était important pour moi de vous en parler.
Uma Thurman au sujet de l’affaire Weinstein et de Tarantino
Uma Thurman, comme beaucoup d’autres, dit avoir été victime d’Harvey Weinstein, qu’elle accuse d’avoir tenté de la forcer à avoir un rapport sexuel.
Selon elle, Quentin Tarantino était au courant et a fini par confronter Weinstein, après quoi Uma Thurman a pris la suite pour lui rappeler ses actes, et lui arracher des demi-excuses.
Mais ce n’est pas la seule fois où un puissant du cinéma a été violent avec Uma Thurman. Quentin Tarantino lui-même, comme elle le raconte, l’a mise en danger.
Sur le tournage de Kill Bill, il l’a poussée à conduire elle-même (au lieu d’une doublure) une voiture sur une route sinueuse, ce qui a abouti à un accident et des blessures pour Uma Thurman. Elle en ressent toujours les séquelles, plus de 15 ans après.
La vidéo de cette prise a été rendue publique :
Les mots d’Uma Thurman sont forts : « déshumanisée au point de risquer la mort », « je me sentais comme un outil cassé »… Tarantino a depuis exprimé ses regrets, comme vous pouvez le lire sur Le Monde.
Mais ce n’est pas du réalisateur de Kill Bill que je veux vous parler. Ni d’Harvey Weinstein. Non, je voudrais vous parler de la citation qui conclut cet entretien avec Uma Thurman, car elle a profondément résonné en moi.
Uma Thurman a mis « 47 ans à différencier amour et cruauté »
Voici les mots de l’actrice :
« Personnellement, il m’a fallu 47 ans pour arrêter de considérer les personnes faisant preuve de méchanceté comme des personnes « amoureuses ».
Ça a pris vraiment longtemps parce qu’à mon sens, les petites filles sont conditionnées à croire que la cruauté et l’amour sont bizarrement liés. C’est de ce genre d’ambiance qu’il nous faut sortir. »
Je repense aux garçons qui, dans la cour de récré, tirent les nattes des filles. Et aux instits, aux parents qui disent :
« Ça veut dire qu’il t’aime bien ! »
Je repense aux adolescents « ténébreux », odieux avec les adolescentes, qui en face s’amourachent — comme je l’ai fait — de ces mecs « rebelles et pas comme les autres ». À mes copines qui me disaient :
« Ça veut dire qu’il te kiffe ! »
Je repense aux hommes qui maltraitent leurs femmes, psychologiquement et/ou physiquement, qui sont maladivement jaloux, la surveillent, la contrôlent.
« Ça veut dire qu’il t’aime, qu’il a peur de te perdre. »
À lire aussi : Le cyber contrôle dans le couple, c’est quoi et comment s’en prémunir ?
Je repense à tous ces hommes éconduits, ces maris divorcés, ces anciens amants et ex-petits amis qui assassinent la femme ayant eu l’audace de les quitter, pour qu’elle ne soit jamais sans eux, jamais avec un autre.
« Ça veut dire qu’il l’aimait, il l’aimait si fort qu’il n’a pas su vivre sans elle. »
Il n’a pas su la voir vivre sans lui, surtout.
Messieurs, cachez cette tendresse que la société ne saurait voir
Je repense, oui, à toutes ces situations dans lesquelles on m’a appris que quand un garçon est méchant, cruel, moqueur, violent avec une fille, c’est parce qu’il l’aime. Et qu’il ne sait pas l’exprimer autrement, le pauvre.
Comme si le mâle était comparable à un chiot qui mord pour signifier son affection, et qu’il va falloir débarrasser un jour de cette mauvaise habitude !
Certes, dans les critères de la masculinité, se montrer tendre, sincère et vulnérable, ce n’est pas la priorité. Pour être un mec, un vrai, il faut être fort, imperturbable et viril.
À lire aussi : Parlons de la masculinité, ce boulet invisible que les hommes traînent
N’est-ce pas, chers garçons qui m’envoyaient en secret de longs textes enflammés, avant de m’ignorer ostensiblement voire me mépriser une fois au lycée…
Cruauté n’est pas amour, n’en déplaise à ce monde sexiste
Comment renverser cet état de fait ?
Déjà, je pense que si tout le monde arrête de traiter la cruauté comme de l’amour, ça avancera. Si je suis vexée, blessée ou dans le rejet face à un acte cruel, alors l’autre comprendra, j’espère, que ce n’est pas ainsi qu’on séduit.
Et puis on pourrait aussi arrêter de tourner en dérision les gens, notamment les mecs, qui sont amoureux et le montrent.
Vous savez, ces « canards » qui, quelle honte, offrent des fleurs à leurs copines, font des efforts pour la rendre heureuse ou, vous imaginez, sont cool avec elle !
Il est temps de remettre au goût du jour la tendresse, vous ne pensez pas ?
À lire aussi : Ces chansons d’amour… finalement très inquiétantes
Les Commentaires
C'est vrai que lorsqu'on es ado, on s'abreuve de bouquins, série TV...ect "romantiques" qui nous font ...fantasmer sur des relations compliquées et parfois malsaines, si bien que on ne sait pas toujours prendre le recul nécessaire pour différencier de ce qui peut relever du fantasme et ce qui es bon pour nous dans la vrai vie (cad que notre partenaire DOIT nous respecter !). J'avoue qu'à une période ces influences ont fini par me faire croire que passion amoureuse rimait forcément avec complication et souffrance ! Cela dit, cela a toujours existé, les auteurs romantiques, les drames dans les théâtres antiques...
Et sinon, pour la petite histoire cocasse concernant le "qui aime bien châtie bien" de cour d'école, mon premier amoureux en a pâtit car lorsqu'il a réalisé qu'il était amoureux de moi au lycée, il a paradoxalement commencé à devenir extrêmement pénible voire agressif dans ses propos avec moi. Ce qui m'a donc braquée et fait tomber des nues lorsqu'il m'a fait sa déclaration un jour dans un couloir dudit lycée. Sa déclaration es donc tombée à plat...mais comme vous l'avez deviné, c'est un happy ending puisque nous sommes finalement "sortit ensemble" quelques années plus tard.