En partenariat avec Wagram Music (notre Manifeste)
madmoiZelle était la fière partenaire de la sortie du premier album de PI JA MA, Nice To Meet U.
À cette occasion, PI JA MA était notre rédactrice en chef d’un jour ! Tu peux en découvrir plus sur elle en lisant son portrait et en écoutant la session acoustique de son morceau Family.
En tant que rédactrice en chef, PI JA MA a choisi des articles et des thématiques qui lui tiennent à cœur et lui ressemblent.
Elle nous expliquait son rapport complexe aux réseaux sociaux, mais surtout l’incroyable carburant procuré par les retours positifs des gens qui la suivent sur Instagram.
Le 4 février 2016
Je me souviens de mes débuts sur Internet, quelque part pendant les (toutes jeunes) années 2000. À l’époque, tout le monde avait un pseudonyme. Mes parents, nourris aux campagnes de sensibilisation dramatiques, m’avaient toujours dit :
« Sur Internet, tu ne mets pas ton vrai nom, ni ton vrai âge, ni où tu habites. On ne sait pas qui est de l’autre côté. »
Les débuts d’Internet, le temps de la méfiance
Du coup j’étais mymy26, merci la street cred — car oui, il était bien vu de mettre dans son pseudo le code de son département, au cas où l’Office de Tourisme de la Drôme cherchait une ambassadrice, qui sait ?
Je ne parlais pas donc trop de moi, je n’avais aucun compte à mon nom, et mes Skyblog étaient pleins de textes « ambigus »… que seul·es mes proches « de la vraie vie » lisaient. On repassera pour l’anonymat.
Trop en dire sur Internet ?
J’ai fini par raconter des trucs persos sur des blogs qui comptabilisaient, dans leurs beaux jours, une trentaine de lecteurs et lectrices.
Normal, après tout : qui ça intéresse, les états d’âme d’une adolescente qu’on ne connaît ni d’Ève ni d’Adam ? Mais parfois, de ci, de là, je recevais un commentaire gentil, un mot doux qui mettait du baume au cœur.
Car dans la vraie vie, comme sur Internet, les attentions ont différentes façons d’agir.
Mes amies, ma famille me soutiennent : ça fait énormément de bien… mais je me dis que c’est un peu leur « rôle ». Qu’il serait compliqué pour eux, pour elles de me dire « Écoute Mymy c’est pas contre toi mais là je m’en CON-TRE-FOUS de ta vie ».
Ce sont des piliers solides, mais familiers.
Alors que voir une inconnue sortir du bois pour me témoigner de l’affection, c’est autre chose. C’est un pur acte de solidarité gratuite, une autre sorte de réconfort.
J’ai d’ailleurs rencontré un de mes meilleurs amis, que je ne connaissais pas du tout à la base, via son blog. À l’époque (en 2010 je pense), il postait tous les jours, et c’était un sacré exploit.
Via ses écrits, j’avais l’impression de le connaître, même si je n’interagissais pas avec lui.
Du coup, un jour, il a tweeté qu’il avait une après-midi de libre dans ma ville, moi aussi, et boum : on a fini par tailler le bout de gras au Starbucks pendant deux heures. ¡ Viva el Internet !
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Via mon job sur madmoiZelle, ma présence de plus en plus intense (et suivie !) sur les réseaux sociaux, j’ai fini par être incapable de dissocier « moi en ligne » et « moi IRL ».
Quel intérêt de cacher que mon blog perso est bien le mien ? De planquer mon compte Twitter ?
Je reste la même personne, celle qui est rédac-chef adjointe de madmoiZelle et celle qui parfois chouine toute seule dans le noir. Le cacher, selon moi, serait entretenir un mythe : celui de la jeune femme à qui la vie réussit, et qui n’a pas la moindre faille.
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Appeler à l’aide sur Internet
Certains de mes écrits sont bien trop personnels et décousus pour être publiés sur madmoiZelle.
J’en parlais dans mon article traitant de ces trucs qu’on ne m’avait pas dit sur l’âge adulte : je me suis retrouvée, récemment, en posture d’extrême vulnérabilité.
À base de crises de larmes gratuites et surtout d’une grande peur de l’avenir. N’arrivant pas à en parler sur mad, j’ai fini par en causer sur mon blog.
Et là, vraiment, je garde la métaphore déjà utilisée : ce fut comme une nuée de lucioles dans la nuit. Plein de gens qui non seulement se reconnaissaient, mais en plus m’envoyaient du soutien, une gentillesse, une petite douceur.
C’était comme si j’étais perdue dans un champ, à une heure du matin, et que plein de torches s’étaient allumées autour de moi, pour me dire :
« Ok, on peut pas éclairer ton chemin, mais voilà, il fait déjà moins noir, non ? Tu n’es pas seule ici. »
Et ça m’a fait tellement de bien.
Ce fut le cas, d’ailleurs, à chaque fois que j’ai parlé de trucs personnels (positifs ou non) sur Internet.
J’en viens à cliquer sur « Publier » en imaginant la planisphère, dans l’obscurité, clignoter au fil des gens qui se reconnaissent et qui prennent la parole.
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Internet : plaisir d’offrir, joie de recevoir
Je me suis rendue compte, au fil des mois, que le soutien et l’amour des inconnues m’apportait beaucoup — à la fois parce que ça rassure de se sentir écoutée, et parce que ça fait du bien de ne plus se sentir seule.
Mais il me restait encore un cap à franchir : celui de la réciprocité.
Dans la vie, je ne commente jamais, ou presque, sur Internet. Je ne vais pas débattre sur des pages Facebook, m’insérer dans des discussions Twitter, poser quelques lignes sous un article.
Ce n’est pas un réflexe pour moi, j’ai plutôt une consommation passive, je suis uniquement lectrice.
Difficile donc de « rendre la pareille » en soutenant des gens qui vont partager des états d’âme et autres doutes, ou même des moments heureux de leurs vies.
Mais cette histoire d’amour sur Internet, ça m’a fait relativiser. Et l’autre jour, sur Tumblr, je tombe sur les écrits d’un « pote ». C’est le premier mec que j’ai suivi dessus, car ses clichés m’hypnotisaient (il est photographe).
Des rencontres via Internet, des coups de cœur
On a vaguement parlé il y a des années, on est amis Facebook, mais on est loin d’être proches. Il vit entre Los Angeles et New York, moi entre Lille, Paris et Lyon.
On ne se connaît pas intimement, il ne peut pas lire mes articles car il ne parle pas français.
Dans son article, ce pote parlait de plusieurs obstacles récents. Difficile de trouver des contrats, indécision quant au coin du pays qu’il préférait, petits soucis de santé… C’est rare pour lui d’évoquer des choses aussi personnelles.
Et comme j’étais aussi passée par là, je lui ai écrit, spontanément. Ça a donné environ cet échange :
— Hey, ça va peut-être avoir l’air bizarre car on ne se connaît pas tant que ça, mais j’ai vu ton post et j’espère que tout ira bien. Tu m’as l’air de te débrouiller malgré les soucis financiers, et vu ton talent je suis confiante : ça finira par aller. Je pense que je ne te l’ai jamais dit mais j’adore ton travail. Voilà, c’était juste pour dire ça, tu as des amies ici en France, même si on ne s’est jamais vus (enfin, pas encore) ! Prends soin de toi.
— Merci Mymy. Ça fait vraiment du bien. Même si on n’est pas amis « en vrai », tu es l’une de mes plus anciennes « amies de l’Internet » et tu es importante à mes yeux. »
À QUEL POINT C’EST CHOU ? Ouais c’est hyper chou. Et surtout, ce mec, qui a la trentaine bien tapée, qui est « cool » à tout plein de niveaux, doute aussi.
Cet homme qui a une vie bien plus organisée que la mienne peut tirer du réconfort des mots gentils d’une petite meuf de 24 ans qu’il n’a jamais vue, qui lui écrit depuis l’autre bout du monde pour lui dire que ça va aller.
Alors ce que j’ai envie de dire, c’est aimez-vous, boudiou.
Posez vos likes, vos cœurs, vos coms et vos MP. L’amour et le soutien, ça prend plein de formes différentes, chacune avec ses avantages. Et vous-mêmes vous savez que quand on se sent seule dans la nuit, chaque lumière est bienvenue.
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