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Actualités mondiales

Amina Al Filali se suicide après avoir été mariée à son violeur

Il y a deux semaines, une jeune marocaine de 16 ans s’est suicidée après avoir été contrainte d’épouser l’homme qui l’avait violée. Retour sur une affaire qui choque tout un pays et émeut la communauté internationale.

Samedi 9 mars dernier, Amina Al Filali, jeune fille de 16 ans, a décidé de se donner la mort en avalant de la mort-aux-rats à Larache, au nord du Maroc. Elle avait été mariée de force à l’homme de dix ans son aîné qui l’avait violée un an plus tôt et son suicide a créé un véritable tollé dans le pays.

Pourquoi Amina a-t-elle dû épouser son agresseur ?

Au Maroc, un individu coupable de viol sur mineur est passible d’au maximum 5 ans d’emprisonnement comme le rappelle Slate Afrique. Cependant, il existe un moyen très simple d’échapper à la justice en pareilles circonstances. Un moyen aussi simple que légal puisqu’il est inscrit dans le code pénal marocain, dont l’article 475 prévoit en effet qu’un violeur a le droit d’épouser sa victime pour éviter d’avoir à purger sa peine tant que les parents de la victime donnent leur accord.

Et il arrive qu’ils le donnent pour éviter que leur famille ne soit considérée comme souillée. Afriquinfos, cité par Slate Afrique, explique pourquoi la famille d’Amina a acceptée que celle-ci soit mariée à son violeur :

« Pour éviter la «hchouma», le déshonneur, la famille de la victime et la famille du violeur se sont entendues sur un mariage pour que l’affaire ne s’ébruite pas. La jeune fille a subi dès lors des maltraitances de sa belle-famille et de son époux. »

Ne supportant plus le mauvais traitement de son époux, Amina aurait alors décidé de mettre fin à ses jours en avalant de la mort-aux-rats, préférant ainsi le suicide à l’idée d’être mariée à un homme qui l’avait violée. Pourtant, Le Monde relate que ses parents ont remis la thèse du suicide en cause sur la radio Med1, arguant que sa belle-famille serait à l’origine de cet empoisonnement.

(source : pim-fortuyn.nl)

(source : pim-fortuyn.nl)

Des réactions en chaîne

Peu après l’annonce du suicide d’Amina, Internet s’est mis en branle

: sur Twitter, un hashtag #RIPAmina a été créé, grâce auquel des milliers d’anonymes demandent au gouvernement marocain d’agir. Sur Facebook, des groupes ont été ouverts pour faire connaître cette triste affaire et une pétition y a également été mise en ligne pour appeler le gouvernement à l’abrogation de l’article 475.

Mais le combat et la stupéfaction ne s’arrêtent pas aux frontières du Web : au Maroc, des sit-in où se sont mêlés des militants pour les droits des femmes et des jeunes ont été planifiés, appelant eux aussi à la disparition de cet article que les associations féministes du pays dénoncent, en vain, depuis longtemps. Ce week-end à Casablanca a également eu lieu une table ronde organisée par le quotidien Al Massae. Elle a réuni Bassima Akkaoui, seule membre de sexe féminin du gouvernement et ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et de Développement social*, Khadija Riyadi, présidente de l’association marocaine des droits de l’Homme, Najia Abib, présidente de l’association « Touche pas à mes enfants », l’islamologue Mustapha Bouhendi et le député Mohammed Hammami. Était également présente la famille d’Amina. Si le violeur et époux de la jeune fille était convié, il a toutefois ignoré l’évènement.

Mais l’article 475 peut-il être abrogé dans un pays particulièrement divisé entre l’image moderne dont le Maroc s’est paré avec des réformes progressistes et l’élection pour la première fois d’un parti islamiste (le PJD) à la tête du gouvernement en novembre dernier ? Comme une illustration de ces contradictions, la nouvelle Constitution était adoptée par référendum en juillet dernier ; parmi elle, l’article 19 « prévoit l’égalité entre les sexes et bannit toutes formes de discrimination ». Pourtant, depuis son élection il y a 5 mois, le PJD n’a pas oeuvré pour la cause des femmes. Amina Lofti, présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc a d’ailleurs confié au journal Le Monde qu’ « il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de l’arrivée au pouvoir du PJD, mais les premiers signaux sont inquiétants ».

Le débat est du moins lancé au Maroc et il risque de prendre de plus en plus d’ampleur. Affaire à suivre, donc… En attendant d’en savoir plus sur les délibérations, je vous invite à lire ce terrible et fantastique témoignage d’une jeune fille qui a elle aussi été violée mais qui a reçu le soutien de ses proches.

Le viol ailleurs dans le monde

Pour rester dans le sujet, rappelons que dans certains pays du monde, le viol est puni pour les agresseurs, certes, mais aussi pour les victimes. Ainsi en Arabie Saoudite, une femme qui avait été violée par sept personnes et avait été condamnée à la flagellation et à l’emprisonnement pour « fréquentations illégales » a vu sa peine doublée en 2007 pour avoir ébruité l’affaire dans les médias afin que justice soit faite.

En 2006 en Iran, une jeune fille de 18 ans avait été condamnée à mort pour avoir poignardé l’un des hommes qui avait tenté de la violer alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a été libérée l’année suivante après avoir payé une caution d’environ 32 000€, le tribunal abandonnant l’idée d’une condamnation à la peine capitale après la mobilisation internationale menée par Nazanin Afshnin-Jam, ancienne Miss Canada d’origine iranienne.

Et dire que malgré cela, certains prétendent encore qu’il n’y a plus de combats à mener pour les droits des femmes…

(*Merci à Ryme Aurélie S. pour cette précision).


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Les Commentaires

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Avatar de Ptitbidou
18 janvier 2014 à 16h01
Ptitbidou
Moi-même habitant au Maroc quand on a tout su aux infos, ma mère a à peine été choquée, elle a bien insisté que :"Si si je t'assure, ce n'est pas la première histoire du genre que j'entend", elle a même raconté que dans la famille, il y avait une femme qui était marié depuis très longtemps à un homme qui la battait tout le temps (ils vivaient à la campagne), tout le monde le savait mais personne ne l'aidait. Elle revenait chez sa famille avec des bleus, des traces de coup à la ceinture et tout. Elle a aussi fini par se suicider... Et à chaque fois que j'y pense je suis encore une fois étouffée par la rage qui monte en moi.
Au début (donc quand j'ai commencé à me faire lourdement draguer dans la rue) j'ai pensé que je portais des jeans trop sérrés, un tablier trop court, une jupe trop courte (même les cheveux lachés sont ici pris comme une provocation, oui) ... Et donc petit à petit je me suis surprise à ne porter rien de court, que des robe-tunique, des jupes longues toujours avec collants sinon ... jusqu'au jour où je m'habille avec mon premier habit très très long : une chemise jusqu'au genou avec un pantalon (c'est ça le pire), je n'avais donc ni décolleté ni jambes à l'air ni cul à l'air RIEN. Et là, une bande de gamins d'à peine 13/14 ans passe et un d'eux me touche la cuisse et un autre me tire les cheveux et puis ils s'ont vont, comme ça, l'air normal. Là, ça a été le choc total. J'en ai pleuré en pleine rue, je ne pouvais plus supporter ça, j'ai, ce jour là compris que les vetements ne contribuaient en rien. J'en ai les larmes aux yeux en ce moment même. Bref, désolée pour le pavé, mais juste pour vous dire que, dans un pays musulman et connaissant beaucoup de filles voilées, l'habit n'a RIEN A VOIR dans l'affaire. Strictement rien, je vous assure et quiconque qui essaie de vous faire croire le contraire ne sait rien, rien du tout. Je dois avoir énormément raconté mon histoire et un peu égarée du sujet, mais un commentaire où il est dit qu'un certain marocain (pas sûr) dit que c'est les filles qui les allument, NON. C'est faux et totalement faux. Ceci dit, l'histoire d'Amina (que Dieu ait son âme) a été énormément médiatisée et ça a fait bouger les choses ici, on parle de plus en plus du statut de la femme. Esperons qu'on arrivera à quelque chose de concret.
Pour info, il n'y a pas très longtemps, la loi dont parle l'article (le violeur peut se marier à sa victime pour éviter la taule) a été annulée. Un très bon début je pense....
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