La troisième saison d’American Horror Story, qui vient de débuter, nous plonge au plein coeur de la Nouvelle-Orléans, en 2013, dans une école un peu particulière. Ne comptant que quatre élèves, cette pension offre un lieu de refuge et d’apprentissage aux jeunes sorcières qui découvrent leurs pouvoirs et tentent de les apprivoiser et d’en apprendre un peu plus sur leur héritage.
Les sorcières se faisant rares de nos jours, il est donc très important de s’occuper des jeunes pousses livrées à elles-mêmes et de tout faire pour éviter le pire — l’extinction totale et irréversible de cette bien belle espèce.
La série s’ouvre sur une scène de 1834, dans la grande demeure de Madame Delphine LaLaurie, interprétée par l’immense Kathy Bates. Madame LaLaurie une femme riche et socialement haut placée, présente ses filles aux célibataires de la ville dans le but de les voir faire un beau mariage — elle les traite sans la moindre tendresse, comme de vulgaires morceaux de viande, certains d’ailleurs moins frais que d’autres.
Et entre deux courbettes, elle s’éclipse au grenier, où elle s’adonne à son passe-temps favori : torturer ses esclaves de la pire manière imaginable.
Et l’imagination de Madame LaLaurie est sans limite. Sa dernière oeuvre en date ? Un Minotaure, en chair et en os. Une activité saine et relaxante qu’on devrait tou–tes pratiquer le dimanche après-midi, en somme.
Mais ce que vous ignorez peut-être, c’est que Delphine LaLaurie a bel et bien existé. Et si vous pensiez que la série avait un peu exagéré ses actes de cruauté, accrochez-vous à vos bretelles et prenez une grande inspiration, parce que la réalité est toute aussi moche.
Madame LaLaurie, maîtresse de maison diabolique
Madame LaLaurie, née Delphine Macarty, a obtenu ce nom lors de son troisième mariage, avec le Docteur Leonard Louis Nicolas LaLaurie, un homme beaucoup plus jeune qu’elle. Ensemble, ils emménagent au 1140 Royal Street en 1831, au coeur du célèbre French Quarter de la Nouvelle-Orléans.
C’est elle qui s’occupera de toutes les affaires de la maison, qu’elle a achetée à son nom, ne laissant que très peu de place à son mari dans la gérance du foyer. Delphine occupe donc cette grande demeure avec deux de ses filles, son mari, et un paquet d’esclaves pour faire tourner la baraque.
Elle y organise régulièrement de grands évènements — galas, cocktails, bals — auxquels les gens s’empressent d’assister, et on parle souvent de sa grâce et de sa beauté captivante. L’hospitalité de Madame LaLaurie permet également de détourner l’attention de ses invités, qui s’inquiètent souvent de l’état de ses servants : émaciés, faibles, visiblement en très mauvaise santé, ils font tous peine à voir.
Mais bon, les fêtes sont tellement cool, les divertissements tellement bons et Delphine si délicieuse qu’on parvient aisément à détourner le regard. En public, Delphine est d’ailleurs très polie avec ses esclaves, elle en émancipera d’ailleurs deux (en 1819 puis en 1832) — personne ne pourrait se douter de ce qui se trame réellement derrière les portes du manoir quand les convives rentrent chez eux.
Mais les rumeurs sont tenaces, et continuent à se propager – plusieurs personnes sont persuadées que Madame LaLaurie maltraite ses esclaves. Un avocat est donc envoyé chez elle pour enquêter, mais il ne trouvera aucune preuve tangible pouvant confirmer les rumeurs.
Les esclaves torturés de Madame LaLaurie
Un incident, survenu après la visite de l’avocat, permettra cependant de confirmer les rumeurs.
Alors qu’elle était en train de brosser les cheveux de Delphine, Lia, une jeune esclave de 12 ans, est tombée sur un noeud. Irritée par le peu de considération apporté à son délicat cuir chevelu, Delphine a attrapé un fouet et s’est mise à courir après Lia, qui a pris la fuite
.
Elles se sont alors retrouvées sur le toit de la demeure, dont elle est tombée en voulant échapper à sa punition. Le corps de Lia fut ensuite enterré sur les terres des LaLaurie, probablement sous un puits condamné.
L’incident donna lieu à une enquête qui permit aux autorités de retirer neuf de leurs esclaves aux LaLaurie. Mais Delphine n’étant pas prête à abandonner ses biens, elle demande à des gens de sa famille de racheter les esclaves et de les lui revendre — ce qui lui permet de récupérer la totalité des servants perdus. Ça, c’est de la persévérance.
Mais un jour, poussée au suicide par les mauvais traitements de Madame LaLaurie, la cuisinière de 70 ans, enchaînée à son poste de travail, décide de mettre le feu à la baraque. Elle avouera tout à la police et aux pompiers à leur arrivée, ajoutant qu’elle avait tellement peur d’être punie par sa Maîtresse et d’être envoyée au grenier, dont personne ne revenait jamais, qu’elle préférait mourir.
Lorsque le feu faisait encore rage, Delphine faisait tout son possible pour sauver ses bijoux et ses fourrures, poussant les gens à lui demander pourquoi ses esclaves ne l’aidaient pas. En plus d’ignorer la question, elle refuse de donner les clés des chambres des esclaves, poussant les gens à défoncer les portes de sa maison pour sauver les pauvres servants enfermés.
L’horrible vérité derrière les murs
Et c’est à partir de ce moment là que tout part en vrille. En ouvrant les portes, les gens découvrent ce qui se cache réellement derrière les murs de la grande maison des LaLaurie et se retrouvent nez-à-nez avec des esclaves torturés, horriblement mutilés, ainsi que quelques cadavres enchaînés aux murs.
Ceux qui étaient encore vivants étaient suspendus par le cou, leurs membres salement abîmés semblaient avoir été tordus et cassés à plusieurs reprises, et certains portaient des colliers à pics qui les forçaient à maintenir leur tête droite.
Comme peu de sources fiables sont encore exploitables, la légende a pris de l’ampleur au fil des années et les actes de Madame LaLaurie ont été largement fantasmés — certains racontent par exemple qu’elle aurait changé un esclave homme en femme, et une femme en homme, qu’elle aurait créé une sorte de crabe humain avec le corps d’une autre esclave, cassant bras et jambes pour leur donner une position complètement grotesque, qu’une autre femme avait eu les deux bras sectionnés et la peau écorchée par endroits, formant une spirale sur son corps. D’autres ajoutent que le sol du grenier étaient jonché d’organes, de membres amputés, et de têtes décapitées et mutilées.
Bref, si on commence à se pencher sur les différents récits, y a moyen de rendre son déjeuner et de perdre toute foi en l’humanité.
De son côté, Delphine LaLaurie, comprenant rapidement que ça chauffait pour son cul, se précipita dans son carrosse pour prendre la fuite, et ne remit plus un pied à la Nouvelle-Orléans de toute sa vie. Contrairement à la bien jolie histoire racontée par American Horror Story, la vraie Delphine LaLaurie n’a donc jamais eu à payer pour ses crimes.
A priori, elle aurait passé le reste de ses jours en France et serait décédée à Paris en 1842, à l’âge de 66 ans, comme en témoigne la pierre tombale retrouvée dans un cimetière de St. Louis dans les années 30 par un sacristain (la presse n’en apprendra l’existence qu’en 1941 parce que bon, y avait pas Instagram à l’époque pour taper des duckfaces devant ses super découvertes).
Et en 2007, c’est Nicolas Cage qui s’est offert la baraque pour la modique somme de 3,45 millions de dollars, avant qu’elle ne soit rachetée en 2009 par le groupe Regions Financial Corporation. La maison est évidemment réputée hantée, et il est toujours possible de la visiter.
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Les Commentaires
Après la lecture de ton commentaire, j'ai lu l'article à mon copain (on mate tous les deux la saison 3) et il était visiblement tout aussi content que le tien "Oh trop cool l'histoire vas-y continue ! ". Je lui ai dit à la fin de l'article : "Tu voudras que je te lise/raconte d'autres histoires ?" ; "Oh ouiiiii uppyeyes:"