Retirée de la compétition depuis 2009, on l’a connue depuis entraîneuse de plusieurs grands joueurs. La voilà qui décroche la timbale : à 42 ans, la joueuse de tennis Amélie Mauresmo devient la directrice du tournoi de Roland-Garros. Un signe fort pour le monde du tennis.
Elle succède à Guy Forget, mais surtout à une longue lignée de directeurs — tous des hommes, ce qui est déjà tout un symbole. Elle sera la seule femme à diriger un tournoi du Grand Chelem. Comme le relève le HuffPost, Amélie Mauresmo était déjà devenue la première femme capitaine de l’Équipe de France de Coupe Davis en 2018.
Amélie Mauresmo, c’est « 25 victoires sur le circuit WTA », mais aussi un total de 39 semaines de position de numéro un mondiale, rappelle France Info.
Connue pour son exigence, mais aussi son humilité et sa discrétion, Amélie Mauresmo a entraîné Andy Murray et Lucas Pouille. Elle racontait début 2021 les difficultés lors de son intégration auprès du joueur britannique et surtout du sexisme auquel elle a dû faire face :
« L’accueil des joueurs, des autres coachs et des autres membres du staff d’Andy était très dur, mais avec lui tout se passait très bien. Je crois que je ne correspondais pas. On ne me respectait pas parce que j’étais une femme, et que je n’avais jamais vraiment entrainé avant… j’ai appris à être coach sur le tas. J’ai travaillé dur pour me mettre au niveau. Je crois que ça s’est bien passé, c’était une belle expérience. »
Il faut aussi remonter à la fin des années 90 pour comprendre en quoi la nomination d’Amélie Mauresmo est un symbole puissant.
En faisant son coming-out alors qu’elle n’avait que 19 ans et qu’elle était au début de sa carrière, elle avait posé avec sa petite amie en une du magazine Paris Match. Des années plus tard, elle a annoncé la naissance de ses enfants, en 2015 puis en 2017, devenant aussi une des rares lesbiennes out à évoquer sa vie de famille.
Ça n’a l’air de rien, mais en parlant de son homosexualité, Amélie Mauresmo a été un petit phare dans la nuit pour pas mal de lesbiennes au début des années 2000, où l’on était loin d’avoir des lesbiennes célèbres et out à tous les coins de rue.
« Elle a accompagné mon adolescence entre les posters collés au mur et les matches de grand chelem suivis religieusement. Jeune adolescente, j’ai pu m’identifier à elle, j’ai pu mettre un nom sur ce que je ressentais, réaliser que je n’étais pas seule au monde dans cette situation et construire ainsi mon identité », témoignait la militante féministe Marine Rome dans une puissante tribune pour L’Obs.
Sera-t-elle capable d’insuffler un peu d’ouverture d’esprit, de modernité, mais surtout d’égalité sur les courts de tennis et en dehors ?
Au regard des prises de position de Naomi Osaka lors du dernier tournoi de Roland-Garros, mais aussi des réactions à la disparition de Peng Shuai, on se dit qu’elle ne pourra que faire du bien au tennis.
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Crédit photo : Peter Menzel, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons
Les Commentaires
D'autre part, quand bien même le prisme d'analyse serait différent d'un circuit à l'autre, la différence de niveau sur les vingt dernières années est objective et, pour le dire clairement, abyssale. Le tennis masculin a bénéficié de la présence sans discontinuer au très haut niveau de Federer, Nadal et Djokovic qui ont offert, à vue de nez, une bonne trentaine de matchs qu'on peut considérer comme légendaires. A l'inverse, le tennis féminin a beaucoup souffert de son homogénéité, ce qui a détérioré la qualité des matchs.
La régularité des meilleurs joueurs est une condition nécessaire à la qualité, puisqu'elle permet aux joueurs de s'habituer au haut niveau et de progresser mentalement au point que la pression ne vient plus atténuer la qualité du jeu. Par exemple, la finale Thiem-Zverev de l'US Open 2020 est la finale masculine la plus médiocre des vingt dernières années, parce qu'elle opposait deux joueurs peu expérimentés à ce niveau (ce qui n'était pas le cas lors des innombrables finales entre Federer, Nadal et Djokovic) et rongés par le stress. Ce type de finale, on l'a trop souvent vue chez les femmes ces dernières années (je pense aux finales expéditives gagnées par Serena Williams contre des adversaires dépassées par l'enjeu, j'ai le souvenir aussi de Sabine Lisicki fondant en larmes et perdant tous ses moyens face à Marion Bartoli à Wimbledon en 2013).
On ne peut pas tout résumer au sexisme et la différence de qualité du spectacle sur les dernières années est beaucoup trop importante pour s'expliquer uniquement par ça.
@Matilda Verdebois Complétement d'accord, le niveau du tennis féminin est en train de remonter et on sort (enfin) du modèle de la joueuse qui se contente de frapper fort.