Pourquoi le moche est à la mode ? Qu’est-ce qui fascine tant dans les looks improbables des protagonistes ados d’Euphoria ? Pourquoi les hommes semblent s’habiller si mal ? Est-il paradoxal d’être féministe et d’adorer la mode ? C’est autant de questions qu’aborde Amélie, sur sa chaîne YouTube, ainsi que sur Instagram, où elle officie sous le pseudo de Fashion Quiche. Elle y interroge l’industrie des rêves, comment le vêtement nous aide à être et paraître, ou même disparaître. Mais cette fois, c’est à elle qu’on pose les questions pour faire l’autopsie de son dressing plein de seconde main et de pépites de fripes.
Autopsie du dressing d’Amélie Zimmermann
Comment vous présentez-vous ?
Je m’appelle Amélie Zimmermann, alias Fashion Quiche sur les réseaux ! Passionnée de mode depuis mon adolescence, je me suis lancée sur YouTube il y a quelques années. Je porte un regard philosophique et sociologique sur nos pratiques vestimentaires, pour pousser à voir la mode autrement. J’essaie de comprendre en quoi elle bouleverse notre rapport au corps, à la sexualité, à autrui… et de me demander ce qu’elle révèle de nos privilèges, nos habitudes, nos tabous.
Comment décririez-vous vos habitudes de consommation mode ?
J’aime beaucoup faire du shopping. Pour des raisons écologiques, j’ai décidé il y a environ quatre ans de ne plus consommer de fast fashion, et je tiens bien le coup ! Je n’ai plus mis les pieds dans un Zara ou un H&M depuis très longtemps. Parfois, je craque pour un pantalon ou une veste Carharrt en magasin d’usine… Sinon, je n’achète que de la seconde main, principalement en friperie. J’évite de plus en plus les frais de port Vinted, et les prix globalement excessifs de la plateforme qui est devenue la plaque tournante des fashion.
À combien évaluez-vous votre budget shopping mode annuel ?
Je dirais environ 1000 euros !
Quelle est la pièce la plus chère de votre dressing ?
Ce doit être deux tailleurs Balmain, que j’ai récupéré de la grand-mère ou grande-tante d’une amie. Ils sont magnifiques, en parfait état. J’adore particulièrement le noir à pois en velours, avec un jeu de volumes au niveau des épaules qui me donne une allure à la Cruella, sublime et glaciale. Je ne les porte pas souvent, mais je sais qu’un jour je trouverai une accessoirisation idéale pour leur rendre justice.
Quelle est la pièce qui a le plus de valeur sentimentale à vos yeux ?
Je ne sais pas pourquoi, je pense à ce top insignifiant Urban Outfitters, pailleté et à col cheminée, que je porte toujours de temps en temps. Je l’avais acheté à Amsterdam quand je devais avoir 14 ou 15 ans, ce devait être une des premières fringues que je m’achetais moi-même. Je l’avais porté pour le Nouvel An, à l’époque, alors il porte un peu le souvenir de mes premières soirées, mes premières fois, à chaque fois que je le passe, j’y repense. J’y reste beaucoup attachée. C’est sans doute la pièce la plus vieille encore dans mon dressing que j’ai achetée moi-même.
Quelle est la pièce la plus récente que vous vous soyez offerte ?
Une veste sans manches en jean de la marque Lee, dénichée dans une petite fripe à Albi, cet été. Je l’adore, je sais déjà que ça va être mon incontournable de l’automne, au-dessus d’un gros pull. J’aime la superposition : je vois la construction de ma silhouette comme un Tetris de vêtements, il faut essayer des combinaisons, se casser un peu la tête, ajouter des couches, des matières, des couleurs. Les petites vestes sans manches sont idéales pour se prêter à cet exercice.
Quelle est la pièce la moins chère de votre dressing qui fait quand même un effet waouh ?
Il y en a des tas ! Mon petit sac bleu cyan très flashy fait toujours son effet, alors que je l’avais acheté 4 euros sur Vinted.
Quel est votre plus fidèle accessoire ?
Les paillettes ! J’ai toujours été fan du maquillage, depuis que je suis petite, je me barbouille le visage de toutes sortes de fards et de couleurs.
J’adore aussi les liners colorés, une bouche bien rouge. Le moment du maquillage est un moment sacré, un temps calme et privilégié où, littéralement, je me fais face. Qu’est-ce que j’ai envie de projeter aux autres, aujourd’hui ? Qui ai-je envie d’incarner ? C’est un exercice qui révèle tant sur soi, sur mon désir de plaire, mon envie de pallier une humeur maussade ou à un complexe, mes exigences esthétiques du moment.
La pièce que vous avez déjà en 36 exemplaires mais que vous n’arrêtez pas d’acheter quand même ?
Des mini-jupes ! Je dois en avoir une dizaine… Je les adore, de toutes les couleurs (mention spéciale pour la rose fuchsia Kookai dénichée dans une fripe du Marais), à carreaux, unies, en jean (ou plutôt faux jean, concernant ma jupe Morgan rachetée sur Vinted pour la modique somme de 7 euros, associée à mon top en faux jean aussi de chez Vintage System, c’est le combo idéal du trompe-l’oeil fashion). Je sais que pour beaucoup de femmes, porter une jupe est un facteur de stress, mais pour moi, c’est amusant. J’adore sentir l’air passer entre mes jambes, porter un gros manteau par-dessus, et que la jambe-résille soit une surprise.
Quel est le type de pièce que vous rachetez encore et encore et ne portez pourtant jamais ?
De manière générale, les tops moulants. J’adorerais les porter, et chaque été, j’essaie, je me prends un petit crop top serré pour essayer. Mais je ne me sens jamais trop à l’aise, j’aime les trucs larges en hauts, et maintenant j’ai tellement identifié le combo haut-large-jupe-mini comme étant mon look signature, que c’est difficile de m’en défaire.
Quel est le type de vêtements que vous prenez le plus de plaisir à traquer ?
Peut-être les lunettes de soleil. Le potentiel de théâtralité d’une paire de solaires n’est pas à sous-estimer ! J’adore cet accessoire et à chaque printemps je me lance dans une traque aux paires les plus loufoques. Ma dernière pépite : une paire ultra seventies, chinée dans une fripe à Marseille.
Quel est le genre de vêtements que vous détestez devoir vous procurer ?
Les chaussures, ça ne m’inspire jamais, et surtout, je ne sais jamais si elles sont bien à ma taille, pas trop serrées, si elles sont confortables ou non. Les chaussures, ça me stresse, et d’ailleurs j’en ai très peu de paires.
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Votre meilleure pépite de fripe ?
Me vient en tête ma veste sans manches Harley Davidson que je trouve folle, pour l’allure qu’elle me donne. Associée à une mini, des collants bariolés et des chaussures un peu mastoc, ça envoie ! J’adore cette veste, elle apporte une mesure dans ce que je veux renvoyer de féminin et de masculin, de rock et de kitsch. C’est une veste-accessoire qui contrebalance, qui apporte une nuance, une profondeur à mes tenues. Je la mets quasi tous les jours, par-dessus un t-shirt, une chemise, un pull, tout.
Votre meilleure astuce pour acheter des fringues de seconde main ?
Il est essentiel de se demander si on en a vraiment besoin ! Ce n’est pas parce que c’est de seconde main que tout est permis. Il m’est souvent arrivé de me laisser tenter par un haut pas cher en fripe, en me disant qu’il était pas mal. Pas mal, mais il finissait oublié au fond de mon dressing. Surtout en seconde main, c’est important d’acheter seulement si on en a besoin – et si on a le coup de coeur !
Votre futur investissement mode ?
Je crois que je ne suis pas très investissement mode. Je m’en fiche un peu des sacs ou des griffes. Mon rapport à la mode est plus spontané, vivant – c’est pompeux de dire ça ? Sûrement ! Les choses que je chéris le plus dans mon armoire sont des vêtements associés à des moments, des vêtements délirants trouvés dans des endroits qui leur ressemblent, et dans lesquels j’ai moi-même vécu des trucs marrants. Investir, c’est l’inverse du principe de mode. La mode, c’est le jeu, le pari ! Alors les investissements mode, très peu pour moi.
Est-ce que vous revendez souvent vos vêtements ?
Non. L’été dernier, j’ai déménagé, du coup, j’ai donné énormément à Emmaüs. Depuis ce gros tri au cours duquel je me suis rendu compte que j’avais trop gardé depuis trop longtemps, je me suis promis de moins acheter. Du coup, mes armoires débordent moins !
Si vous deviez prendre une résolution mode, quelle serait-elle ?
Consommer moins, évidemment, et peut-être davantage dépenser dans des marques éthiques qui font des bons basiques (bon jean, bon pull…) mais bon, cette résolution manque un peu de fantaisie.
La question que vous aimeriez qu’on vous pose plus souvent concernant votre rapport à la mode ?
Peut-être que j’aimerais qu’on me demande pourquoi je m’obstine à en parler. Qu’est-ce qu’elle cache de si existentiel pour moi. Pourquoi je n’arrive pas à faire le tour de la question. En fait, c’est une question que je me pose. C’est pour ça que je continue de lire sur la mode, d’ouvrir les yeux dans la rue, d’interroger mes copines, de parler aux internautes sur YouTube : un jour, je percerai à jour ce secret qu’elle tient si bien gardé !
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Les Commentaires
Parce que friperie et 2nde main, ça ne veut pas forcément dire que c'est donné à chaque fois.