Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Amélie qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom d’emprunt : Amélie
- Âge : 29 ans
- Métier : ingénieure dans un bureau d’études
- Revenu mensuel : 1680€ par mois, pour 39h hebdomadaires
- Famille : elle, et son conjoint avec lequel elle est en relation à distance
- Lieu de vie : un appartement dans un village, dans une région assez rurale
Les revenus d’Amélie
Pour son poste d’ingénieure dans un bureau d’étude à 39 heures hebdomadaires (mais elle confie qu’elle en fait bien plus en réalité) , Amélie gagne la somme de 1680€ par mois.
Un salaire qui lui convient, compte tenu du coût de la vie à la campagne et de son relatif manque d’expérience. C’est un salaire toutefois en-dessous de la moyenne de son secteur. Elle n’a pas d’autre source de revenus.
Les dépenses d’Amélie
Le poste principal de dépense d’Amélie se trouve dans son loyer : 290€ par mois pour un appartement de centre-village. Elle trouve ce lieu de vie « bof-bof » et n’avait pas l’intention de s’y installer à long terme… jusqu’à ce que la crise sanitaire et économique passe par là.
« Mon appart fait 50m². Il n’est pas lumineux, mais il est grand. Et c’est surtout le moins cher que j’ai visité. Mon job actuel n’est pas très loin et il fallait que je sorte du chômage, donc j’ai emménagé en pensant que serait pour une période courte.
Le plan, c’était de tenter rapidement de trouver des offres dans la ville moyenne où vit mon copain. Je ne comptais pas passer deux ans ici ! Mais le temps est passé, j’ai subi une opération de santé, le confinement est arrivé, et les recrutements se sont raréfiés.
Maintenant, j’ai envie de déménager pour avoir un petit extérieur — car habiter à la campagne pour être en appartement, je trouve ça dommage. Mais il n’y a plus rien sur le marché… Le Covid a en partie bloqué mes projets à ce niveau-là. »
Amélie dépense aussi 150€ mensuels en courses, principalement alimentaires. Si elle estime que ce poste est relativement élevé , c’est parce que la nourriture est une vraie source de plaisir pour l’ingénieure, qui a donc tendance à dépenser plus pour manger de bonnes choses.
Ayant été au chômage jusqu’à l’an dernier, elle n’est pour l’instant pas imposable, et ne paie pas de taxe d’habitation.
Un quotidien peu dépensier
Les factures courantes, dans son appartement où le chauffage et les plaques sont au gaz, s’élèvent à 97€ par mois.
Sa mutuelle d’entreprise, déduite de son salaire, lui coûte 82€. Une somme élevée pour une formule « familiale » qui ne l’arrange pas, mais à laquelle elle n’a d’autre choix que de souscrire.
À cela s’ajoutent une quarantaine d’euros d’abonnements pour sa connexion Internet et son abonnement téléphonique. Elle paie aussi 10€ de frais bancaires, et 10€ de frais d’assurance.
Amélie le précise très rapidement : en matière de finances, elle se considère comme un écureuil. Elle essaie de peu dépenser du côté de ses frais fixes, et consomme peu.
« Je fais attention à ce que je dépense, notamment sur le chauffage, l’électricité et les courses. Je contrôle mes finances, et ne suis jamais à découvert. »
Pour ses dépenses de loisirs, Amélie sépare les dépenses qu’elle fait seule de celles qu’elle partage avec son compagnon.
De son côté, elle raconte ne pas être une grosse dépensière.
« J’achète tout ce que je peux en seconde main, particulièrement les vêtements mais aussi mes livres, qui viennent de boîtes à livres gratuits. Je fais aussi de la photo, qui n’engendre pas de coûts réguliers sur mon budget.
Ma formation de base est en ingé-éco-conception, et la protection de l’environnement me tient à cœur depuis très longtemps. Cela se voit sur mes dépenses : je n’achète que ce dont j’ai besoin, et j’essaie d’acheter le moins possible, mais de bonne qualité pour ne pas surconsommer. »
Elle explique par ailleurs faire peu de sorties sans son compagnon, préférant se réserver pour les moments où ils sont ensemble. Par mois, elle dépense environ 10€ pour ses sorties « à elle ».
Les dépenses communes d’Amélie et son partenaire
Le conjoint d’Amélie touche, quant à lui, 2050€ par mois. Comme ils sont, pour l’heure, en relation à distance, leurs comptes sont séparés : chacun paie son loyer, ses factures et ses courses.
Pour autant, être en relation à distance implique un coût , notamment celui des déplacements. En plus des 110€ mensuels qu’Amélie dépense en péage et en essence pour aller travailler, il faut compter 120€ par mois de trajets pour voir son conjoint. Il dépense la même somme pour venir la voir.
« L’aller-retour pour aller de l’un chez l’autre nous coûte 90€ chacun par moi, sans compter les week-ends où nous nous retrouvons chez nos parents, qui vivent à 1km les uns des autres. Dans ces cas-là, cela lui coûte 50€ l’aller-retour, et 30€ pour moi. »
En plus de ces frais, ils dépensent ensemble une cinquantaine d’euros par mois pour leurs sorties communes. Le couple aime profiter de la nature, et leurs sorties ne sont pas toujours coûteuses. Elle explique :
« On fait plutôt des randos, des bivouacs, on profite des paysages. Sinon, de temps en temps, on fait des sorties exceptionnelles : un parc d’attraction, la visite d’une grotte, ou une journée au ski.
On va assez rarement au restaurant, une fois tous les deux mois environ. Mais on aime cuisiner et manger des produits de qualité donc quand on se voit, je dépense pas mal en alimentation. Je ne vais pas sortir les boîtes de sardine quand il est là ! »
Ces repas communs rajoutent environ 120€ de dépenses communes à leurs courses, réparties à égalité entre eux, soit 60€ de frais de courses alimentaires supplémentaires pour Amélie.
« J’aimerais un peu plus de feeling dans l’organisation »
De manière générale, quand ils sont ensemble, ils partagent toutes leurs dépenses à moitié et utilisent un Tricount pour centraliser le tout.
À leurs débuts, cette organisation convenait très bien à Amélie, qui venait de passer trois ans à prendre en charge la majeure partie des dépenses de son ex-compagnon. Mais aujourd’hui, après six ans de couple, elle raconte qu’elle aimerait un peu plus de souplesse dans leur répartition financière quotidienne.
« Il est très à cheval sur le 50/50, alors quand on passe un bon moment et qu’il me sort “Tu payes” d’un seul coup, ça casse un peu l’ambiance. Peut-être que j’aimerais un peu plus de romantisme, ou en tout cas, moins de calculs et ne plus devoir retenir qui a payé le péage à l’aller.
Je me dis qu’au bout de six ans de relation, il sait bien que je vais payer autre chose à mon tour, ou juste dépenser 10€ de plus sur un achat commun. »
Le rapport à l’argent d’Amélie et son conjoint
Les deux membres du couple ont un rapport relativement similaire à l’argent : ils font attention à ce qu’ils dépensent et n’aiment pas surconsommer.
La jeune femme estime qu’ils pourraient être tous les deux considérés comme « un peu radins », mais de manières très différentes :
« La différence c’est que lui est dépensier pour lui (il peut s’offrir une canne à pêche à 300€ sans souci), mais pas très dépensier pour les autres (sa famille, ses amis, ou moi). Il était hors de question se faire plaisir avec un restaurant à 100€ pour nos six ans, par exemple.
De mon côté je suis radine pour moi. Je vais réfléchir à dix fois avant de m’acheter quelque chose, mais par contre pour faire des cadeaux, payer des verres, inviter des potes au resto, et surtout offrir des trucs (souvent alimentaire) à ma famille il n’y a pas de souci. »
Une différence de rapport à l’argent qui ne pose pas de problème dans leur quotidien, mais qui pourrait être amenée à devenir compliquée si le couple emménageait ensemble : Amélie a pour habitude de cacher à son compagnon qu’elle achète des cadeaux de toutes sortes à ses proches, et il tenterait sûrement de la dissuader de le faire…
Des projets d’épargne et de voyage
Avec ce rythme de vie, Amélie épargne chaque mois entre 600 et 1000€ sur un livret A. Son objectif n’est pas encore fixé définitivement :
« Mon épargne servira soit pour un futur investissement, soir pour le voyage que j’aimerais faire depuis mes 14 ans , âge auquel j’ai commencé à mettre de l’argent de côté : partir plus d’un an autour du monde ! »
Avec son conjoint, ils sont aussi en pleins travaux dans un van, qu’ils sont en train de retaper pour pouvoir voyager avec.
Merci à Amélie d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Pour participer à la rubrique, écrivez-nous à l’adresse daronne[at]madmoizelle.com en indiquant en objet « Règlement de comptes » et en vous présentant en quelques lignes.
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Crédit photo : Uriel Mont / Pexels
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Les Commentaires
L’employeur prend en charge la moitié de la somme, après ce n’est pas précisé si ce montant est le coût total ou uniquement la part que paie la madz.