Et si ce n’étaient pas les super-pouvoirs qui faisaient les super-héros ? La question est posée dans Comment je suis devenu super-héros, le premier film de Douglas Attal, sorti le 9 juillet 2021 sur Netflix.
Dans un monde où il est normal pour certaines personnes d’avoir des facultés surnaturelles, deux policiers parisiens doivent enquêter sur le trafic d’une « super-drogue » permettant à ceux qui l’inhalent d’obtenir des super-pouvoirs. Avec Pio Marmaï en flic blasé et Vimala Pons en lieutenante motivée, Comment je suis devenu super-héros nous montre que la France aussi peut sortir des films de ce style… même si on reste loin d’un Marvel ou d’un DC Comics !
Ce long-métrage est l’adaptation d’un roman de Gérald Bronner ; alors que l’intrigue se déroule aux États-Unis, le réalisateur Douglas Attal, en discutant avec l’écrivain, a décidé de la transposer à Paris. « Je me suis dit qu’il y avait là matière à faire un film qui puisse à la fois être intrinsèquement français et aborder de manière frontale le genre des super-héros », indique-t-il dans le dossier de presse.
Alors qu’elle devait initialement sortir dans les salles en décembre 2020, cette fiction d’un genre qu’on ne voit que très peu en France a finalement basculé sur la plateforme Netflix. Et y trouve toute sa place : après tout, on a l’impression qu’il n’y a que sur Netflix ou presque qu’on peut voir des projets qui sortent vraiment des habitudes françaises (citons les séries Mortel, Vampires ou encore Osmosis) !
Comment je suis devenu super-héros tient ses promesses…
Sur le papier, Comment je suis devenu super-héros a tout pour plaire : son casting 5 étoiles réunit Pio Marmaï, Vimala Pons, Leïla Bekhti, Benoît Poelvoorde et Swann Arlaud, la thématique fantastique intrigue, et on se demande comment on en est venu à voir Benoît Poelvoorde porter une combinaison moulante à la Spider-Man !
Mais le film tient-il vraiment ses promesses ?
Un certain préjugé nous soufflait l’idée que la production pourrait faiblir du côté des effets spéciaux. C’est juste un cliché dû au fait qu’on voit rarement des choses complètement invraisemblables dans les films français alors que finalement, on a bien les équipes pour les créer ! Comment je suis devenu super-héros est irréprochable de ce côté-là — sans compter qu’il y a quelque chose d’assez grisant à voir des flammes projetées des mains d’un ado au milieu d’une cour d’un lycée parisien, et non américain pour une fois.
Le film réussit à créer son propre univers, indispensable à l’immersion des spectateurs et spectatrices. La base de données des « surhommes » (comme sont appelées les personnes munies de pouvoirs), la brigade « supercriminalité » de la police… ce sont tous ces petits éléments qui nous font croire à l’existence de ce monde et nous emportent.
Malheureusement, il se passe un peu moins de choses du côté des personnages.
…tout en restant imparfait
Alors qu’ils sont interprétés par des acteurs et des actrices qui n’ont plus rien à prouver, on a beaucoup de mal à s’attacher aux personnages principaux, ou même à détester les méchants. Pourquoi le personnage de Pio Marmaï se comporte-t-il comme un connard fini avec sa collègue ? Que veulent vraiment les antagonistes du film ? Qu’est-ce qu’ils gagnent à agir comme ça ? Quelques réponses restent floues et ne sont pas assez convaincantes.
On note avec joie, cependant, la volonté des créateurs du film d’imposer des « personnages féminins forts » qui n’étaient pas présents dans le roman dont est adapté le film. Le réalisateur explique :
« C’est dans cette perspective qu’on a créé le personnage du lieutenant Schaltzmann (Vimala Pons) aux côtés du lieutenant Moreau (Pio Marmaï). On a également transformé en personnage féminin le rôle que joue Leïla Bekhti qui était initialement un personnage masculin dans le roman. Ma volonté était vraiment de faire un film de super-héros qui parle à tout le monde. »
Au niveau scénario, c’est un peu linéaire : très vite, trop vite, nous nous retrouvons au dénouement de l’intrigue. Peut-être sommes-nous mal habituées à ce rythme, avec les multiples revirements de situations que nous réservent les films du genre quand ils viennent de l’autre côté de l’Atlantique ? Ce qui est sûr, c’est qu’on reste un peu sur sa faim à la fin de Comment je suis devenu super-héros.
Finissons sur du positif : c’est tout de même un plaisir de retrouver des acteurs qu’on n’a plus vus pendant longtemps dans de nouveaux longs-métrages, à cause de la crise sanitaire, et cet enthousiasme se mêle à l’excitation de les voir évoluer dans un monde fantastique. Enfin, la morale du film, insufflée par le titre, change un peu des clichés… mais on vous laisse la découvrir par vous-même !
Comment je suis devenu super-héros est sur Netflix
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