Il est revenu ! Le mojo est revenu !
Après une journée à collectionner des galères de l’enfer, voilà que je m’apaise, pendant que les premiers rayons du soleil brûlant de Cannes caressent le Festival. J’ai dormi huit heures en deux nuits, et pourtant, je me sens renaître.
La longue complainte de la privilégiée est terminée, bienvenue dans cet épisode 2 de mes aventures au Festival de Cannes : Alix en connexion avec l’Univers. En revanche, je serai toujours une drama queen.
Festival de coïncidences et Monrovia, Indiana de Frederick Wiseman
Tous les livres de développement personnel que j’ai lus (au nombre de un) incitent à faire confiance à l’Univers, pour pouvoir expérimenter des synchronies. Grosso modo, il t’arrive des coïncidences marrantes quand tu regardes autour de toi.
C’est ce que j’ai décidé de faire ce matin, et ça n’a pas loupé. Cimer l’Univers.
Hier, dans le train, je lisais Supplément à la vie de Barbara Loden, de Nathalie Léger. Quelle ne fut pas ma surprise d’y parcourir un passage évoquant le réalisateur Frederick Wiseman, alors que je venais de réserver ma place à la Quinzaine des Réalisateurs — une sélection parallèle au Festival — pour son film Monrovia Indiana, qui documente la vie des habitants de Monrovia ayant voté à 76% pour Trump en 2016.
Je n’avais jamais entendu parler de lui. La honte, c’est un des documentaristes les plus productifs, et à 91 ans le gars n’a toujours pas pris sa retraite ! Je me rends donc à la projection avec la sensation que j’y suis destinée (oui, au moins).
Dans la file d’attente, un vieil homme initie une discussion avec moi sur les bienfaits des impressions papier des QR codes qui nous permettent d’accéder à nos places. On rit ensemble de bon cœur jusqu’à atteindre nos places respectives, l’occasion de me rendre compte… Que c’est Frederick Wiseman ! Et qu’il parle un français parfait, soit dit en passant.
S’ensuit la présentation de Monrovia, Indiana, un documentaire long et contemplatif qui s’installe dans la vie des habitants de Monrovia. Sans la moindre interview, par une simple installation de la caméra qui se fond jusqu’à disparaître dans le quotidien des « 76% », on accède à un constat presque inaltéré (il reste le montage qui manque forcément toujours un peu d’objectivité, mais qui se fait le battement de cœur du film).
Jamais le nom de l’ex-président des États-Unis n’est prononcé. On pénètre des quotidiens banals, sans meetings politiques ni casquettes à l’effigie du Donald. Que font ces électeurs le samedi après-midi ? Et le dimanche soir ? De quoi parlent-ils à la mairie, chez les francs-maçons, au bar, au magasin d’armes ?
La multitude des personnages et leur oubli total de la caméra nous emmènent en totale immersion dans une Amérique rurale pendant 2h20 d’observation, que j’ai fini de digérer à coups de Spritz pendant un apéro sur un rooftop. Dure vie.
Rencontre inattendue et Robuste de Constance Meyer
Mais les synchronies ne s’arrêtent pas ici !
Je suis dans les toilettes de la salle Miramar, prête à soulager ma vessie avant d’assister à la Cérémonie d’ouverture de la Semaine de la Critique, une autre des nombreuses sélections parallèles à la Compétition officielle. Une voix s’élève alors et implore qu’on la débloque de son cabinet : elle s’est enfermée de l’extérieur sans faire exprès, la poignée est défectueuse.
Quelle n’est pas ma surprise : je libère Camélia Jordana, jury pour la Semaine de la Critique, entre ses activités de chanteuse et d’actrice à succès. D’aucuns appelleront cette rencontre une anecbof de star, moi j’appelle ça un destin. Car sans moi, Camélia serait peut-être toujours coincée dans les toilettes de la Salle Miramar.
Après une ouverture de cérémonie joyeuse et conviviale (bien moins coincée que celle de la Compétition officielle !), je découvre le premier film de Constance Meyer : Robuste, avec Déborah Lukumuena — que j’avais déjà reçue dans un épisode d’Affichées, notre podcast cinéma et séries — et Gérard Depardieu.
Lui joue une star de cinéma vieillissante, qui rencontre Aïssa (Déborah Lukumuena) alors qu’elle remplace son assistant et agent de sécurité. Entre l’acteur désabusé et la jeune femme, une amitié unique va se développer.
Déborah Lukumuena interprète une lutteuse d’un calme olympien, véritable force tranquille qui parvient à calmer les angoisses d’un Depardieu qui semble très seul malgré son immense notoriété. Une jolie rencontre de cinéma, mais aussi de corps « hors-normes » comme le définit sa réalisatrice.
Une magnifique soirée que je solde en dansant jusqu’au bout de la nuit à la soirée du film, sur la plage. Merci l’Univers !
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