Quand il m’arrive d’être fière de moi (pour avoir réussi un truc que je pensais insurmontable, pour avoir fait une bonne action, pour avoir su trouver la force de me retenir à dépenser 100€ en fringues, en livres ou en téléchargements iTunes), je me tourne généralement toujours vers les mêmes plats ou les mêmes aliments en arpentant les rayons du supermarché. C’est ce que j’appelle ma bouffe de la victoire, à laquelle je ne touche pas en temps normal parce qu’elle ne m’attire pas particulièrement et parce que je n’en ai pas envie d’habitude.
Dans ces cas-là, je n’ai que faire du cholestérol, des risques de diabète et de la petite bouée que j’ai à la place des abdominaux quand je m’assois. J’ai juste envie de me récompenser comme on récompense un chien qui a donné la patte en lui donnant un sucre.
Voici la liste des aliments que je ne mange presque exclusivement que quand je me sens super fière de moi.
Le saucisson à l’ail
Quand j’étais petite et que j’étais confiée à mes grands-parents pour la journée, j’attendais avec impatience le moment où j’allais entendre le coup de klaxon du charcutier itinérant parce que ma grand-mère avait toujours quelque chose à lui acheter et qu’il me donnait une rondelle de saucisson à l’ail gratos.
Le pire, c’est que j’ai jamais trop aimé le saucisson à l’ail et que je passais les quelques heures qui suivaient la dégustation à digérer difficilement, obsédée par les ignobles renvois odorants qui me secouaient toutes les trois minutes. N’empêche qu’aujourd’hui, même si mon organisme essaie toujours de me faire comprendre que c’est définitivement un truc qu’il ne voudra jamais assimiler, je vais régulièrement m’en acheter un pour me récompenser de quelque chose. C’est un peu ma madeleine de Proust. Mais une madeleine de Proust périmée avec des coquilles d’oeuf dedans.
La plâtrée de coquillettes beurre/gruyère/poivre
Quand j’ai survécu sans encombre à une journée déprimante et hivernale pendant laquelle le soleil a décidé de ne pas se lever, je me concocte si j’en ai l’occasion une énorme plâtrée de coquillettes trop cuites
avec un bon morceau de beurre, la moitié d’un paquet de gruyère et une généreuse quantité de poivre. Je mange ça dans un bol à la petite cuillère, sinon l’effet n’est pas complet.
Le mélange de fierté ajouté à l’intérêt gustatif de tout ce gras me donne généralement envie de laisser mes lèvres s’étirer en un sourire brillant de bonheur au beurre.
Le risotto au gorgonzola
Le risotto, c’est le plat que j’aime bien me cuisiner pour me récompenser mais seulement les jours où j’ai autant d’énergie qu’un lévrier afghan et plus d’appétit qu’un barracuda.
C'est vrai qu'il a l'air d'avoir faim.
Dans ce cas de figure, il me faut du temps, du dynamisme et de la bonne humeur : la recette que je suis a beau être simple (faire revenir le riz dans du beurre et des oignons, rajouter du bouillon au fur et à mesure, terminer avec une bonne dose de gorgonzola coupé en morceaux), elle semble interminable à l’impatiente que je suis. A moins que je ne décide de m’acheter du risotto tout fait, mais alors là permettez-moi de vous dire que ce serait comme de se faire une entaille dans le bras, d’y ajouter des cheveux sales pour que ça s’infecte et d’ensuite arroser la plaie de citron, le risotto tout prêt étant l’un des trucs les plus indigestes du monde.
Les gâteaux Dinosaurus
Les Dinosaurus sont ces biscuits en forme de dinosaures avec un biscuit aux céréales et du très bon faux chocolat. Au niveau du goût, ils se rapprochent un peu des Granola, mais en mieux (et en dinosaures). Ça s’émiette et ça colle aux dents, et c’est les biscuits qu’on avait parfois au goûter quand j’étais petite à la maternelle. Pour me récompenser de quelque chose, je suis capable de m’enfiler le paquet entier. Soit presque autant de valeurs énergétiques que celles demandées pour une journée et la sensation d’avoir les artères qui se bouchent à chaque mouvement. Sachant que je ne fais pas partie de ces gens qui veulent mourir jeune et que je ne me sens pas particulièrement prédestinée à faire partie du mythique club des 27, j’ai envie de dire, encore heureux que j’ai pas l’autocongratulation facile.
Du champagne
Le cas du champagne est un peu particulier. Je pourrais en boire tous les soirs si ça ne coûtait pas aussi cher et si j’avais un foie en acier tant j’aime sentir ce goût subtilement vinassé avec de fines bulles qui dansent dans mon gosier. Mais il n’y a que quand j’ai réussi un truc absolument insurmontable (mes examens quand j’étais encore étudiante, m’être retenue de pleurer chez le dentiste, ce genre de grandes victoires du quotidien) que je m’octroie le privilège d’aller dépenser l’équivalent de deux grosses côtes à l’os dans une bouteille de vin qui pique.
Et toi, quels sont tes aliments que tu ne t’autorises ou qui ne te font envie que lorsque tu as envie de fêter ta force et ton courage ?
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(mon câlin de cet hiver !)