« Ali Soumaré, parce qu’il était noir, parce qu’il était un jeune des cités, a été calomnié par la droite », qui a mené contre lui une « campagne de caniveau » dénonce le député PS Pierre Moscovici.
A l’UMP en ce moment, on fait profil bas.
Rappel du feuilleton Soumaré :
Le maire UMP de Franconville, Francis Delattre, avait exigé le retrait d’Ali Soumaré des listes régionales socialistes du Val d’Oise, le qualifiant de “délinquant multirécidiviste chevronné” et de “repris de justice” . Des accusations légitimes, car basées sur « des documents très précis », précise alors le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre.
Sans doute, oui … à peu de choses près que le dit Soumaré n’est pas le bon !
Problème d’homonymie
La procureure Marie-Thérèse de Givry explique que « Le jugement du 8 février 2007 n’est pas un jugement rendu par le tribunal correctionnel, c’est un jugement rendu par le tribunal pour enfants et il ne concerne pas Ali Soumaré qui est né le 25 décembre 1980 », explique la procureure Marie-Thérèse de Givry.
« Manifestement, pour l’UMP, lorsqu’on est jeune, noir et issu de la banlieue, on ne peut au choix qu’être réserviste dans une équipe de foot ou délinquant multirécidiviste », écrit Dominique Lefebvre, 1er secrétaire de la fédération du PS du Val d’Oise.
Pour lui, sur les 5 accusations, 3 sont fausses, “une homonymie au mieux, un amalgame volontaire au pire”.
Ali Soumaré a en effet reconnu 2 condamnations : celle de 1999 pour vol aggravé, et celle de 2009, pour rébellion (une arrestation en bas de son immeuble à Villiers-Le-Bel en juillet – il a été pris à parti par les policiers comme les autres jeunes). Le porte-parole des familles et des quartiers à l’époque des émeutes de Villiers-le-Bel (novembre 2007) reconnaît avoir été condamné dans une affaire qui remonte à 1999; affaire désormais prescrite.
« J’en ai tiré les conséquences. J’ai même eu un déclic à ce moment-là. Cela a nourri mon engagement, notamment dans le monde associatif et dans toutes mes missions à Villiers-le-Bel.
Problème : la source des informations
“L’homonymie qui a porté M. Delattre et les autres à la confusion laisse effectivement à penser que le renseignement vient des fiches de police”. Sur Internet, plusieurs avocats semblent plutôt de cet avis. En gros, il est difficile de retracer le passé judicaire d’une personne à partir de son seul patronyme.
“Lorsqu’une audience est publique, le greffier peut donner le rôle de l’audience”, explique-t-on au tribunal de grande instance de Nanterre (92). Toutefois, “les greffiers sont attentifs à l’origine de la demande”. Il est a priori impossible de demander le passé judiciaire de quelqu’un à partir de son nom.
Il paraît alors probable que l’équipe de Francis Delattre a eu accès “au casier judiciaire ou à la fiche STIC (le fichier central de la police)” d’Ali Soumaré. Selon l’avocat blogueur Maître Eolas,“si Francis Delattre s’est procuré, d’une façon ou d’une autre le casier judiciaire de monsieur Soumaré, il a commis un délit”.
L’arroseur arrosé ?
« Je condamnerai la démarche si les faits sont faux« , avait indiqué Valérie Pécresse, quelques jours après les accusations. Dans un communiqué, celle qui est aussi ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recheche a donc « condamné l’initiative de Francis Delattre » et « regretté cette démarche qui ne correspond ni à sa conception de la politique, ni à ses valeurs ».
Jean-François Copé semble plus tenace : « il y a eu tout de même des condamnations avérées ».
« Je continue de penser que quelqu’un de condamné n’est pas un exemple, je pense même que c’est stigmatiser la diversité », s’entête le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre.
Sauf que, précise François Hollande, « ceux qui ont diffamé deviendront à leur tour des délinquants ». Et l’ancien premier secrétaire du PS de rappeller le principe selon lequel « une fois qu’une condamnation est prescrite, elle est oubliée ».
Ceux qui donnent des leçons oublient bien trop souvent qu’ils ne les apprennent pas eux-même … A bon entendeur, Frédéric.
Les Commentaires
Il me semble que le droit à l'oublie et le droit au changement est sont des conditions essentielles de la démocratie
Vouloir interdire toute participation à un candidat ayant un casier judiciaire est ridicule quand on sait aujourd'hui les raisons dérisoires qui conduisent les jeunes (et les beaucoup moins jeunes) en garde à vue.
Par contre rendre inéligible les politiques pris les doigts dans le peau de confiture (l'argent publique) je suis totalement pour. Le reste c'est du détail