Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects féministes. Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Alexina qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Alexina
- Âge : 27 ans
- Métier : en thèse financée
- Revenus mensuels : 1 420€ par mois pour Alexina et 1 100€ pour son compagnon
- Famille : elle et son compagnon
- Lieu de vie : dans une maison dans le sud-ouest
Les revenus d’Alexina et de son compagnon
Le couple habite une maison, dans une petite commune du sud-ouest de la France. Ils sont en location mais espèrent très prochainement devenir propriétaires.
Alexina est en thèse — elle a à la fois le statut étudiant et le statut salarié pour 38 heures par semaine, du service public. Elle est rémunérée 1 420 euros pour ce travail de recherche.
Son compagnon est driver en grande surface pour 1 100 euros en moyenne par mois. Il alterne entre des semaines à 30 heures et à 35 heures (entre 1 000 et 1 200 euros nets).
Ils s’estiment bien payés :
« Nous estimons l’un et l’autre avoir un niveau de vie et un pouvoir d’achat TRÈS confortables. »
Leurs revenus leur permettent de vivre comme ils l’entendent, même si quelques ajustements sont parfois à effectuer.
L’organisation d’Alexina et de son partenaire
Chacun s’occupe de ses impôts et de ses comptes. La gestion est partagée.
Pour l’instant le couple est en location mais ils envisagent d’acheter un bien immobilier : une maison. Ils font actuellement des simulations financières pour cela.
Cela changera certainement leur organisation financière.
« Actuellement, chacun ses comptes.
Si nous obtenons un prêt, il faudra qu’on ait un compte commun sur lequel seront prélevées les mensualités du prêt. On pense garder nos comptes séparés, et simplement virer tous les mois le montant de la mensualité sur ce compte commun à 50-50. Nous verrons à ce moment-là. »
Actuellement, en ce qui concerne les dépenses, ils les divisent pas deux et se remboursent mutuellement, que ce soit au coup par coup, ou de façon automatisée pour les dépenses récurrentes.
« Toutes les dépenses sont divisées par deux, gérées par Tricount [application pour gérer les dépenses à plusieurs] avec mise à plat tous les mois.
Pour les dépenses communes qui sont effectuées par prélèvement automatique (Internet, streaming, assurances voiture + habitation), c’est mon compte qui est débité et mon compagnon me fait un virement permanent mensuel équivalent à la moitié. »
Ils ont mis en place ce système pour que leurs dépenses soient équilibrées et ils trouvent que cela fonctionne bien.
« Ça nous permet d’être complètement égaux et de garder une autonomie et indépendance financière qui nous sont indispensables. »
Entre eux, l’organisation financière est tout à fait fluide mais de quelle manière chacun et chacune appréhende son rapport à l’argent ?
Le rapport à l’argent du couple
Ils ont un rapport qu’ils estiment « détendu » à l’argent.
« Nous avons un rapport à l’argent très détendu, sans aucun tabou. Nous n’avons jamais été à découvert, ni l’un ni l’autre. »
Alexina est plutôt de nature économe, et analyse son rapport actuel à l’argent à l’aune de son éducation.
« Personnellement mon rapport à l’argent vient de mon éducation.
Mes parents sont très aisés mais ils m’ont appris la valeur de l’argent et j’ai grandi avec la phrase “j’achète parce que j’ai besoin, pas parce que je peux“. Après c’est sûr que vu que nous avions les moyens, nous achetions un objet dont on avait besoin plutôt dans le milieu de gamme que dans le premier prix.
Mais on n’oubliait pas non plus de se faire plaisir et les dépenses purement “plaisir“ et pas répondant uniquement à un besoin étaient aussi là. »
Tandis que son compagnon peut être un peu dépensier. Mais leur environnement, bien éloigné de toutes tentations, le freine dans ses envies d’achats.
« Mon compagnon est de nature plus dépensière que moi dans le sens où il est plus tenté par les magasins, alors que moi ça me passe un peu au-dessus…
Mais vivant à la campagne, la tentation est beaucoup plus limitée parce qu’il n’y a pas de grandes surfaces autres qu’alimentaires. »
Pour Alexina, c’est aussi l’enfance de son compagnon qui influence son comportement actuel.
« Mon compagnon a grandi dans une famille avec moins de moyens que dans la mienne : il a dû travailler en parallèle de ses études pour payer son restaurant universitaire et couvrir ses dépenses.
Mais il n’a jamais eu la sensation de manquer, il s’est toujours senti plutôt serein parce qu’il est capable de trouver du boulot n’importe où et de faire en sorte d’avoir le salaire dont il a besoin pour vivre. Et ça ne l’a jamais empêché d’avoir des loisirs et des dépenses coups de cœur ! »
Le couple n’a pas de secrets l’un pour l’autre en ce qui concerne leurs dépenses, même si ce n’est pas vraiment un sujet de discussion récurrent :
« On ne se cache rien mais on ne se raconte pas à chaque fois qu’on achète un truc, le montant, etc. Chacun fait un peu sa vie et on va plus se dire à l’occasion : “ah tiens, regarde, j’ai acheté ça !“ »
Leur dépense principale reste le logement.
Un logement en cours d’acquisition
Actuellement, la plus grosse dépense du couple est le loyer pour leur petite maison de ville. Il s’agit de 700 euros que le couple paie de façon équitable, 350 euros chacun.
En ce qui concerne la maison qu’ils convoitent à l’achat. Elle coûte 170 000 euros net vendeur, et les parents d’Alexina lui fourniraient un apport de 40 000 euros. Le prêt immobilier serait remboursé à 50-50, avec une estimation à 550 euros par mois pour chacun.
« On sera tous les deux propriétaires, avec un pourcentage de propriété différent en raison de notre différence d’apport pour le prêt, notifié chez le notaire.
D’après nos calculs, on serait environ à 60-40 en ma faveur. »
Voilà pour les dépenses de loyer et les projets immobiliers, qu’en est-il des dépenses courantes du couples ?
Des dépenses courantes souvent partagées
En dehors des frais de logement, qui constituent la plus grosse sortie d’argent, nous avons diverses dépenses courantes réglées par le couple.
Ils estiment le montant total des factures courantes (gaz, électricité, eau, chauffage, charges appartement) à 50 euros par mois, qu’ils règlent chacun de moitié.
Pour les abonnements, ils déboursent 40 euros. Cela correspond à Internet et au streaming, payé à 50-50.
En ce qui concerne les assurances (habitation et auto), ils paient 50 euros, la moitié chacun.
Pour l’essence, Alexina paie 80 euros, entièrement à sa charge car elle seule utilise la voiture pour l’instant.
Le couple a deux chats pour lesquels ils partagent les frais. Ils estiment dépenser 30 euros par mois au total, à la fois pour la nourriture et les frais occasionnels de vétérinaire.
Pour l’alimentation, ils font des courses pour 300 euros par mois, pour lesquels ils partagent les frais. Mais ils aimeraient bien faire évoluer leur façon de manger et dépenser de façon plus raisonnée.
Une volonté de changer leur façon de se nourrir
Leur façon de fonctionner actuelle se fait au feeling, avec un passage au marché puis au supermarché.
« On fait au maximum au marché puis on complète au supermarché.
On n’achète aucun plat préparé, tout est cuisiné. Et on regarde jamais combien ça coûte quand on fait les courses.
On essaie juste d’équilibrer le caddie pour qu’il y ait plus de choses pour faire des vrais repas que pour grignoter. »
Mais le couple aimerait acheter des produits plus qualitatifs avec les 300 euros de budget mensuel pour la nourriture.
« Sans réduire, j’aimerais mieux allouer l’argent qu’on dépense pour la nourriture.
On achète pas mal de bêtises, j’aimerais acheter des produits de meilleure qualité, sans se priver pour autant des petits plaisirs. »
Les loisirs et dépenses plaisir
Le couple dit dépenser peu pour les loisirs. Les seules dépenses pour le plaisir sont liées aux jeux vidéo, qui est le loisir du compagnon d’Alexina mais qu’elle est heureuse de découvrir.
« On a donc acheté la semaine dernière la Switch et deux jeux, donc plus de 300 euros.
Mais des consoles, il n’en sort pas tous les mois ; et on accumule pas les jeux. On achète et on vent, au fur et à mesure qu’on les finit, sauf coup de cœur. »
Pour le restaurant, ils s’y rendent de temps à autre, mais prennent plutôt à emporter, et comptent cette dépense dans le budget des 300 euros consacrés à l’alimentation.
« On va régulièrement au resto mais on prend majoritairement à emporter donc je le range plus dans la dépense alimentaire que la dépense loisirs. »
En ce qui concerne les vacances, ils ne sont pas partis dernièrement, notamment à cause de la pandémie, qui rend les grands voyages compliqués.
« Ça fait bien longtemps qu’on n’est pas partis en vacances : déjà parce que nos emplois respectifs rendent difficile la pose de congés et ensuite parce que Covid oblige !
On avait pour projet de partir trois semaines au Japon en 2020. On essaie donc de garder de côté l’argent économisé pour ce voyage, pour quand on pourra partir sereinement. »
De plus, ils habitent dans un lieu qui permet de faire des activités agréables.
« Ensuite, on a aussi l’avantage de vivre dans un lieu de vacances : la campagne du sud-ouest permet quand même pas mal de loisirs proches et gratuits ou peu chers.
Les randonnées splendides sont gratuites et très dépaysantes ! »
Pour les vêtements, ce n’est pas une dépense importante.
« On achète très peu de vêtements : uniquement quand on a besoin.
La mode nous passe complètement au-dessus à l’un comme à l’autre. On a de quoi s’habiller toute l’année, à presque 30 ans, on ne grandit plus. Donc pas besoin de nouveaux vêtements, on en rachète quand ils sont morts.
Quand je dois racheter des vêtements, je regarde sur Vinted. Pas pour les économies, plus par conscience environnementale, mais forcément ça revient aussi moins cher.
Mais mon compagnon doit voir le vêtement et l’essayer. »
Pour les chaussures, c’est pareil, ils en achètent en cas de besoin.
« J’ai acheté des nouvelles chaussures à Noël parce que mes baskets étaient vraiment mortes, elles avaient plus de 10 ans ! »
Pour la décoration, ils font eux-mêmes.
« Et on achète aucune décoration, on les fabrique. On a un très joli canapé en palette d’ailleurs. »
Pas mal d’achats en occasion et de la fabrication maison !
Épargne et projets
Le couple parvient à faire des économies tous les mois. Mais chacun a sa propre façon d’épargner.
« J’épargne environ 500 euros par mois. Et mon compagnon environ 200 euros par mois. Je transfère mon argent sur un livret A et mon compagnon le laisse sur son compte courant. »
Ils gardent un peu d’argent de côté pour deux raisons.
« La première : au cas où ! Au cas où je doive changer un truc sur la voiture, au cas où les chats doivent subir une opération, n’importe quoi qui coûterait cher.
La deuxième, c’est pour des projets. Certains projets qu’on a déjà — le Japon, quelques petits travaux qu’on veut faire dans la nouvelle maison — et d’autres qu’on pourrait avoir plus tard.
On trouve ça plus sécurisant d’avoir un peu de côté pour des soucis ou des envies. »
De la sécurité et de l’anticipation pour Alexina et son compagnon !
Merci à elle d’avoir répondu à nos questions.
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Pour participer à la rubrique, écrivez-nous à l’adresse : jaifaitca[at]madmoizelle.com en indiquant en objet « Règlement de comptes » et en vous présentant en quelques lignes.
Image en une : © Nataliya Vaitkevich
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Ils paient un homme de ménage, ils organisent des apéros toutes les semaines avec des aliments et de l'alcool assez chers, ils s'achètent des vêtements de marque tous les mois, etc. Mais ça me sidère quand même. Au point que l'une des personnes dans le couple a interdit à l'autre de passer à 80 % dans son travail (c'était le souhait de l'autre) car sinon "On n'y arrivera pas".